Ce que le satellite Angosat-2 peut apporter à la connectivité en Namibie
mardi 14 octobre 2025
Angosat-2 a été mis en orbite en 2022 et est entré en service début 2023. Il suscite depuis l’intérêt de la Namibie, qui a à plusieurs reprises exprimé sa volonté d’en tirer parti pour réduire la fracture numérique.
Le gouvernement namibien a annoncé, le lundi 13 octobre, explorer avec celui de l’Angola les possibilités d’utiliser le satellite Angosat-2 afin d’améliorer la connectivité dans le pays, notamment dans les zones reculées où les infrastructures terrestres restent limitées. L’initiative est menée conjointement par l’opérateur historique Telecom Namibia et le Bureau angolais de gestion spatiale (GGPEN).
En juin 2025, des discussions entre les deux parties rapportées par Space in Africa ont notamment porté sur le lancement d’une preuve de concept (PoC) afin d’évaluer les performances du satellite pour répondre aux besoins de connectivité de la Namibie, notamment les services Internet haut débit pour les zones reculées, les solutions de liaison pour renforcer l’infrastructure réseau de Telecom Namibia et les alternatives rentables aux dépendances actuelles vis-à-vis des systèmes terrestres. Elles avaient également mis en avant l’utilisation de la technologie satellitaire pour optimiser le déploiement des réseaux.
Mis en service début 2023, Angosat-2 est un satellite de télécommunications de haute capacité (HTS) positionné en orbite géostationnaire. Il offre des services de bande C, Ku et Ka, couvrant l’ensemble du continent africain et une partie de l’Europe. Il peut fournir des connexions Internet à haut débit, des services de télévision et de téléphonie, y compris dans les zones dépourvues de réseau terrestre. En août 2023, l’Angola avait annoncé des travaux techniques pour permettre aux pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) de bénéficier des services du satellite.
La GSMA estime que la connectivité satellitaire jouera un rôle important dans la réalisation de la connectivité universelle en Afrique subsaharienne. « La région abrite certaines des géographies les plus difficiles pour les réseaux terrestres, comprenant des forêts tropicales, des déserts et des chaînes de montagnes. Même dans les zones rurales et peu peuplées, le coût et la complexité du déploiement des réseaux mobiles ou fixes conventionnels constituent des arguments en faveur des solutions de connectivité alternatives », a déclaré l’organisation dans son rapport « L’économie du mobile en Afrique subsaharienne 2024 ».
Cette initiative intervient alors même que la Namibie ambitionne d’assurer une couverture télécoms à 100 % d’ici 2030. En mars 2025, le pays avait lancé son Fonds de service universel (USF). Doté d’une enveloppe initiale de 145 millions de dollars namibiens (environ 8,3 millions de dollars américains), ce mécanisme vise à financer l’extension des services télécoms dans de nombreuses zones rurales et mal desservies.
D’après les données officielles, environ 360 000 Namibiens, soit environ 12 % de la population, n’étaient toujours pas couverts par le réseau 4G en février 2024. La couverture 3G atteignait 89 %, selon l’Union internationale des télécommunications, tandis que la 2G couvrait déjà l’ensemble du territoire. Cette fracture numérique touche également les services essentiels : 339 écoles et 50 centres de santé sont encore privés d’une connectivité adéquate.
Il convient toutefois de rappeler que les discussions entre les deux parties sont toujours en cours et n’ont pas encore abouti à un accord ou des projets concrets. Pour le moment, l’UIT estime à 62,2 % le taux de pénétration d’Internet en Namibie. En Angola, le nombre d’abonnés Internet est passé de 11,78 millions d’habitants en janvier 2023 à 17,2 millions en janvier 2025, selon des données de DataReportal. Les autorités ont révélé en octobre 2024 que l’exploitation d’Angosat-2 avait déjà permis de connecter 300 000 personnes supplémentaires.
Isaac K. Kassouwi
(Source : Agence Ecofin, 14 octobre 2025)