La faiblesse des connections Internet plombe la croissance africaine
mercredi 31 octobre 2007
L’Afrique souffre d’« insuffisances flagrantes » en matière de connections internet qui plombent la croissance du continent en pénalisant les entreprises, ont relevé lundi à Kigali les participants d’une conférence internationale sur les télécommunications.
Pour combler ce retard avec l’objectif ambitieux de garantir à tous l’accès à internet d’ici 2012, la conférence « Connecter l’Afrique » - organisée notamment par l’Union internationale des télécommunications (UIT) - a plaidé devant plusieurs chefs d’Etat pour des investissements massifs dans les infrastructures, en soulignant le succès spectaculaire de la téléphonie mobile en Afrique.
Au moins 300 millions de dollars (214 millions d’euros) seront investis dans des projets visant la promotion des technologies de l’information (TIC) dans l’ensemble du continent africain d’ici l’an 2012, a expliqué à l’AFP le secrétaire général de l’UIT, Hamadoun Toure, soulignant qu’une telle initiative a besoin de l’implication active du secteur privé.
La conférence a d’ailleurs été l’occasion de la signature d’un accord entre l’UIT et la firme Microsoft sur un logiciel dédié au suivi des progrès sur la généralisation des technologies de l’information.
Pour atteindre les cinq milliards de terriens qui n’ont pas pour l’instant accès à ces technologies, il faudra « de nouvelles approches du développement et de nouveaux partenariats entre organisations internationales, gouvernements et secteur privé », a plaidé Michael Rawding, représentant Microsoft à la conférence.
En Afrique, les investissements dans les infrastructures des technologies de l’information ont déjà « spectaculairement augmenté » depuis 2000, se félicite l’UIT.
Mais « les services internet haut débit nécessaires (...) aux entreprises, pouvoirs publics et au grand public continuent à être, soit très chers, soit inexistants », relève l’organisation.
Cela se traduit dans les chiffres : moins de 4% des Africains ont accès à l’internet et la pénétration du haut débit est inférieure à 1%.
En outre, « 70% du trafic internet en Afrique est réacheminé à l’extérieur du continent, d’où un surcoût pour les entreprises », relève l’UIT. Cet état de fait handicape la compétivité des entreprises africaines, de la même manière que la faiblesse des infrastructures routières entraîne des surcoûts dans le transport des marchandises produites sur le continent.
Selon la Banque mondiale, l’Afrique détient le record mondial du coût d’une liaison internet avec des tarifs mensuels pouvant atteindre de 250 à 300 dollars (180 à 214 euros).
Face à ce constat, le succès continu de la téléphonie mobile sur le continent peut montrer la voie. En effet, « le marché africain du mobile est celui qui connaît la plus forte expansion au monde », rappelle l’organisation.
Certains pays enregistrent des taux de croissance du secteur de 40 à 50% ces trois dernières années.
En 2000, il y avait 16 millions d’abonnés aux opérateurs mobiles sur le continent. En 2005, ils étaient 135 millions, selon les statistiques de l’UIT : désormais, « on compte presque cinq mobiles pour une ligne fixe en Afrique ».
Outre le président rwandais Paul Kagame, six chefs d’Etat africains Amadou Toumani Touré (Mali), Bingu Wa Mutharika (Malawi), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Abdoulaye Wade (Sénégal), Ismael Omar Guelleh (Djibouti) et Pierre Nkurunziza (Burundi) participent à la conférence qui s’achève mardi.
AFP
(Source : Télécom & NTIC Afrique Régulation, 31 octobre 2007)