Une campagne présidentielle est une bataille complexe et féroce qui se joue sur plusieurs fronts. Les meetings, discours officiels et conférences de presse constituent le front principal pour la course au Palais présidentiel. Mais avec le développement des Nouvelles technologies de l’information et de la communication, la bataille fait également rage sur la Toile.
Internet a la cote auprès des candidats à l’élection présidentielle 2007 ! Il suffit de surfer quelques instants sur la toile, de taper le nom des candidats sur un moteur de recherche pour s’apercevoir que la plupart d’entre eux se sont fait développer un site Internet ou animent leur propre blog, ce fameux carnet de bord ou journal intime qui a créé une petite révolution sur le réseau Internet ces dernières années. Pour preuve, sur les quinze candidats en lice dans la course au Palais, onze ont créé leur site Internet officiel en vue de la campagne présidentielle !
Les sites officiels des candidats rassemblent tous des Èléments qui les placent comme un nouvel outil de communication pouvant s’avèrer terriblement efficace. Présentation et biographie du candidat, profession de foi, programme politique, agenda et suivi de la campagne, possibilité de s’inscrire comme membre du parti ... Tout y est pour mieux faire connaître le candidat, l’homme politique et l’Ítre humain, mais aussi pour le présenter comme l’homme providentiel indispensable à la sortie de crise du pays !
Idy, Tanor et Robert Sagna sortent du lot
Un constat s’impose malgré tout. Les hommes politiques sénégalais ont apprivoisé Internet et ses possibilités de communication, mais restent encore bien loin dérrière leurs homologues européens ou nord-américains dans la maîtrise de ce nouveau média. En effet, outre les quatre mauvais élèves -Cheikh Bamba Dièye (Fsd/Bj), Doudou Ndoye (Upr) et Louis Jacques Senghor (Mlps)- invisibles sur le Net, les sites des autres candidats laissent, il faut le dire, souvent à désirer. Visuels, peu attrayants et pas très fonctionnels, manque d’actualisation, accès souvent difficiles, pages et liens parfois introuvables. Ajoutez à cela un déficit de communication sur les adresses des sites et vous comprendrez les problèmes rencontrÈs lors des tentatives de connexion aux sites officiels de certains candidats.
En effet, trois critères essentiels contribuent à la qualité et l’efficacité communicative d’un site : l’actualisation des informations données, le visuel et la fonctionnalité qui doivent donner envie et permettre aux internautes de surfer facilement et enfin l’interactivité qui offre un dialogue essentiel entre le candidat et les électeurs. Et dans cette campagne présidentielle virtuelle, force est de constater que les trois candidats qui tirent leur épingle du jeu sont Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng et Robert Sagna qui proposent des sites de bonne facture remplissant les trois critères essentiels. Le président sortant et candidat à sa propre succession, Abdoulaye Wade, possède certes le site Internet dont la maquette est la plus aboutie, mais celle-ci est peu actualisée et non-interactive. Tout le contraire de Ousmane Tanor Dieng qui propose un site clair et fonctionnel alimentÈ quasi-quotidiennement d’articles de presse, de photos et vidéos de meetings et déplacements du candidat. La page Internet du candidat Idrissa Seck, très claire également, propose des actualisations récentes et des outils multimédias intéressants. Il est également complétée par un forum vif et réactif. Enfin, bien que le site de Robert Sagna soit incontestablement le moins abouti des trois, il est agrémenté d’un blog riche en informations et actualisé quotidiennement. Créé en février 2006, celui-ci lui a permis de dialoguer directement au cours des dernières semaines avec les internautes par un jeu de questions-réponses aussi original qu’efficace.
Cependant, au-delà du nouveau moyen d’expression que les sites Internet offrent aux candidats, le forum permet aux internautes de faire des commentaires et donne la possibilité aux candidats de dialoguer directement avec les futurs électeurs.
Cela fera-t-il toute la diffèrence ? Difficile à dire tant cette bataille virtuelle ne représente qu’un élément parmi d’autres au sein d’une campagne présidentielle longue et complexe. Internet étant malgré tout devenu en quelques années un outil communicationnel indispensable, nul doute qu’il pèsera un tant soit peu dans le vote des électeurs.
Par Olivier Monnier
(Source : Le Quotidien, 21 févrer 2007)