L’espoir au bout du clic : Les 48 heures de la musique sénégalaise sur Internet
jeudi 28 août 2008
48 heures, c’est tout juste le temps qu’il faudra à 200 informaticiens pour réaliser 200 sites, pour 200 musiciens. Avec 250 ordinateurs et outils numériques, possible de relever le défi, intéressantes les perspectives... Sur la toile, dans le grand livre du net, peu nombreuses sont les questions qui, à l’heure actuelle, demeurent encore sans réponses. Car il n’y a qu’à demander pour obtenir, chercher pour trouver.
Pour cela, il suffit souvent de peu : c’est rapide comme une fraction de seconde, facile comme un clic. Et lorsqu’au Sénégal le petit plus technologique conquiert un univers culturel, dans une union peu probable a priori, cela donne La Musique sénégalaise sur Internet.
Un concept que la presse a été conviée à découvrir avant l’heure, dans l’après-midi du 26 août au restaurant Le Bideew de l’Institut français de Dakar. Dans ce qu’on pourrait appeler une visite guidée, les journalistes s’entretenaient avec le président directeur général de Kheweul.com, Mouhamet Diop et le secrétaire général de l’association des métiers de la musique (Ams), Guissé Pène.
La Musique sénégalaise sur Internet, c’est aussi un événement. Et c’est en unissant leurs forces que la structure Kheweul.com et l’Association de régulation des télécommunications et des postes (Artp) ont su lui donner un souffle de vie. C’est sur deux jours qu’il se tiendra, les 28 et 29 août. 48 heures qui seront ainsi mises à profit pour créer un total de 200 sites Internet pour 200 musiciens sénégalais « encadrés par leurs producteurs ».
Dans la forme qu’il prendra, ce sera surtout une compétition pour les 200 informaticiens -web développeurs et web designers- engagés ensemble à relever le défi. L’enjeu, c’est de développer simultanément la musique et les Technologies de l’information et de la communication (Tic).
Trois lieux se prêteront au jeu, faisant office de laboratoires : il faudra faire la navette entre l’Ecole supérieure multinationale des télécommunications (Esmt), l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf) et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Trois plateaux où seront disponibles « le dispositif technique et la plate-forme technologique » qu’il faut pour cela, avec 250 ordinateurs et outils numériques.
Echange multidimensionnel
La journée du 28 concernera, de façon essentielle, le lancement des ateliers techniques pour le développement des sites web. C’est la phase de production proprement dite qui sera animée par des musiciens sur scène. Le 29 sera aussi technique en partie, avec la suite des ateliers. C’est au cours de cette même journée que le jury sélectionnera les meilleurs sites réalisés, il n’en faudra que 10. C’est dans la soirée du 30 que les lauréats recevront leurs prix, lors d’un dîner de gala à l’Hôtel Méridien de Dakar. Un moment de communion entre les autorités et les différentes prenantes : informaticiens, musiciens et partenaires au développement.
L’échange sera aussi intergénérationnel : les grands noms de la musique comme la diva Yandé Codou Sène ou Samba Diabaré Samb rencontreront les jeunes talents, les révélations musicales.
Et pour l’ensemble de ces artistes sénégalais, c’est un monde nouveau qui s’ouvre, international cette fois, et « avec une stratégie d’accompagnement à l’appui ». L’accès à Internet, c’est justement la petite fenêtre qui laisse entrevoir ce qu’ils ont à montrer : l’étendue de leur talent et le contenu de leurs différentes activités. Parce que le net, c’est aussi « l’espace que se partagent 1/6 de la population ».
Sans contradiction aucune, le projet est aussi bien culturel que commercial. Dans sa dimension culturelle, il se nomme My music on line.net, une allusion au « réseau culturel que se partagent artistes et musiciens ». Et lorsqu’il est commercial, cela donne tout simplement My music online.com, parce que les industries culturelles, dont la musique, regorgent d’un « énorme potentiel économique ». Preuves à l’appui selon Mouhamet Diop, les nombreuses fois où le Sénégal a été primé, via un artiste ou une production musicale.
Pour les musiciens, La musique sénégalaise sur Internet, c’est un concept porteur d’espoir. Conviction de Guissé Pène qui considère qu’entre les infrastructures et les studios d’enregistrement, l’industrie culturelle est pleine d’opportunités. Ces 48 heures musicales seront une aire d’ouverture sur d’autres secteurs de la culture, un souffle nouveau, un brin de dynamisme.
Théodora Sy
(Source : Sud Quotidien, 28 août 2008)