L’Etat menace de lui retirer sa licence dès aujourd’hui : Sentel Gsm en passe de perdre définitivement le réseau
vendredi 31 octobre 2008
Sauf retournement spectaculaire, c’en est fini pour Sentel Gsm, S.A, et pour cause. L’Etat a notifié, hier de téléphonie mobile sa décision de lui retirer, dès aujourd’hui, la licence que le régime socialiste lui avait cédé en 1998 à 50 millions de F Cfa, si Millicom international Cellular S.A ne négocie pas les termes de ladite licence. Sentel Gsm souhaite une solution concertée du contentieux, mais entend recourir à toutes les voies légales, si l’Etat met sa menace à exécution. Toutefois, des sources proches du dossier soutiennent que si les pouvoirs publics on t décidé de passer à la vitesse supérieure, c’est parce qu’ils sont convaincus que Tigo, poursuivi par Sonatel dans une sombre affaire de fraude sur le réseau international, avec comme complice Belgacom de Belgique et JVM Canada, est presque dos au mur.
Il n’y a plus de doute, l’opérateur de téléphonie mobile, Sentel Gsm, S.A, est, à compter, de ce vendredi 31 octobre 2008, « en sursis ». En effet, l’Etat lui a notifié, hier, sa décision de lui retirer la licence qu’elle lui avait octroyé en 1998. Et pour convaincre les plus sceptiques quant à leur volonté irréversible, les autorités rendront effective la mesure dès aujourd’hui. Une fois cela fait, l’Etat va céder ladite licence au plus offrant sur le marché. Mais si les deux parties en sont arrivés à ce stade, c’est parce que l’Etat du Sénégal avait exigé de Millicom international Cellular S.A une renégociation des termes de la très controversée licence. Dépassée par la tournure des évènements, la société de téléphonie mobile a indiqué à l’Etat sa disponibilité à négocier seulement certains aspects de la licence, notamment l’extension et la durée de celle-ci, ainsi que la provision de 3G du réseau. Toutefois, cette situation conflictuelle entre les deux parties était perceptible depuis plusieurs années, car, l’Etat, continue de reprocher au régime socialiste qui avait cédé la licence à Sentel Gsm, S.A, à 50 millions de F Cfa, d’avoir bradé celle-ci. De même les autorités n’ont jamais cessé de brandir la menace du retrait de la licence à l’opérateur de téléphonie mobile, si celui-ci n’acceptait pas de renégocier les termes de son acquisition.
Sentel joue à se faire peur, une plainte en l’air
Même s’il dit sa préférence à une solution à l’amiable, pour trouver une sortit de crise, il n’en demeure pas moins que l’opérateur de téléphonie mobile menace de recourir à toutes les voies à lui offertes par la loi, pour défendre ses droits. Mieux, selon une source digne de foi, Sentel Gsm, S.A est déjà prêt à porter plainte contre l’Etat du Sénégal, si le différend, qui les oppose, n’aboutit pas à une solution concertée. Certes le montant de l’enveloppe pour la rétrocession de la licence est encore entouré d’un grand mystère, mais certaines sources avancent d’ores et déjà le chiffre de 100 milliards de F Cfa. D’ailleurs, dit-on, c’est la même somme que l’Etat aurait exigé de Millicom international Cellular S.A, qui trouve la note très salée. D’autant que Tigo-Sénégal n’a que 1,8 millions d’abonnés soit moins de 5% des clients de Millicom’s World Wide , ainsi que moins d e3% du chiffre d’affaires réalisé au mois de septembre 2008.
Pourquoi l’Etat est passé à la vitesse supérieure
Sentel Gsm, S.A a beau brandir l’arme de la plainte pour se tirer d’affaire, mais, selon une source très au fait du dossier, ses dirigeants n’ont pas intérêt à se raidir. Car, confie notre interlocuteur, si l’Etat a décidé de passer à la vitesse supérieure dans ce contentieux, c’est parce qu’il est convaincu que l’opérateur de téléphonie mobile est au dos au mur. Surtout que l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) vient d’ouvrir une enquête suite à des accusations de fraude sur les communications internationales dont il fait l’objet de la part d’Orange. Pour le moment les enquêteurs de l’Artp qui en sont encore au stade des investigations on t néanmoins eu confirmation de l’entente existant entre Tigo et ses complices, en l’occurrence Belgacom de la Belgique et JVM du Canada.
Lorsque L’As avait révélé en août dernier les accusations de fraude sur les communications internationales formulées par la Sonatel contre Tigo, le responsables des relations publiques de Sentel Gsm, Lucien Ndong, avait nié et en bloc et accusé des personnes malintentionnées d’être derrière cette « intoxication ». Joint, hier, au téléphone, Lucien Ndong a déclaré : « C’est vous qui me l’apprenez cette information (NDLR : la menace de retrait de la licence de Sentel Gsm, S.A par l’Etat). Aujourd’hui (NDLR : hier) je ne suis pas allé au bureau et je ne me suis pas connecté à Internet, mais demain je pourrais le faire, pour avoir une idée exacte de ce que vous venez de me dire ». Toutefois les faits étant tenaces, l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) vient d’ouvrir une enquête officielle après avoir été saisie par la Sonatel qui a subi d’énormes préjudices (des milliards) dans cette affaire. Suffisamment pour que nos sources croient dur comme fer que les responsables de Sentel Gsm, S.A ont intérêt à ne pas se raidir, surtout que l’enquête de l’Artp pourrait être fatale pour eux.
Daouda Thiam
(Source : L’As, 31 octobre 2008)