Grâce au téléphone mobile, les Africains, qui n’avaient pas accès aux ser vices bancaires, sont désormais capables de pouvoir envoyer ou recevoir de l’argent via un simple SMS. Le paiement par mobile, quel que soit le nom qu’on lui donne (Mobile Banking, MBanking, M-payement, SMS Banking) permet de régler ses achats, ses factures ou opérer un virement grâce à son portable. En Afrique, ce système rencontre un vif succès. Il s’appuie sur la forte croissance de l’usage du téléphone mobile et sur le faible taux de bancarisation du continent.
Pénétration fulgurante de la téléphonie mobile et faible taux de bancarisation
Selon l’ONU, en 2009, 350 millions d’Africains possédaient un téléphone portable. Parallèlement, le nombre d’africains possédant un compte bancaire sur le continent reste très faible. La Banque mondiale estime que moins de 20 % des ménages ont accès aux services bancaires et ce taux descend jusqu’en des sous de 5% dans certains pays. Les opérateurs de téléphonie mobile in ves tissent donc le terrain du paiement par mobile et viennent concurrencer les banques. Ils développent des solutions “orientées mobile” où l’opérateur contrôle toute la chaîne de valeur : de la création et gestion du compte au paiement.
Mais les opérateurs de téléphonie mobile coopèrent aussi avec les établissement bancaires en créant des partenariats. Ces offres “orientées banque” (c’est-à-dire où la banque se charge de la création et de la gestion du compte et l’opérateur télécom du transport des données et de la distribution de l’offre) proposent aux souscripteurs la consultation des comptes, le transfert local d’argent d’un compte bancaire à un autre, le paiement de factures via le téléphone mobile.
Les compagnies de téléphonie mobile s’engouffrent dans le M-Payement
Depuis son lancement en Afrique du Sud en 2000, les offres de M-Payement en direction des clients africains se multiplient sur le continent. MTN est une compagnie sud-africaine et une des leaders de la téléphonie mobile en Afrique. Elle a lancé en Côte d’Ivoire un service bancaire dé nommé “MTN Mobile Money” qui devrait à terme être étendu à vingt autres pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale.
Autre initiative : depuis 2004, Wizzit est une banque uniquement accessible via un téléphone mobile. Wizzit a déjà recruté plus 50 000 clients sud-africains. Les salaires peuvent être payés par virement électronique sur un compte Wizzit. Les clients reçoivent une carte de débit Maestro accepté par les distributeurs automatiques et les commerçants. Il n’y a pas d’exigence de solde minimum ou de frais bancaires annuels et les utilisateurs payent l’équivalent de 0,15 à 0,78 dollars par transaction.
Le groupe Orange, très présent en Afrique, a développé également sa solution de paiement par mobile : “Orange Money” offre des services similaires à ceux de ses concurrents. Vodafone et Safaricom, deux autres pionniers en la matière, ont mis en place, avec la collaboration d’institutions financières, une plate-forme de m-payment qu’ils ont baptisée M-pesa. Celle-ci permet, en plus des services de transfert d’argent et de paiements classiques, d’assurer la distribution et le remboursement de prêts accordés par une institution de micro finance.
Mise en place d’une plate-forme pour les pays de l’UEMOA
Cette forte expansion de la banque mobile en Afrique a obligé le Groupement interbancaire monétique de l’UEMOA (GIM-Uemoa) à mettre en place une plate-forme regroupant plusieurs opérateurs de la sous-région ouest-africaine et quelque 80 banques pour améliorer les services proposés aux clients et sur tout pour mieux organiser et sécuriser le secteur. Ce projet se concrétisera par l’installation de bornes faisant office de distributeurs automatiques.
En matière de télécommunication, l’Afrique propose donc des services innovants qui pourraient être lancés demain en Europe. Selon une étude de l’Association européenne de management et marketing financiers : pour 88% des banquiers interrogés et 66% des clients, la gestion de compte se fera via le Mobile Banking dans les années futures en Europe.
(Source : Afrique Avenir, 29 octobre 2010)