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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2014 > Octobre > Introduction d’outils numériques à l’école : enjeux et défis au Sénégal

Introduction d’outils numériques à l’école : enjeux et défis au Sénégal

mercredi 8 octobre 2014

Point de vue

Les Assises de l’éducation et de la formation ont, sans aucun doute, eu le mérite de soulever des questions pour une « refondation de notre école » mais beaucoup, laissées en suspens, restent pleines de perspectives. Une, qui semble essentielle, reste l’introduction du multimédia à l’école. Défini dans le Grand Robert comme « l’ensemble des techniques de communication intégrant des données multiples (son, texte, images fixes ou animées) sur un support électronique », le multimédia à l’école soulève des questions aux enjeux multiples : économiques, pédagogiques,...

Qu’on le veuille ou non, malgré le gap numérique qui nous sépare des pays du Nord, nous sommes concernés par cette révolution, par la globalisation numérique qui ne signifie rien d’autre, pour être simpliste, que l’accès libre à des données, de sons, d’images dans une société de l’information : via internet, on a accès à l’information qui circule, désormais, librement.

Et à l’école, les Tic constituent un outil pour tous : pour la classe, c’est un moyen souple et efficace d’entrer en relation avec d’autres classes ; d’engager des activités de production qui pourront être facilement diffusées et donner lieu à des échanges et à des collaborations ; surtout d’accéder à des ressources qui ne sont pas disponibles localement. Il reste, pour enseignants et élèves, un moyen d’acquérir de nouvelles compétences de travail en commun et de collaboration à distance, nécessaires aujourd’hui dans une société en réseau et de développer, aussi, le sens critique face au flux d’information, pour cultiver une citoyenneté critique à la fois vigilante et adaptée. Pour les rares enseignants qui pratiquent la correspondance scolaire, le courriel permet d’échanger facilement avec des collègues, de correspondre avec des tuteurs, des encadreurs de l’université, de la Fastef , des Inspections d’éducation et de Formation (Ief), si ces derniers daignent répondre aux sollicitations de leurs anciens étudiants.

Ces avantages à l’école expliquent, sans doute, la volonté des autorités au Sénégal de promouvoir son introduction dans les classes. Surtout qu’il y a eu la lettre de politique sectorielle, qui a défini les Tic comme « levier pour la gestion administrative et l’amélioration des pratiques pédagogiques », rappelait M. Mbagnick Socé, inspecteur de l’éducation, coordonnateur pédagogique à la cellule de la solidarité numérique.
Pour la gestion administrative, il faut reconnaître que les nombreux logiciels utilisés ont facilité le travail des administrations, surtout dans le calcul des moyennes et la confection des bulletins ; Mirador utilisé aujourd’hui, dans la gestion des ressources humaines au ministère de l’éducation nationale, est assez prometteur.

La question, faut-il introduire le multimédia à l’école, n’en est pas une ! Toutefois, on peut s’inquiéter de la marchandisation de l’école ; se demander s’il faut ouvrir l’école aux entreprises car ces dernières peuvent s’intéresser à l’école comme à un marché potentiel, en cherchant à vendre des produits scolaires : livres, produits multimédias, ordinateurs, mobiliers. En effet, l’entreprise considère les élèves comme des clients à moyen et long terme.

Au cœur des rapports entre l’école et l’entreprise, la zone de turbulences la plus forte au 21ème siècle risque de s’installer quand les multinationales de la communication vont être opérationnelles pour « attaquer » le marché de la formation. Surtout qu’aujourd’hui, le culte et la promotion des compétences, fortement orientés sur le marché du travail, trouvent un fondement dans le nouvel ordre économique mondial. Pour faire face aux nouveaux défis liés aux mutations et aux manifestations de la mondialisation, il fallait promouvoir une économie fondée sur les connaissances, le savoir qui est promu au rang de force matrice du développement.

Dans une de ses analyses, M. Alphonse Dione Inspecteur de vie scolaire, spécialiste en analyse et évaluation à la Cuse/Unesco (Fastef), attire l’attention sur des risques majeurs : la stratégie de pénétration des grands groupes d’édition du multimédia, malgré des avantages, soulève deux problèmes majeurs. Même si elle crée les conditions pour que le maximum d’élèves acquièrent les compétences nécessaires à la maîtrise des outils de communication modernes ; une ambition qui semble parfaitement généreuse.

D’autre part, elle initie l’élève, dans l’école, à utiliser des produits qui nécessitent des « compléments », hors de l’école, notamment via Internet ; compléments, évidemment, payants dont les contenus et les modes d’utilisation seront entièrement maîtrisés par le groupe multimédia. Il s’agit là d’un saut qualitatif radical qui soulève, de façon nouvelle, de grandes questions traditionnelles comme celle de l’égalité des chances dans l’accès au savoir et/ou celle de laïcité du service public d’éducation. « Face à l’engouement, réel ou espéré, pour les Tic, ces enjeux doivent être présents sans cesse à l’esprit des responsables, des syndicats et des citoyens », conclut M. Dione.

Enjeux et défis pédagogiques du numérique à l’école

L’institution scolaire reste très prudente vis-à-vis des outils numériques : les enseignants que nous sommes restent même frileux à l’usage des Tic : on n’intègre pas suffisamment cette nouvelle donne dans nos pratiques de classe : la plupart de mes collègues sont des « analphabètes contemporains » pour n’avoir jamais mis un petit doigt sur le clavier d’un ordinateur. Souvent, je me demande de quoi on a peur ; a-t-on peur de perdre notre autorité dans la classe, celle conférée, jadis, par la maîtrise exclusive du savoir par l’enseignant très à l’aise dans le cours magistral, expression d’un monde ancien, inadapté aux défis du moment ; de voir les élèves se passer des enseignants ?

Dans nos établissements publics, on interdit formellement aux élèves d’utiliser leurs portables qui ne servent plus seulement à appeler ou à envoyer des sms, mais à se connecter, à vérifier l’orthographe d’un mot, d’accéder rapido-presto à la biographie d’un auteur, à contrôler même l’info délivrée par le prof ; les tablettes et autres outils sont confisqués pour n’être restitués aux élèves qu’en fin d’année. Je trouve injuste que des outils de travail, essentiels pour permettre aux élèves de garder le contact avec leurs proches, d’échanger, soient confisqués par des professeurs qui abusent de leur pouvoir face à des jeunes de la génération internet, un nouveau public scolaire, surtout « les nouveaux lycéens », pour reprendre François Dubet, bien différents de ce qu’on était.

Les rares collègues, qui ont compris les vertus pédagogiques du cinéma, du visuel, passent pour les frimeurs de l’école. Un collègue, professeur de français dans un lycée de la banlieue, passionné de théâtre et littérature, qui a compris que les livres seront bientôt obsolètes et que, surtout les élèves ne les lisent pas, utilise régulièrement un téléviseur pour visionner des films pendant ses heures de cours. Mais malheureusement, il essuie souvent des critiques de ses collègues qui manquent d’initiatives et d’alternatives pédagogiques.

Il m’est arrivé, en tant que professeur dans un lycée, d’arriver en classe avec mon ordinateur portable pour partager avec mes élèves l’enregistrement vidéo d’un entretien que Albert Jacquard, philosophe et épistémologue de renommée, avait accordé à un journaliste scientifique sur l’Adn. Et les élèves s’enthousiasmaient à suivre et à discuter après. Mais, souvent, on me reprochait de gêner le collègue qui, à côté, déroulait un cours magistral, lequel exigeait un silence religieux.

Ou, moi-même, de constater l’inquiétude des élèves qui me reprochaient à la fin du cours de n’avoir rien noté. Mais, je leur disais toujours qu’il leur appartient de prendre en charge leur formation intellectuelle ; que le professeur est juste là pour les accompagner ; qu’ils n’ont pas à s’accrocher à moi ; que leur métier, celui de l’élève, « est d’apprendre », pas seulement en classe, mais aussi hors des murs de l’école.

Il a même fallu un jour, que je leur fasse noter, à la fin d’un cours, la critique de Socrate contre l’écriture lorsqu’il notait dans le Phèdre : « Elle (l’écriture) ne peut produire dans les âmes, en effet, que l’oubli de ce qu’elles savent en leur faisant négliger la mémoire. Parce qu’ils auront foi dans l’écriture, c’est par le dehors, par des empreintes étrangères, et non plus du dedans et du fond d’eux-mêmes, que les hommes chercheront à se ressouvenir. (…) tu donnes à tes disciples la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même… »
L’idée, qu’on peut apprendre par soi-même sans devoir s’attacher à un maître à penser, se donnait bien à lire chez Socrate, le précurseur des méthodes actives. Aujourd’hui, ils sont nombreux à « apprendre hors les murs » : l’autoformation, le fait de se former soi-même, laquelle recouvre la notion d’autodidaxie, dans ses différentes pratiques, s’affiche comme un élément majeur des apprentissages tout au long de la vie. Carl Rogers (1902-1987), qui a inspiré ce courant d’autoformation, pense qu’apprendre par soi-même vaut mieux qu’accumuler des connaissances. Emmanuel Kant, dans son traité de pédagogie (1803) considérait, lui aussi, que « ce que l’on apprend le plus solidement et ce que l’on retient le mieux, c’est ce que l’on apprend en quelque sorte, par soi-même ».

Il est vrai qu’autoformation ne signifie pas « soloformation », mais la motivation, le plaisir d’apprendre, celui d’enseigner restent déterminants dans tout acte d’apprentissage. Et c’est qui nous manque, c’est dommage de devoir, encore, le rappeler, mais dans nos pratiques de classes, dans l’institution scolaire, elle- même, on y retrouve toutes les formes de « dressage » génératrice de frustrations, de violences et d’agressivité. Ce qui avait poussé, il y a bien longtemps, d’ailleurs, Adolphe Ferrière, le chantre du mouvement de l’école nouvelle, à dire dans un célèbre couplet : « Et sur les indications du diable, on créa l’école. L’enfant aime la nature : on le parqua dans des salles closes. L’enfant aime voir son activité servir à quelque chose : on fit en sorte qu’elle n’eût aucun but. Il voudrait raisonner : on le fit mémoriser. Il voudrait chercher la science : on la lui servit toute faite. Il voudrait s’enthousiasmer : on inventa les punitions. »

Il s’y ajoute que les apprentissages informels jouent un rôle déterminant dans l’acquisition de connaissances, de compétences cognitives et sociales, de l’expérience et de la réactivité. Si nous acceptons ainsi que l’école n’a plus le monopole de l’acquisition de ces dernières, nous n’avons plus à avoir peur des alternatives surtout pédagogiques du numérique, ni à s’inquiéter de l’avenir de notre métier qui n’est pas menacé par les nouveaux supports d’apprentissage. Ce serait, d’ailleurs, ignorer les missions de l’école, chargée de faire apprendre à tous des connaissances non immédiatement utiles, pense André Tricot, enseignant chercheur à l’université de Toulouse-II, dans une de ses publications, Apprentissages et documents numériques (Belin, 2007).

Dans son texte, il pend le soin de préciser la différence entre apprendre et enseigner ; surtout, de rappeler, que si l’école n’existait pas, il est probable qu’une grande majorité des enfants n’apprendrait pas à compter, ni à orthographier, ni à lire…

Le contact humain direct reste essentiel, on ne saurait donc se passer des enseignants, ni de l’école. Chacun sait aujourd’hui que l’ordinateur ne peut remplacer un cours dispensé par un enseignant. Seulement, les enseignants doivent désormais, s’adapter au tournant technologique comme leurs élèves pour ne pas risquer la « ringardisation » de leur métier ; tenir compte des Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (ou pour l’éducation appelés Tice). Il est, d’ailleurs, indispensable, comme le pensent Maurice Tardif et Claude Lessard auteurs du livre Le travail enseignant au quotidien, de se maintenir à l’affût des nouveaux matériels, des derniers procédés, des astuces pédagogiques les plus récentes. Mais cela à un prix : les enseignants, les syndicats, l’Etat, surtout, sont interpellés !

Bira SALL
Quartier Ndoutt Tivaouane
Expert Junior, Consultant en Education et Formation
sallbira@yahoo.fr

(Source : Le Quotidien, 8 octobre 2014)

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