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Internet : 20 ans après, l’Afrique observe toujours la Toile de loin

samedi 21 mars 2009

Internet

L’Afrique a-t-elle profité de la révolution Internet, un médium qui fête en 2009 ses 20 années d’existence ? Le continent serait resté un simple observateur en ne l’intégrant pas comme un facteur de développement. Y résoudre le problème de la connectivité à Internet passe par une solution économique.

L’Internet, le World Wide Web (www), célèbre cette année ses vingt ans. Beaucoup ont vu en ce nouveau médium une « chance » pour l’Afrique. L’a-t-elle saisie au vol ? Oui, parce qu’il est impossible de résister à une telle vague de fond, mais pas assez, semble-t-il, pour en faire un levier de développement économique. Le bien-être qu’il a produit, en termes de liberté d’expression et d’accès à l’information, ne suffit pas à bénéficier de la multitude d’opportunités qu’offre Internet. Les enjeux liés à la connectivité et au coût de celle-ci restent des problématiques, encore insolubles, pour les Etats africains. Selon plusieurs experts, ils peinent a faire d’Internet un paramètre de leur stratégie globale de développement et par conséquent, à trouver des solutions pour en tirer profit.

En guise de cadeau d’anniversaire, l’Afrique récolte un verdict sans appel prononcé par Adiel Akplogan, le directeur exécutif d’Afrinic, le registre régional africain. « Pendant 20 ans, nous nous sommes émerveillés devant cet outil et on a oublié les fondamentaux, notamment sa fonction économique ». Les Africains sont restés « passifs » dans leur usage du Net. « Internet a changé notre perception du monde, la façon dont le monde nous voit mais pas la façon dont nous le voyons. Ce que les Asiatiques ont réussi à faire. » L’Afrique comptait plus de 52 millions d’internautes en 2007, soit un taux de pénétration de 5,46% selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), contre 573 millions pour l’Asie. Sur ce continent, avec un taux de pénétration de 15%, l’usage d’Internet est trois fois plus répandu que dans les pays africains.

Internet dans le monde en 2007

Continent

Nombre d’utilisateurs d’Internet (milliers)

Taux de pénétration

Afrique

52 248,8

5,46

Amérique

394 785

43,42

Europe

357 288,6

44,29

Asie

573 737,5

14,43

Source : UIT

« Passifs » dans la production de contenus

S’exprimer sur la toile passe par la production de contenus. Sur près de 180 millions de noms de domaine recensés dans le monde, 3% seulement sont africains. Entre 2005 et 2008, 20 000 nouvelles adresses IP ont été enregistrées, soit près du double de ce qui avait été fait sur la période 1994-2004. « Les Africains ont besoin d’informations qui leur sont utiles dans leur quotidien sur le plan économique, social et culturel », explique Adiel Akplogan. Une réalité parfaitement illustrée par Mike Jensen, consultant et pionnier dans l’observation du développement d’Internet en Afrique. « Soixante dix pour cent des Africains vivent en milieu rural. Ils n’ont pas besoin d’aller sur CNN ou Facebook, ils ont besoin d’avoir des informations qui leur permettront de mener à bien leur récolte, de connaître les prix auxquels ils pourront la vendre... » Mais faire arriver le réseau aussi loin dans les campagnes est un véritable défi sur le continent africain. Une étude de l’ITU, publiée en mai 2008, estime qu’en Afrique-subsaharienne, moins d’1% des villages ont un accès public à Internet, moins de 3% à une ligne fixe et seulement 10% des foyers ont l’électricité. Autant dire que rien ne facilite l’accès à la Toile.

Les plus importants utilisateurs du Net en Afrique (2007)

Pays

Nombre d’utilisateurs d’Internet (milliers)

Taux de pénétration

Egypte

10 532, 4

13,95

Nigeria

10 000

6,75

Maroc

6 600

21,14

Afrique du Sud

3 966

8,16

Algérie

3 500

10,34

Soudan

3 500

9,08

Kenya

3 000

7,99

Tunisie

1 722,2

16,68

Zimbabwe

1351

10,12

Ghana

880

3,75

Sénégal

820

6,62

Ouganda

750

2,51

Zambie

500

4,19

Tanzanie

400

0,99

Angola

498

2,93

Cameroun

370

2,23

Maurice

340

26,95

Togo

320

5,07

Côte d’Ivoire

300

1,63

Source : UIT

Le manque d’infrastructures ou l’absence de fiabilité conduisent à un sous-développement numérique. Il n’est pas rare que les connections s’interrompent à Douala ou à Cotonou à cause d’un délestage impromptu en plein envoi d’un document attendu de toute urgence par un correspondant situé à l’autre bout de la planète. Conséquence de toutes ces défaillances, pour Mike Jensen : « Les gens ne font pas confiance au réseau disponible, il ne peut donc y avoir d’e-gouvernement, d’e-commerce puisque les transactions bancaires ne peuvent être sécurisées. Le développement des infrastructures, note Adiel Aklogan, n’est possible que « si les Etats africains définissent clairement la place des nouvelles technologies, d’Internet dans leur stratégie de développement ». Ce qui permettrait d’instaurer un cadre institutionnel et légal favorable au développement des infrastructures. « Aujourd’hui, dans la plupart des pays africains, il est difficile pour un opérateur privé d’investir pour connecter son pays à la fibre optique ». En cause, les monopoles dont bénéficient les opérateurs de télécommunications. La solution se résume pour Mike Jensen en ces termes : « casser les monopoles et ouvrir les marchés. L’Etat doit être moins présent dans le secteur ». Ces situations ont une incidence sur les coûts d’accès au Net. « Au Sénégal, un accès haut-débit coûte environ 20 000 F CFA par mois (30 euros environ). Dans le même temps, dans d’autres pays qui sont connectés à la même fibre optique que le Sénégal, les tarifs sont jusqu’à cinq fois plus élevés. Ce qui pénalise le consommateur final. Comment voulez-vous alors qu’il utilise Internet ? »

Privilégier le développement de réseaux locaux

Autre élément qui ne fait pas d’Internet un medium abordable en Afrique : « la plupart des opérateurs africains ne distinguent pas les connections internationales, les plus chères, des connections locales. » Le phénomène est clairement expliqué par un document de l’UIT, intitulé Les pays pauvres subventionnent-ils les pays riches. « L’une des raisons de ce coût élevé tient au fait que la plupart des pays en développement utilisent la largeur de bande internationale pour échanger des données au niveau local. Lorsqu’un utilisateur africain de l’Internet envoie un message à un ami qui vit dans la même ville ou dans un pays voisin, les données du message vont jusqu’à Londres ou à New York avant de revenir vers cette ville ou le pays voisin en question. » Coût estimé : près de « 400 millions USD par an ». Dans un document [1], publié en 2005, Russel Southwood, le patron de Balancing Act, une entreprise de conseil et d’édition spécialisée dans les nouvelles technologies en Afrique, indique que « plus de 90% de la connectivité IP internationale transite par l’Amérique du Nord ».« Sur l’Internet, poursuit-il, les flux monétaires vont des pays en développement situés au sud vers les pays développés du nord. »

Mais il est possible de renverser la tendance. Adiel Aklogan donne l’exemple kenyan, un pays qui a crée sa propre infrastructure Internet. « Le Kenya n’a pas un accès direct à la fibre optique, donc aux plates-formes internationales. En 2004, ils ont fini par mettre en place un point d’échange pour gérer le trafic local. En six mois, tous les opérateurs présents sont arrivés à saturation de leur connection locale parce qu’ils ne s’attendaient pas à un tel volume de trafic. Ils ont alors commencer à acheter moins de trafic international, ce qui a réduit le coût de la connexion. Les opérateurs ont pu ainsi développer des applications locales puisqu’ils pouvaient bénéficier de tarifs plus abordables. » L’exemple de la Chine illustre l’indépendance que procure une telle démarche. Les grands moteurs de recherche, comme Google ou Yahoo, font toutes les concessions pour accéder à ce réseau chinois. D’ailleurs, le portail chinois Baidu supplante Google dans son pays : il représente plus de 50% des recherches.

Ne pas céder aux sirènes de la téléphonie mobile

L’Afrique peut mieux faire mais elle peut aussi apprécier le chemin parcouru en 20 ans. « Extraversion et recentrage » : deux mots qu’Annie Cheneau-Loquay, responsable du Réseau Africa’nti (l’Observatoire des nouvelles technologies d’information et de communication sur le continent), utilise pour décrire le développement de l’Internet en Afrique. Extraversion pour illustrer le fait qu’Internet a permis de satisfaire « un besoin de l’extérieur », notamment chez les jeunes. « On cherche à savoir ce qui se passe ailleurs », explique la chercheuse. Du côté de la diaspora, le phénomène est inverse. « Internet est un moyen pour elle de trouver des informations sur le pays d’origine ». A l’intérieur de leurs pays, les internautes africains consomment de plus des informations locales, produites notamment par les journaux en ligne. L’un des grands acquis d’Internet en Afrique est d’avoir promu la liberté de la presse, plus largement la liberté d’expression. L’avènement du web 2.0 amplifie cette libération de la parole. Les blogueurs égyptiens, souvent arrêtés, paient un lourd tribut dans les geôles de leur pays qui rassemble le cinquième des internautes africains.

Pour comparer en 2007

Pays

Nombre d’utilisateurs d’Internet (milliers)

Taux de pénétration

Suède

5 762,7

77

Etats-Unis

221 724

72,5

France

31 571

51,21

Chine

212 580,8

16

Source : UIT

De ces deux décennies d’Internet, Adiel Aklogan retient un autre mot : « désenclavement ». « Grâce à Internet, nous avons pu accéder à des informations qui n’étaient pas à notre portée auparavant, nous former. La participation à un média global permet de s’inscrire dans la globalisation économique . » Un raccourci qu’assume le directeur d’Afrinic, à condition qu’Internet devienne une priorité, comme à Maurice surnommée la cyber-île, pour les politiques africains. Des décideurs qui ne sont pas toujours capables de d’offrir une vitrine sur la toile à leurs citoyens, ne serait-ce qu’un portail gouvernemental fonctionnel. Ils se laissent aussi séduire par le pis-aller de la téléphonie mobile dont le taux de pénétration en Afrique avoisinait les 29% en 2007. Ce succès fait dire à certains des collègues d’Annie Cheneau-Loquay, que « le mobile sera l’Internet de l’Afrique ». Un avis qu’elle ne partage pas. Mike Jensen explique, entre autres, pourquoi : « Les solutions que proposent les opérateurs de téléphone mobile sont plus onéreuses que si l’on développait des technologies comme le Wifi [2], le Wimax [3] ou le mesh Wifi [4] pour permettre aux Africains installés dans les endroits les plus reculés d’accéder au Net ». Car, paradoxalement, les Africains « manquent encore d’information » alors qu’elles sont, pour la majorité des Terriens, à portée de clic. La fracture numérique a encore de beaux jours devant elle.

Falila Gbadamassi

(Source : Afrik com, 21 mars 2009) par


[1] Source IUT - Via l’Afrique : Création de points d’échange Internet (IXP) locaux et régionaux en vue de réaliser des économies en termes financiers et de largeur de bande, document de travail élaboré pour le compte de l’UIT et du CRDI à l’occasion de l’édition 2004 du Colloque mondial des régulateurs organisé par l’UIT. Source : UIT.

[2] Réseau local de type Ethernet à accès sans fil qui permet d’obtenir des débits pouvant atteindre 2 mégabits par seconde (Mbit/s) dans une bande de fréquences de 2,4 gigahertz (GHz). Source : Le Journal du Net.

[3] Le Wimax est un standard de transmission sans fil à haut débit. Fonctionnant à 70 Mbit/s, il est prévu pour connecter les points d’accès Wi-Fi à un réseau de fibres optiques, ou pour relayer une connexion partagée à haut-débit vers de multiples utilisateurs. Source : Le Journal du Net.

[4] C’est une technique de maillage et de routage dynamique de réseau sans fil basée sur un protocole de détection de voisinage OLSR. [...]. Les réseaux mesh s’installent et se configurent automatiquement, ils co-existent avec les réseaux existants, sont d’autant plus fiables qu’il sont denses et sont par définition multiservices voix, données et vidéo. Connectés à l’Internet, ils distribuent le haut débit Ethernet 100Mb/s sur une zone locale déterminée et les cellules étant dotées d’une capacité de roaming, ils autorisent la réception en mobilité ( voiture, train bus). « Any time, any where, any device », telle est la caractéristique des réseaux ’mesh’. Source : Mesh, Wi-Fi, WiMax...le futur des hauts-débits sans fil ?

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