Ile Maurice : Retour sur le Mauritius Digital Promotion Agency Bill
dimanche 30 avril 2023
Le projet de loi sur la Mauritius Digital Promotion Agency a été débattu en seconde lecture mardi, à l’Assemblée nationale. L’objectif principal de ce projet de loi est d’abroger et de remplacer la loi sur le National Computer Board et de prévoir la création de l’Agence de promotion numérique de Maurice.
Les objectifs principaux de cette agence seront de : stimuler la croissance du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) par le développement des compétences et de l’innovation ; atteindre une compétence de base en TIC parmi tous les groupes de population ; et conseiller le ministre sur la formulation de politiques nationales en matière de promotion, de développement des TIC et de leur application.
Ce projet de loi vise à renforcer le secteur des technologies de l’information et de la communication à travers le développement des compétences et de l’innovation. Il prévoit également de garantir une compétence de base en TIC parmi tous les groupes de population et de conseiller le ministre sur les politiques nationales relatives à la promotion et au développement des TIC.
Kenny Dhunoo : « L’infrastructure, fondation du secteur TIC »
« Innover encore plus sera d’une grande importance pour la jeunesse du pays. Il nous faut la formation appropriée et les infrastructures. Quand nous parlons du secteur TIC, nous devons être fiers car plusieurs firmes étrangères se sont installées à Maurice », a déclaré le député MSM lors de son intervention. Avec ce projet de loi, dit-il, nous allons vers un secteur des TIC efficace. « Si nous regardons ce que fait l’Inde, ce secteur implique beaucoup de jeunes. Avec ce projet de loi, les jeunes Mauriciens pourront aussi dès leur plus jeune âge développer des applications et outils informatiques. Nous parlons aussi de l’intelligence artificielle. Nous vivons dans un mode où tout est virtuel. »
Arianne Navarre-Marie : « Trop de pouvoirs au ministre »
La députée MMM a rappelé que le National Computer Board (NCB) avait été créé en 1998 pour conseiller le ministère sur la promotion et le développement du secteur TIC. Elle souligne que ce nouveau projet de loi est appelé à conseiller le ministre lui-même. C’est une grande différence car le ministre se donne plus de pouvoirs. Ce projet de loi permet au ministre de s’octroyer des pouvoirs plus grands en termes de rémunération et d’emploi des officiers. « Sur 13 membres, pas moins de six seront nommés par le ministre. Il y a des risques d’abus de pouvoir et cela inquiète. Est-ce que les années d’expérience des employés seront prises en compte ? » Le ministre ne propose rien de plus que la NCB Act, dit-elle, car la nouvelle agence aura les mêmes fonctions et des entités auront des responsabilités qui se chevauchent.
Kailesh Jagutpal : « Miser sur la transformation digitale de la Santé »
Le ministre de la Santé affirme que le secteur TIC est une partie intégrale de notre existence. Maurice doit atteindre un autre niveau. « Grâce à la technologie, plusieurs Mauriciens peuvent travailler de chez eux et les enfants suivre leurs cours de chez eux. Nous ne pouvons oublier comment la technologie a été d’une grande aide durant la période du Covid 19. » Quant aux rémunérations des membres du board, le ministre en sera redevable. « Je ne trouve pas ce qu’il y a de grave si le ministre approuve les décisions. » Il s’est aussi attardé sur le projet E-Health. « La digitalisation de la Santé est primordiale. Notre système reçoit Rs 4,3 M de consultations par an. Le travail est énorme. Nous devons miser sur la transformation digitale pour innover et éliminer la paperasse. »
Teenah Jutton : « Suivre le rythme des développements digitaux »
La secrétaire parlementaire privée estime que si les législateurs ne suivent pas le rythme des développements des TIC, nous serons dans le passé. Il faut remplacer les lois devenues obsolètes avec de nouvelles législations proactives. « It will be crazy if we put a stretch to our imagination to what technology can do. Cette nouvelle révolution digitale a le potentiel de créer l’environnement approprie pour booster ce secteur. » Teenah Jutton a aussi parlé de l’accès à l’informatique et la disparité entre les différentes générations. « Nous sommes aussi sur la bonne voie pour la mise sur pied d’un technological hub pour favoriser la recherche. »
Nando Bodha : « Pourquoi sommes-nous toujours en arrière ? »
Le leader du Rassemblement Mauricien a parlé de service-oriented country. Faisant allusion à d’autres pays en voie de développement en termes de services en ligne, l’enseignement à distance, entre autres, il estime que Maurice a failli. « Pourquoi avons-nous commencé par de grandes ambitions mais avons failli par la suite. C’est qu’il n’y a pas eu de vision. Il faut une nouvelle culture informatique. » Le député dit ne pas comprendre pourquoi Maurice est toujours en arrière quand nous avons les ressources déjà. « L’enseignement à distance a été une catastrophe. Jusqu’aujourd’hui nous nous battons pour avoir un carnet de santé digitale, il faut toujours se rendre aux comptoirs des tribunaux pour payer les contraventions. How many government services do we have access to through mobile services ? »
Sunil Bholah : « Impossible de tourner le dos à la technologie »
Le ministre des Entreprises et des coopératives a parlé des merveilles que font les ordinateurs et estime que nous ne pouvons tourner le dos à la technologie. « Ce n’est pas simplement un changement de nom. La nouvelle agence aura plusieurs autres mandats pour la transformation digitale que le National Computer Board n’avait pas. Ce projet de loi vient au bon moment pour de nouvelles opportunités. » Il s’est aussi attardé sur l’importance de la technologie dans le secteur manufacturier afin d’augmenter la productivité. « Les fabricants qui ne suivent pas le rythme pourraient se retrouver hors de la compétition. Nous n’avons pas d’autre choix que d’être flexibles pour satisfaire les exigences du marché. »
Subhashnee Lutchmun-Roy : « Être à jour avec les développements »
« Il est urgent d’adopter de nouvelles méthodes car tout autour de nous change constamment. Le secteur des services tend de plus en plus vers la digitalisation. C’est logique d’apporter une nouvelle loi afin d’être à jour avec les développements », a dit la députée de la majorité. Elle a aussi parlé du partage des données. Ce nouveau projet de loi assurera aussi la protection des données. « Dans le domaine de l’intelligence artificielle, de plus en plus de compagnies adoptent cette technologie et leurs systèmes sont aux normes avec le cadre législatif et réglementaire. »
Mahend Gungapersad : « La transformation digitale comporte plusieurs risques »
« La transformation digitale favorise la production et l’innovation mais comporte aussi des risques. Le ministre aura beaucoup de pouvoirs, qui ne sont pas toujours bénéfiques pour une démocratie », estime le député travailliste. Pourquoi le ministre a autant de pouvoirs alors que ce n’est pas le cas dans d’autres pays ? « Who will ensure that we have a foolproof certification transparency ? Il est intéressant de noter que Maurice a toujours investi dans le secteur TIC peu importe le gouvernement au pouvoir. » Il a aussi évoqué des projets éducatifs et déploré que beaucoup d’enseignants n’utilisent toujours pas l’outil informatique dans l’enseignement.
Reshma Gulbul-Nathoo
(source : L’Express, 30 avril 2023)