Identification des abonnés au mobile : Les usagers traînent les pieds, l’Artp menace
mercredi 26 septembre 2007
Pour booster l’application de la mesure rendant obligatoire l’identification des usagers du téléphone mobile qui peine à être effective, l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a mis à contribution les associations consuméristes pour porter le message « sécuritaire » aux abonnés.
Pour faire du Sénégal un acteur responsable de la société de l’information à l’échelle mondiale et pour assurer la sécurité des usagers du mobile, l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) a pris la décision No 2006-001 portant obligation à tous les détenteurs de téléphone portable de s’identifier, sous peine d’une désactivation de la carte Sim (puce bloquée).
Et c’est le 31 octobre qui a été arrêté comme deadline conformément au plan d’actions arrêté par les ministères et les opérateurs impliqués. Revenant sur l’importance de l’opération, Fatoumata Binetou Khouma, assistante juridique à l’agence de régulation, a estimé qu ’’ elle permet de circonscrire toute utilisation des moyens de télécommunications à des fins attentatoires à l’ordre public ou à la sécurité des citoyens ».
Toutefois, compte tenu de la réticence des abonnés « soucieux de la protection de leurs données », de l’analphabétisme de la majorité des clients, du manque de relais malgré une campagne de communication déclenchée par l’Artp par la mise en place d’un serveur et de centres d’appels, mais aussi par les opérateurs de téléphonie mobile via les Sms ... le processus d’identification connaît un rythme de caméléon avec moins de 35 % des abonnés qui se sont fait identifier de décembre 2006 à ce jour. Autant de contraintes qui renvoient aux calendes grecques l’application de la mesure de résiliation ou de blocage des cartes Sim en circulation. Malgré la liberté et la gratuité de la mesure d’identification.
C’est pour lever ces blocages que l’agence a mis à contribution les associations consuméristes. Et conformément au partenariat qui a été noué avec les associations de consommateurs et au plan d’actions qui a été arrêté par l’Agence, l’Union nationale des consommateurs du Sénégal (Uncs), en tant que relais, a ouvert le bal hier, au Complexe culturel Léopold Sédar Senghor de Pikine. Le département de Pikine et ses 16 communes d’arrondissement ont été choisis « en tant que zone sensible pour la mise en œuvre de cette initiative à la fois sur l’identification des abonnés du mobile et sur la nouvelle numérotation à neuf chiffres qui doit entrer en vigueur le 7 octobre prochain », dira Mlle Khouma. La réunion publique d’information s’est tenue dans une salle au 4/5ème vide ; ce qui repose la question de la représentativité des associations consuméristes. Toutefois, elle a été également une occasion pour l’Artp d’être mieux connue. À en croire Mlle Khouma, « la majeure partie des sénégalais ne connaît l’agence que depuis la sanction d’un montant de 03 milliards infligée à la Sonatel ou bien depuis que Sudatel a été choisie comme 3e opérateur du mobile, alors que c’est plus que tout cela ».
Par ailleurs, elle a soutenu que pour parer à la saturation du réseau de téléphonie marqué par les appels manqués et autres perturbations dans la connexion mais aussi par l’arrivée du 3e opérateur, Sudatel, « le passage de la numérotation du fixe comme du mobile de sept à neuf chiffres à partir de la nuit du 6 au 7 octobre devrait beaucoup contribuer à l’amélioration du réseau téléphonique ».
En marge de la cérémonie, Mlle Khouma a été interpellée sur les conditions d’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile à la société Sudatel accusée par certains comme étant le bailleur des activités terroristes au Darfour et figurant sur la liste noire du département du trésor américain et sur la question de savoir qui d’entre l’Artp et le Palais a piloté le dossier. Avec une prudence déroutante, elle a estimé que « ce sont des propos de la presse ou d’autre part je ne sais où, mais je ne pourrai me prononcer sur ce 3e opérateur car je ne suis pas la personne indiquée et seul le directeur général est habilité à en parler ».
Mamadou Lamine Dièye
(Source : Sud Quotidien, 26 septembre 2007)