Global Voice roule l’Etat du Sénégal et l’Artp dans la farine, pense le représentant de 800 opérateurs du monde
vendredi 12 novembre 2010
Lu dans le quotidien Le Populaire : "La somme versée par les autorités sénégalaises à Global Voice, pour assurer le contrôle des appels entrants au Sénégal, est 10 fois plus élevée que la normale, a dénoncé Mme Isabelle Moreau, Directrice des relations extérieures de Gsma, hier, en marge du Forum mondial des chefs d’entreprise du secteur des Tic. Tout en assimilant ce tarif à de « la fraude », elle a aussi averti sur les répercussions de la surtaxe sur les appels internationaux entrant au Sénégal.
Global Voice roule l’Etat du Sénégal et l’Artp dans la farine. C’est le sentiment de Mme Isabelle Moreau, Directrice des relations extérieures de l’Association Gsma, qui représentait plus de 800 opérateurs mobiles et quelque 100 fabricants dans le monde lors du Forum mondial des chefs d’entreprise du secteur des Technologies de l’information et de la communication (Tic). « On s’est rendu compte en fait que le prix que l’Artp paie à cette entreprise coûte, je crois, dix fois plus cher. Il y a vraiment là une fraude qui doit quand même être démantelée, et il faut faire attention », a-t-elle martelé. Non sans revenir sur les répercussions néfastes qu’aura la surtaxe sur les appels internationaux entrants. « La dynamique qu’il y a au niveau politique, qui est très importante également, c’est que cette tentation de mettre des taxes sur une industrie qui va bien, c’est qu’on voit à court terme la possibilité pour un gouvernement de faire des revenus supplémentaires en imposant plus. Mais quand on considère l’incidence que cette taxe a, c’est-à-dire qu’elle entraîne la baisse du trafic, les revenus qui sont imposables pour les opérateurs seront moindres », prévient Mme Moreau.
« Plus que les opérateurs, ce sont les consommateurs qui vont être pénalisés »
Une situation qui ne sera pas sans répercussions graves, alerte-t-elle : « Sur le long terme, c’est vraiment un problème très grave, et c’est contreproductif par rapport au but qu’ils recherchaient initialement ». Elle donnera en exemple le cas du Congo qui, à l’image du Sénégal, a adopté cette politique de surtaxe : « Si le Congo a perdu 30% des trafics internationaux, cela veut dire que 30% des revenus de ses opérateurs, l’Etat ne va pas pouvoir les imposer. Et à la longue, ils vont perdre ». Et d’ajouter : « Plus que les opérateurs, ce sont les consommateurs qui vont être pénalisés ».
Car, explique Mme Moreau, « cette surtaxe qu’on doit faire sur les appels entrants, il va y avoir une réciprocité du pays destinataire et cela va affecter de toute façon les appels même des Sénégalais quand ils appellent à international. Et cela va avoir une incidence énorme sur la diaspora, les Sénégalais qui habitent à l’étranger et ce sont des millions de Sénégalais qui vont devoir payer beaucoup plus pour les appels entrants ». Une situation que vit actuellement le Congo.
En ce qui concerne les opérateurs, la Directrice des relations extérieures de l’Association Gsma d’indiquer : « cela affecte les opérateurs aussi car il y a des taxes qu’ils doivent payer en plus, ce qui est bien spécifique et qui n’est pas justifié. Ce qui est quand même grave ».
LE DG DE L’ARTP NDONGO DIAO DÉMENT : « Pour le Sénégal, ce n’est pas vrai, le trafic a augmenté de 2,62% » La réaction du Directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) ne s’est pas fait attendre, après les prévisions sombres faites par Mme Moreau. Pour Ndongo Diaw, le Sénégal n’a pas connu de baisse de son trafic entrant. Au contraire, les appels entrants ont même connu une certaine augmentation.
« Pour le Sénégal, ce n’est pas vrai. Nous avons les statistiques du mois d’août et du mois de septembre et le trafic a augmenté de 2,62%. C’est une réalité et cela a été une surprise parce que le mois de septembre étant de 30 jours et le mois d’août de 31 jours, normalement, on s’attendait à une baisse des trafics. Mais, paradoxalement, le trafic a augmenté et cela a généré des ressources substantielles pour l’Etat du Sénégal », a dit M. Diaw
Et les symptômes décrits par la directrice de l’association Gsma ne sont pas visibles au niveau du Sénégal, ajoute M Diao. « En tout cas, pour l’instant, au Sénégal, cette déclaration n’est pas observée, n’est pas valable. Ce n’est pas vrai encore au Sénégal », dit le Directeur général de l’Artp qui renchérit : « Le secteur des télécommunications se porte très bien ».
Et concernant l’affaire Global Voice, l’autorité de l’Artp ajoute qu’« Il y a eu une décision du tribunal rejetant le sursis à exécution ». Ce qui voudrait dire, à l’en croire, qu’« il n’y a rien qui a été constaté qui va à l’encontre du trafic ou du client »."
(Source : Politicosn, 12 novembre 2010)