Ghana : le gouvernement impose une taxe de 1,75% sur les transactions électroniques
mardi 23 novembre 2021
Au cours de l’année 2020, la pandémie de Covid-19 a perturbé les prévisions fiscales de l’Etat ghanéen. Les diverses actions sociales entreprises par le gouvernement ont beaucoup augmenté la dette publique. Pour 2022, les autorités ont décidé de profiter du dynamisme de l’e-paiement pour accroître ses recettes.
Le gouvernement de la République du Ghana impose désormais une taxe de 1,75% sur les transactions financières électroniques. Le ministre des Finances Ken Ofori Atta (photo) l’a annoncé, mercredi 17 novembre, lors de la présentation du budget pour l’année 2022. Il a précisé que le prélèvement concerne toutes les transactions électroniques, y compris le Mobile Money, les transferts bancaires et autres envois de fonds, le paiement marchand.
« Après de longues délibérations, le gouvernement a décidé d’imposer une taxe sur toutes les transactions électroniques pour élargir le filet fiscal et toucher le secteur informel. Cela sera connu sous le nom de « prélèvement sur les transactions électroniques ou prélèvement électronique » », a déclaré Ken Ofori Atta. La taxe entrera officiellement en vigueur le 1er janvier 2022. Elle sera à la charge de l’expéditeur, à l’exception des envois de fonds entrants, qui seront à la charge du destinataire.
Dans un entretien accordé à ghanaweb.com, Charles Adu, le responsable national des relations publiques de l’Association des agents d’argent mobile, a déploré cet impôt qu’il juge de nature à faire « dérailler les efforts visant à transformer l’économie du Ghana en une société sans numéraire ».
Durant la crise de Covid-19, le gouvernement ghanéen a adopté plusieurs politiques budgétaires pour soulager les populations. Cela a entraîné une augmentation de la dette publique totale et une forte baisse des recettes perçues l’année dernière. Les revenus totaux en 2020 ont diminué de 11,93 milliards de cédis (1,9 milliard $), équivalant à 3,1% du produit intérieur brut (PIB), tandis que les dépenses totales ont augmenté de 14,08 milliards de cédis équivalant à 3,7% du PIB. En conséquence, le pays a enregistré un déficit budgétaire de 11,7% du PIB contre un objectif de 4,7% du PIB.
La pandémie, associée aux efforts du gouvernement depuis 2018 pour généraliser le paiement numérique, réduire la dépendance à l’argent physique qui a des coûts, faciliter les transactions financières, soutenir l’économie numérique, a par contre fait croître le volume des transactions électroniques. La valeur totale des transactions pour 2020 a été estimée à plus de 500 milliards de cédis contre 78 milliards de cédis en 2016. Le gouvernement ghanéen y voit un moyen de renflouer les caisses publiques.
Selon Ken Ofori Atta, l’argent collecté servira entre autres à soutenir l’entrepreneuriat, l’emploi des jeunes, la cybersécurité, le numérique et le développement des infrastructures routières.
Muriel Edjo
(Source : Agence Ecofin, 23 novembre 2023)