Fréquences insuffisantes, conditions de travail difficiles,... : Les radios communautaires exigent plus de considération
vendredi 11 février 2011
C’est un chapelet de problèmes que les dirigeants des radios communautaires ont égrené lors d’un atelier organisé par Enda graf sahel dans le cadre du Forum social mondial. Ils ont demandé plus de considération, de la part des autorités lors de cette rencontre qui a eu lieu au siège d’Enda Tiers-monde.
Le Forum social mondial est un espace de dialogue et de contestation. Les radios communautaires sénégalaises saisissent l’occasion pour dire encore leurs doléances. Elles se sentent marginalisées dans le paysage médiatique. Leurs dirigeants dénoncent la soixantaine de radios fonctionnelles qui leur est attribuée sur tout le territoire national. Un nombre de fréquences ‘très insuffisant’ pour ces radios qui sont ‘des voix de la communauté’, selon le directeur de Ndef Leng Fm. Babacar Diop fustige également l’interdiction de débats politiques et l’absence de publicité dans leurs organes ‘parce qu’ils ont beaucoup de charges à supporter’. Il juge aussi le cahier des charges des radios communautaires et associatives trop exigeant.
Pour le coordonnateur d’Oxy-jeunes, leurs structures ne sont pas prises au sérieux parce qu’on considère qu’elles sont animées par des ‘acteurs incompétents’. Daouda Gaye est d’avis qu’il est temps que ceux qui tiennent des radios communautaires mènent un combat pour leur ‘renaissance’ parce qu’ils participent à l’émergence ‘de la liberté d’expression’ au Sénégal. Babacar Diop, lui, demande à l’Union des radios associatives et communautaires (Urac) de faire un plaidoyer auprès des autorités pour l’amélioration de leurs conditions de travail mais surtout pour la baisse des redevances. Il veut aussi la hausse de l’aide financière allouée aux radios communautaires. Une somme qui représente 20 % du fonds d’aide à la presse depuis 2005.
Les gérants des radios communautaires veulent donc une nouvelle vision pour leurs organes en s’appuyant sur l’influence qu’ils peuvent exercer sur les politiques publiques. Oumou Cantome Sarr de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) propose la démarche participative en remontant les problèmes des populations au niveau des autorités administratives. Pour y parvenir, elle pense que l’Urac devra plus se positionner pour promouvoir le dialogue et aider les populations ‘à développer de nouvelles alternatives face à leurs problèmes quotidiens’. Oumou Cantome Sarr soutient que les politiques de l’Etat ne pourront jamais réussir si les Sénégalais ne se sentent pas directement impliqués.
La rencontre a été un prétexte, pour le directeur de Diokko Fm de Rufisque, pour faire un exposé sur les enjeux et perspectives du passage des radios de l’analogique au numérique. Babacar Khalil Ndiaye trouve que c’est un passage ‘obligé’ et qui va entraîner des bouleversements au niveau ‘financier et technique’. Mais l’avantage est que le numérique permet d’augmenter la diversification des programmes. Deux mille radios pourront émettre au Sénégal, dont deux cents à Dakar puisque le pays dispose de 513 fréquences numériques, selon Babacar Khalil Ndiaye. Mais il pense qu’il faudra un travail de mise à niveau pour les journalistes, techniciens et autres professionnels, afin de s’adapter à ce nouvel outil.
Yacine Cissé
(Source : Wal Fadjri, 11 février 2011)