En 2011, L’Afrique ne comptait que 140 millions d’internautes, soit un taux de pénétration d’Internet de 13,5. E
lle est ainsi régulièrement prise en exemple de la désormais célèbre fracture numérique Nord-Sud. A ce constat, s’ajoute celui d’une grande disparité sous-régionale, puisque les pays d’Afrique du Nord, le Nigeria et l’Afrique du Sud se partagent la quasi-totalité des utilisateurs. A eux seuls, les Nigérians représentent 38% du nombre total des nouveaux internautes, c’est-à-dire connectés, ces dix dernières années. Mais, l’essor spectaculaire de la téléphonie mobile sur le continent nuance ce diagnostic. Selon certains spécialistes, près de 649 millions de cartes SIM ont été dénombrées en Afrique au 4e trimestre 2011, ce qui en fait le deuxième marché mondial de la téléphonie mobile derrière l’Asie, et celui qui connaît le plus fort taux de croissance depuis dix ans, soit 30% par an en moyenne. « Terre promise » des télécoms comme on peut le lire parfois, l’Afrique attire donc, une compétition de plus en plus féroce, à mesure que la pénétration, désormais de plus de 50%, augmente.
Si le groupe sud-africain MTN reste le plus gros opérateur du continent, la concurrence reste cependant rude. Aux côtés des opérateurs africains, tels que l’égyptien Orascom Telecom, se bousculent des opérateurs d’envergure internationale comme l’indien Barthi Airtel, le français Orange et le britannique Vodafone, etc. L’industrie du mobile en Afrique, qui suscite tant d’appétence et de convoitise, est aussi devenue une source importante de rentrées fiscales pour les Etats (7% en moyenne selon l’Union internationale des télécoms) et représente avec 56 milliards de dollars de revenus 3,5%, du PIB africain. L’écosystème mobile équivaut à plus de 5,4 millions d’emplois, directs et indirects. (...) ». Au Burkina par exemple, le secteur des communications électroniques a su impacter positivement tous les secteurs d’activités et est même devenu le moteur de l’économie nationale. C’est ainsi qu’au 30 septembre 2012, le parc d’abonnés au téléphone fixe était d’environ 141 635 contre 94 758 en 2006. Quant à la
téléphonie mobile, le parc d’abonnés des trois opérateurs confondus est de 9 695 027, alors qu’il était d’à peu près un million en 2006. C’est dire comment le secteur est dynamique. Incontestablement, le secteur a connu un boom au- delà des prévisions les plus optimistes. C’est donc une véritable révolution qui s’est opérée depuis une dizaine d’années. Autant, l’Afrique est pauvre en lignes téléphoniques (longues et coûteuses à mettre en place,) autant avec les TIC, les opportunités sont immenses en dehors du gadget de la communication. L’Internet mobile en réalité, constitue désormais une nouvelle opportunité de croissance pour les opérateurs en Afrique. Cependant, le déploiement des réseaux large bande (3G, HSPA, LTE et 4G), permettant un haut, voire très haut débit de transmission, ne dépend pas que du bon vouloir et des investissements des acteurs privés. (...) Si les opérateurs s’intéressent tant à l’Afrique, c’est aussi parce que la téléphonie mobile s’y invente. Figure de proue de ces nouveaux services, le mobile banking (m-banking ou encore m-paiement) a connu un succès fulgurant. (...) Le téléphone portable apparaît comme « un accélérateur de flux marchands et financiers ». Dans le secteur de l’agriculture et de la pêche notamment, les professionnels recourent à la technologie mobile pour s’informer sur les marchés, organiser leur approvisionnement, négocier les prix de leurs produits. Plus largement, dans tous les secteurs d’activité, la téléphonie mobile est perçue désormais, comme un élément stimulant de l’économie.
Raphael Kafanbdo
(Source : Sidawaya, 28 novembre 2012)