Formation en Big Data, IA, Robotique : les étudiants dénoncent le retard des cours et interpellent les responsables
mardi 15 février 2022
En formation depuis deux ans, les premières promotions des étudiants en formation en master Big Data et Intelligence artificielle se disent confrontées à de sérieuses difficultés quant au bon déroulement de leurs cours. Las et frustrés de ne pas suivre les enseignements apprentissages de façon régulière, malgré les nombreuses interpellations faites à leurs autorités, ils dénoncent le retard excessif accusé et qui constitue une menace pour leur avenir.
Promis à un avenir des meilleurs, à travers ces offres de formation très sélectives proposées par le Centre National de Calcul Scientifique du Sénégal (CNCS), le Campus franco sénégalais (CFS), et le bailleur ATOS, les étudiants semblent aujourd’hui déchantés. Depuis deux ans qu’elles ont démarré, les formations en Big Data et Intelligence artificielle sont plombées par le rythme très lent des cours au point que le collectif qui regroupe les étudiants concernés s’estime lésé et donne de la voix. En formation depuis février 2020, les étudiants peinent à bien démarrer leur semestre 3 de leurs masters. Jusqu’ici, « il n’y a qu’un cours d’anglais qui a démarré la semaine dernière et un autre pour ceux en Intelligence artificielle« , estiment-ils.
A les en croire, la situation dans laquelle ils sont confiés est d’autant plus incompréhensible que d’autres ont quasiment terminé leurs cours. « Nous avons commencé notre formation en même temps que les étudiants en master Modélisation mathématiques. Mais si vous faites la comparaison, vous verrez que ces camarades ont même terminé leur semestre 3. Il ne leur reste que le stage de fin d’année« , déclarent-t-il pour dénoncer le rythme caméléonesque avec lequel les cours leur sont prodigués.
Pour les étudiants, il est difficilement concevable que leurs formations -Big Data et IA notamment- soient au point mort pour manque de professeurs d’autant plus qu’il s’agit d’une offre du campus franco sénégalais. « Nous sommes dans une formation de double diplôme et c’est elle qui est le plus en retard. Rien n’empêche le responsable de notre formation de contacter la partie française vu qu’un partenariat nous lie à l’INSA de Rouen« , dénonce un des étudiants qui ajoute qu’ils ont du mal à comprendre les explications qu’on leur fournit sur le retard constaté.
Contacté par Senenews, le coordonnateur des formations Master Big data et Intelligence artificielle, Dr Seydina Moussa Ndiaye dit pour sa part comprendre la frustration des étudiants mais précise que les difficultés sont en train d’être jugulées. « Ce n’est pas le seul master en retard au Sénégal » réagit-il d’emblée comme pour dire qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat avant d’expliquer que « si l’on est dans une pareille situation, c’est notamment parce qu’on a quelques difficultés de trouver les profiles capables de dispenser les cours. La plupart des intervenants ne sont pas disponibles à temps et ce n’est pas du tout simple de mettre la main sur eux« .
Aux étudiants qui exigent plus d’efforts de la part de leurs responsables- qui visiblement ne leur consacrent pas le temps qu’il faut-, M. Ndiaye évoque des « procédures administratives assez complexes pour parapher des contrats avec des enseignants à qui il est souvent demandé d’envoyer leurs dossiers physiques« . A l’en croire, si les étudiants en Modélisation mathématiques sont un peu en avance sur leur formation par rapport à celles dont il a la charge, c’est parce qu’il est plus aisé de leur trouver des enseignants, même au Sénégal. Des spécialistes à même de dispenser des cours conformément à la maquette proposée en Big Data et Intelligence artificielle ne courent pas les rues. Ainsi demande-t-il à ses « protégés » de prendre leur mal en patience.
Il faut préciser que les difficultés de ces formations très courues après ne concernent pas que les masters Big Data et Intelligence artificielle. Les étudiants en Robotique aussi ne sont pas très à l’aise avec surtout le manque de matériels. « On n’a pas débuté en même temps mais eux [les étudiants en Robotique, ndlr] ont surtout un problème de matériels et leur formation est très pratique« , explique un étudiant qui interpelle le responsable de ladite formation qui se trouve être M. Khalifa Sylla. Le collectif lance ainsi un appel à tous les responsables qui pilotent le projet, au premier chef M. Oumar Mbodj, le responsable de toutes les formation du projet ATOS, pour une meilleure prise en charge de leurs préoccupations.
Après deux ans passés à suivre les cours, les étudiants qui s’impatientent de débuter leur semestre 3 se préoccupent d’une éventuelle suspension de leurs bourses à cause des lenteurs dont ils ne sont nullement responsables. Cependant, pour Seydina Ndiaye, dont la filière accuse un plus grand retard, les dispositions idoines ont été prises pour palier cette inquiétude.
En sus de l’engagement de terminer la formation dans des délais raisonnables, ce dernier garantit que les retards constatés n’impactent en rien sur les possibilités de stages des étudiants qui, il faut le dire, sont de plus en plus démotivés par cette situation. Pourtant, s’il y a une chose sur laquelle les deux parties parlent le même langage, c’est bien sur la richesse de la maquette qui poussait nombre d’étudiants à entrevoir un avenir professionnel des meilleurs.
(Source : SeneNews, 15 février 2022)