Fonds de solidarité numérique ou logique marchande ?
mercredi 24 décembre 2003
La recherche en général et celle relative à l’information et à la communication en particulier, constitue une donnée dont les résultats ont permis d’aboutir à une croissance rapide dans les firmes du fait de l’induction à une variation sensible à la hausse des gains de productivité.
Invariablement, une des conditions sine qua non du développement qui implique une participation au commerce mondial non pas en tant que consommateur universel mais davantage en tant que producteur de biens et services demeure l’appropriation et la maîtrise du progrès scientifique et technique.
Les percées significatives enregistrées ces dernières décennies dans les domaines de l’information et de la communication ont été à la base de la croissance exponentielle des firmes multinationales intervenant dans ce secteur d’une rentabilité inouïe, tandis que les applications multiformes des nouvelles technologies dans les autres secteurs de l’agriculture et de l’industrie ont considérablement accru leur intérêt.
Parallèlement, le développement de la taille des multinationales implique un besoin d’intensification des échanges commerciaux subséquemment à l’importante accumulation du capital : ce mouvement intensif d’échelle des multinationales vers de nouveaux horizons selon la logique marchande du système libéral suppose un investissement préalable de base pour financer l’équipement dans les nouvelles applications technologiques : la création d’un fonds, fut-il de solidarité numérique répond à une double exigence d’équipement et de modernisation mais aussi de confinement des pays en retard technologique dans des situations d’éternels consommateurs. En effet, les contributions financières ne servent en réalité qu’à accroître la part de marché de ces mêmes multinationales. Ce fonds ne devrait même pas s’appeler fonds de solidarité numérique mais plus tôt un fonds de compensation numérique en l’instar de ces nombreux fonds de compensation ou de stabilisation qui ont toujours existé dans le passé au niveau des accords multilatéraux Nord-Sud et qui n’ont pas empêché le creusement des écarts de développement. D’ailleurs n’est-il pas étonnant de constater que les collaborateurs attitrés du libéralisme déshumanisant dans les pays pauvres sont ceux-là même qui préconisent la création d’un fonds de solidarité étant donné que les valeurs se rapportant au principe de solidarité sont à l’antipode de la logique marchande. Devrait-on affirmer que les libéraux sont devenus socialisants ou s’agit-il simplement avec la technostructure une exigence de la mondialisation ? En tout état de cause, dans le dialogue des cultures en vue d’établir un nouvel ordre économique international plus humain, les discussions devaient plutôt se focaliser non pas sur la constitution superflue d’un quelconque fonds de solidarité, mais plutôt, sur le financement de l’éducation, de la recherche et de ta fondation, sur la cogestion de la gouvernance de l’Internet et de la propriété intellectuelle gages d’un transfert réel de technologie.
Khadialy GASSAMA
(Source : Wal Fadjri 24 décembre 2003)