Fini la bamboula des appels : L’Etat fouille ses lignes téléphoniques
samedi 29 décembre 2012
L’Etat du Sénégal exprime son ras-le-bol de se voir toujours remettre à la fin de l’année une facture téléphonique estimée entre 17 et 20 milliards.
Afin de faire la lumière sur leur gestion, Macky Sall a lancé un audit physique de toutes les lignes téléphoniques. Point de départ : les ministères.
Pour faire entrer entrer plus d’argent au Trésor : l’Etat audite les lignes téléphoniques
Depuis quelques semaines, des agents de l’Inspection générale des finances (Igf) sillonnent les bureaux de tous les ministères. Des sources concordantes nous ont confirmé leur passage au ministère de l’Economie et celui de l’Education nationale. Ils sont annoncés aussi au ministère de l’Agriculture. A terme, ce sont toutes les structures relevant de l’Etat qui seront visitées par ces auditeurs. Toutes les lignes sont auditées, aussi bien les standards du secrétariat que le roaming du directeur, sans oublier le fax de service. Les agents de l’Igf posent des questions sur l’utilisation de la ligne, vérifient si elle fonctionne toujours et également s’il existe un mécanisme de gestion rationnelle des appels. En bref, un travail minutieux, d’autant plus que ces « enquêteurs » font remplir un questionnaire individuel à tous les responsables de ces lignes.
Des enjeux financiers énormes
L’enjeu de cet audit peut avoir des retombées insoupçonnées si l’on en croit une voix avertie du gouvernement de Abdoul Mbaye. Certes, l’Etat veut s’opposer à la gestion gabégique de certains fonctionnaires qui utilisent leurs combinés à des fins non professionnelles. Mais en amont, les autorités voudraient bien avoir une meilleure lisibilité de la facture téléphonique de l’Etat. Vérifier si toutes lignes facturées existent et fonctionnent est, en effet, le but caché de ses audits. Car, moins l’Etat va consommer en appels téléphoniques et plus il va faire entrer de l’argent dans les caisses du Trésor. Cela s’explique par le système de compensation. En effet, à chaque fin d’année, la Sonatel verse à l’Etat du Sénégal une rente sur ses bénéfices grâce à ses actions. Cette somme avoisine souvent les 30 milliards de francs Cfa. Cependant, cette rentrée de fonds n’est jamais effectuée, car la Sonatel déduit d’abord la facture téléphonique de l’Etat. Si cette dernière avoisine 20 milliards, le Trésor devra se résigner à empocher seulement 10 milliards au lieu de 30 milliards. Dans le contexte présent de raréfaction des ressources, l’Etat aurait décidé d’arrêter l’hémorragie. L’audit commencé, il y a quelques jours, suit son cours et n’épargnera aucune structure publique, dit-on.
Mbaye Thiam
(Source : Le Populaire, 29 décembre 2012)