OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2021 > Juillet 2021 > Enquête au cœur de la Chinafrique : la Chine et le marché des télécoms en (…)

Enquête au cœur de la Chinafrique : la Chine et le marché des télécoms en Afrique

vendredi 2 juillet 2021

Economie numérique

Depuis le début des années 2000, la Chine s’est imposée comme un acteur majeur sur le marché africain des télécommunications. Cependant, cette présence interroge car elle n’est pas sans risque pour les acteurs africains, qu’ils soient opérateurs de réseaux, consommateurs ou gouvernements. Six entretiens ont façonné ce mémoire, fruit d’une réponse argumentée, complexe et personnelle.

Le marché des télécommunications a connu ces dernières années une croissance exponentielle en Afrique permettant de réduire drastiquement la fracture numérique des populations locales. Face à ces perspectives, de nombreux acteurs se bousculent pour attirer toujours plus de consommateurs et gagner en part de marché.

Parmi eux, les équipementiers chinois bénéficient de la plus forte présence. Grâce à l’appui des banques de développement chinoises, et à des prix extrêmement compétitifs, ces derniers ont investi massivement pour installer de nombreux réseaux. Ce qui a permis au continent africain de faire un saut technologique conséquent. Depuis plus de vingt ans, ces équipementiers ont participé grandement au développement des télécommunications sur le continent africain afin de faire de l’Afrique le dernier maillon connecté avec le monde.

Leur présence fait partie d’une stratégie d’investissements massifs totalement assumée par l’État chinois afin d’étendre son softpower sur le continent et de façonner l’opinion publique africaine en sa faveur. De plus, dans la guerre économique et commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine, les télécommunications sont désormais un secteur particulièrement stratégique. L’Afrique n’est pas une exception de ce point de vue et reste un terrain de jeu où s’affrontent les grandes puissances – par l’intermédiaire de leurs équipementiers nationaux – pour pouvoir implanter les infrastructures sur lesquelles se basera l’économie africaine de demain.

Si cette présence a énormément bénéficié aux acteurs africains, elle s’accompagne également d’un certain nombre de risques qui impacte le marché des télécommunications jusqu’à bouleverser les équilibres établis depuis la fin de la décolonisation.

Ainsi, de nombreuses voix en Afrique – et dans le monde – critiquent la présence des équipementiers chinois et dénoncent une concurrence déloyale. En effet, les frontières entre entreprises étatiques et entreprises privées sont extrêmement poreuses, et la collusion de l’État central chinois avec ses entreprises nationales est largement avérée.

Par ailleurs, un certain nombre de contacts commerciaux entre les équipementiers chinois et les opérateurs publiques et privées en Afrique se font dans le cadre de financements intergouvernementaux et sont liés à l’achat d’équipements uniquement chinois par les opérateurs téléphoniques. En parallèle, des craintes ont émergé récemment, à propos de la fiabilité des réseaux mis en place par les équipementiers chinois et évoquant de possibles risques de cybersécurité. Ces craintes amènent donc à s’interroger sur la nature de leurs risques.

Ces risques sont multiples et prennent différentes formes. Parmi eux, ceux de domination et de cybersécurité reviennent le plus régulièrement et incarnent sans aucun doute les craintes fondées quant à la présence chinoise sur le marché des télécommunications. La mise sur écoute du siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba, en Janvier 2017 reste jusqu’à aujourd’hui l’exemple le plus emblématique de ce manque de fiabilité des équipementiers chinois en termes de cybersécurité. Les opérateurs de réseaux font également face à des risques de dépendance alors que les gouvernements s’exposent à des risques financiers.

Les risques eux-mêmes s’expliquent par une multitude de paramètres. Ainsi, ils dépendent des régions du continent africain, de la maturité et de la taille des opérateurs téléphoniques. Mais aussi de la dépendance ou non de ces mêmes opérateurs de réseaux aux équipementiers chinois, du degré d’endettement des gouvernements africains mais aussi de la réglementation des pays en question. Enfin, du taux de pénétration de la Chine dans ces pays voire parfois tout simplement des relations qu’entretiennent ces pays avec l’Empire du Milieu.

Cette présence n’est évidemment pas dangereuse partout ni tout le temps mais elle apporte son lot de risques. Ainsi, il semblerait que certains types de contrats soient plus risqués. C’est le cas des contrats de gré à gré en particulier qui, à la différence des autres, ne sont encadrés ni en termes de financement ni en termes de qualité. De la même façon, l’absence d’assistants à maîtrise d’ouvrage – normalement mandatés par les institutions internationales comme la Banque Africaine de Développement ou la Banque Mondiale – permet de nombreuses dérives.

Ces acteurs ne subissent pas ces risques de la même façon non plus. Les consommateurs sont relativement épargnés étant donné qu’ils bénéficient de cette présence vu les prix pratiqués. A l’inverse, les opérateurs de réseaux peuvent faire face à des difficultés de diversification de leurs approvisionnements en composants électroniques dans un contexte où ils doivent souvent arbitrer entre le prix d’achats des équipements, la taille et la densité des zones à couvrir.

Enfin, les gouvernements n’ont pas toujours la trésorerie nécessaire, ni les ambitions ni même la volonté politique de se doter d’infrastructures souveraines, et ainsi de se passer des équipementiers chinois, parfois par peur de représailles économiques. Les cas du Maroc et de l’Afrique du Sud sont pertinents à cet égard car ils ont fait ce choix. D’autres pays en particulier en Afrique subsaharienne, ont souvent fait le choix contraire, pour des questions évidentes d’équilibre de leur balance des paiements et de leur budget national.

Ces risques concernent également les types d’équipements. Par exemple, les réseaux mobiles – cœur de métier des équipementiers chinois – semblent plus risqués que les câbles sous-marins, technologie pour laquelle ils n’ont pas spécialement développé d’avantages comparatifs jusqu’ici.

Par ailleurs, les acteurs africains n’ont pas toujours conscience de ces risques voire n’ont souvent pas d’autres alternatives. Le prix reste le premier déterminant pour acheter ces équipements étant donné leur pouvoir d’achat limité. Pour tenter de remédier à cela et diversifier leurs portefeuilles, les opérateurs de réseaux tentent de plus en plus de ne pas recourir aux prêts vendeurs et d’autofinancer leurs infrastructures. Concernant les gouvernements, la grande majorité d’entre eux ne se soucie pas des potentiels risques de leurs équipements car ils ont des problématiques bien plus urgentes pour leurs populations et le développement de leur pays.

Enfin, ces risques pourraient s’aggraver dans les prochaines années, notamment du fait du développement de la 5G sur le continent, technologie essentiellement dominée par les équipementiers chinois. La forte croissance de Huawei et de ZTE et les récentes difficultés de Nokia et Ericsson vont également dans ce sens. De plus, ces équipementiers chinois sont désireux de s’installer dans la durée en Afrique. Cette présence va donc être amenée à perdurer voire à s’accroître encore sur le contient. Cependant, l’interdiction de Huawei aux États-Unis et a fortiori en Europe risque de rebattre les cartes car de nombreux opérateurs de réseaux sont des acteurs internationaux et opèrent sur ces marchés.

Hamed Ghiaie, Professeur d’économie et de politique publique, ESCP Business School, Paris et Arthur Cassim Dramsi, ESCP Business School

(Source : Social Net Link, 2 juillet 2021)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 4374/4918 Régulation des télécoms
  • 357/4918 Télécentres/Cybercentres
  • 3325/4918 Economie numérique
  • 1805/4918 Politique nationale
  • 4918/4918 Fintech
  • 528/4918 Noms de domaine
  • 1783/4918 Produits et services
  • 1513/4918 Faits divers/Contentieux
  • 757/4918 Nouveau site web
  • 4781/4918 Infrastructures
  • 1698/4918 TIC pour l’éducation
  • 197/4918 Recherche
  • 250/4918 Projet
  • 3292/4918 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1831/4918 Sonatel/Orange
  • 1593/4918 Licences de télécommunications
  • 311/4918 Sudatel/Expresso
  • 947/4918 Régulation des médias
  • 1239/4918 Applications
  • 1047/4918 Mouvements sociaux
  • 1606/4918 Données personnelles
  • 145/4918 Big Data/Données ouvertes
  • 602/4918 Mouvement consumériste
  • 367/4918 Médias
  • 667/4918 Appels internationaux entrants
  • 1605/4918 Formation
  • 102/4918 Logiciel libre
  • 2086/4918 Politiques africaines
  • 954/4918 Fiscalité
  • 169/4918 Art et culture
  • 595/4918 Genre
  • 1596/4918 Point de vue
  • 1005/4918 Commerce électronique
  • 1645/4918 Manifestation
  • 324/4918 Presse en ligne
  • 132/4918 Piratage
  • 209/4918 Téléservices
  • 888/4918 Biométrie/Identité numérique
  • 321/4918 Environnement/Santé
  • 335/4918 Législation/Réglementation
  • 344/4918 Gouvernance
  • 1769/4918 Portrait/Entretien
  • 149/4918 Radio
  • 738/4918 TIC pour la santé
  • 277/4918 Propriété intellectuelle
  • 63/4918 Langues/Localisation
  • 1068/4918 Médias/Réseaux sociaux
  • 1977/4918 Téléphonie
  • 196/4918 Désengagement de l’Etat
  • 1047/4918 Internet
  • 118/4918 Collectivités locales
  • 454/4918 Dédouanement électronique
  • 1095/4918 Usages et comportements
  • 1057/4918 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 564/4918 Audiovisuel
  • 3183/4918 Transformation digitale
  • 385/4918 Affaire Global Voice
  • 171/4918 Géomatique/Géolocalisation
  • 320/4918 Service universel
  • 669/4918 Sentel/Tigo
  • 181/4918 Vie politique
  • 1536/4918 Distinction/Nomination
  • 36/4918 Handicapés
  • 762/4918 Enseignement à distance
  • 758/4918 Contenus numériques
  • 594/4918 Gestion de l’ARTP
  • 185/4918 Radios communautaires
  • 1732/4918 Qualité de service
  • 437/4918 Privatisation/Libéralisation
  • 140/4918 SMSI
  • 476/4918 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 2751/4918 Innovation/Entreprenariat
  • 1395/4918 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 52/4918 Internet des objets
  • 175/4918 Free Sénégal
  • 608/4918 Intelligence artificielle
  • 226/4918 Editorial
  • 25/4918 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous