En Afrique de l’Ouest, Orange Côte d’Ivoire se place au centre du jeu
mardi 26 janvier 2016
En prenant le contrôle de deux opérateurs, au Burkina et au Liberia, le leader ivoirien fait grimper ses revenus de moitié et devient le deuxième hub régional du groupe français, après Sonatel, au Sénégal.
Des dossiers importants à traiter, le PDG d’Orange n’en manque pas en ce début d’année. À commencer par les négociations avec Martin Bouygues pour la prise de contrôle de Bouygues Télécoms, quatrième opérateur français. Mais lors de ses vœux à la presse, le 12 janvier, Stéphane Richard a préféré débuter son intervention en annonçant l’acquisition de Cellcom, deuxième acteur de la téléphonie mobile au Liberia avec environ 1,5 million de clients (soit une part de marché de 45 %). Le montant du deal – non confirmé par Orange – serait d’un peu moins de 100 millions d’euros.
Dans la foulée, Stéphane Richard a aussi dévoilé qu’un accord allait être trouvé avec l’indien Bharti Airtel pour l’achat de deux opérateurs de téléphonie mobile, au Burkina Faso et en Sierra Leone. La transaction, finalement confirmée le lendemain, serait comprise entre 600 millions et 800 millions d’euros. Les filiales détiendraient respectivement 35 % et 50 % de part de marché, totalisant 6 millions de clients.
« L’Afrique reste un territoire à fort potentiel pour notre groupe », a insisté le PDG. Deux mois après avoir cédé sa part de 70 % dans Telkom Kenya au capital-investisseur Helios Investment Partners, l’état-major d’Orange n’est pas mécontent de réaffirmer ses ambitions sur le continent. « Cela crédibilise notre discours », reconnaît Marc Rennard, PDG du holding qui contrôle les filiales africaines du groupe français.
La capitale ivoirienne, grande gagnante
Ces acquisitions renforceront la présence déjà très importante d’Orange en Afrique de l’Ouest, lui permettant de développer de nouvelles synergies, qu’il s’agisse du sponsoring de la Coupe d’Afrique des nations, de l’optimisation de ses réseaux ou du déploiement des services financiers sur téléphone mobile.
Abidjan est le grand gagnant de ce coup d’accélérateur. Une fois l’accord des autorités de régulation obtenu, les filiales du Burkina Faso et du Liberia seront rattachées à Orange Côte d’Ivoire (et la Sierra Leone, à Sonatel). Mamadou Bamba, son directeur général, se retrouvera alors à la tête d’un groupe régional réalisant plus de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires et comptant plus de 16 millions de clients. Une fois la fusion juridique avec Côte d’Ivoire Télécom (filiale du groupe pour le téléphone fixe) réalisée, le total grimperait à environ 1 milliard d’euros.
L’opérateur historique sénégalais Sonatel, qui hérite pour sa part de la Sierra Leone, était jusque-là le principal véhicule de l’expansion d’Orange (qui est son actionnaire de référence) dans la zone, gérant le Mali, la Guinée et la Guinée-Bissau en plus de son marché domestique.
Julien Clémençot
(Source : Jeune Afrique, 26 janvier 2016)