Deux ans après la libéralisation des télécoms au Sénégal : Tigo réclame toujours le droit d’offrir l’international
samedi 27 mai 2006
Après avoir relevé et signalé les « tracasseries » dont ils font l’objet, le directeur général et le directeur des ressources humaines de Tigo ont fustigé le monopole de la Sonatel qui continue sur les appels internationaux qui constituent « la niche » la plus intéressante de la téléphonie. « Pour les appels internationaux, Tigo utilise les installations de la Sonatel parce que nous envoyons l’appel à Sonatel qui envoie la communication sur l’international », a expliqué M. Niane. Et de marteler : « ce n’est pas normal parce que nous avons les infrastructures nécessaires. Le cahier des charges est clair, on a le droit. nous étions limités au début mais depuis que la fin du monopole est annoncée en juillet 2004, on a le droit comme la Sonatel ». Le directeur des ressources humaines a fait savoir que « Tigo est capable d’envoyer les communications de ces clients partout à travers le monde ». Selon lui, « c’est l’Artp qui nous refuse ce droit ». Il a argumenté que « L’international est un enjeu aujourd’hui de 75 milliards, il sera de 100 milliards et même plus d’ici la fin de l’année et même l’année prochaine. Tigo ne pouvait pas offrir l’international parce que Sonatel avait le monopole sur cette niche qui est la plus rentable du secteur d’activités. Mais le monopole est terminé depuis 2004 ».
M. Niane n’a pu s’empêcher de rappeler que Amadou Top avait prédit que « le monopole de droit allait être suppléé par le monopole de fait ». De son avis, aujourd’hui les faits lui donnent raison. « Deux ans après, on est toujours sous l’ère des monopoles. Il n’y a qu’un seul réseau fixe et il n’y a qu’eux qui ont accès sur l’international malgré le fait que le cahier des charges et la licence de Tigo lui donnent le droit librement de faire l’international parce qu’il n’y a plus de limitation », a regretté le responsable de Tigo. D’un ton ironique, il a lancé : « maintenant que ce monopole est levé et que dans le cahier des charges tout nous donne le droit de faire de l’international, l’Artp estime que nous ne pouvons pas encore le faire pour des raisons que nous ne comprenons toujours pas ». L’Art est censé incarner le droit. « C’est la justice pour nous ». Tigo a révélé qu’il ne peut saisir d’autres instances pour se plaindre parce que c’est beaucoup plus profond.
Le directeur de la réglementation de la Sonatel qui a pris part à ce média-dialogue organisé hier, vendredi 26 mai par le programme Catia 1c et l’institut Panos, ne s’est pas prononcé sur les affirmations de son principal et unique concurrent pour l’instant. Yacinthe Sarr n’a pas attendu les questions des journalistes parce qu’il est parti juste après le panel.
I. L. FAYE
(Source : Sud Quotidien, 27 mai 2006)