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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2021 > Janvier 2021 > Dans l’intimité des victimes de cyber harcèlement

Dans l’intimité des victimes de cyber harcèlement

lundi 11 janvier 2021

Cybersécurité/Cybercriminalité

Par excès de confiance ou crédulité, des personnes ont été victimes de cybercriminels. Entre chantage, harcèlement ou encore menace en ligne, ces Sénégalais (e) ont vu leurs vies basculer. Souvent dans le pire.

Ndèye Awa* n’en revient toujours pas. Dans sa chambre au décor rustique, la jeune fille est ployée, le menton au creux de la main, le regard perdu. Puis, comme tirée d’un rêve étrange, elle se réajuste et fait craquer ses phalanges. Le bruit couvre un instant la stridulation des grillons au dehors. Après un soupir, elle lâche : « J’ai été très naïve en lui envoyant mes photos nue. Maintenant, je regrette amèrement. » Ndèye Awa est tombée dans les filets d’un arnaqueur sur Facebook. Ce dernier l’avait contactée via ce réseau, prétextant la mettre en rapport avec un partenaire européen qui pourrait l’aider financièrement dans son business. Crédule, la jeune étudiante en Droit tombe dans le piège. L’homme utilise son « statut de riche partenaire » et demande à la jeune fille de lui envoyer des photos d’elle nue, moyennant une forte somme d’argent. Une fois en possession de ces images obscènes, il demande à sa victime de lui communiquer son numéro de téléphone afin qu’il puisse lui envoyer de l’argent. Ceci fait, Ndèye Awa était loin de s’imaginer que son interlocuteur était un Sénégalais et que loin de vouloir l’aider, l’homme voulait profiter d’elle. « A la place d’argent, il m’a dévoilé via Whatsapp son identité et m’a dit : « Je suis en possession de tes photos, il faut m’envoyer de l’argent ou accepter de coucher avec moi, sinon je les publie, souffle l’étudiante, la voix tremblotante. Prise de panique et sans le sou, je suis allée porter plainte à la gendarmerie. Les pandores m’ont convaincue de me plier à son chantage et d’aller au rendez-vous fixé. » Une fois sur place, les gendarmes alpaguent l’homme avant qu’il n’ait le temps de mettre à exécution sa menace. Une mésaventure dont l’étudiante peine toujours à se remettre. Si Ndèye Awa s’en est tirée sans gros frais, tel n’est pas le cas pour beaucoup d’autres. Entre chantage, menace ou harcèlement, ces victimes de cyber harcèlement y laissent, la plupart du temps, des plumes.

« Comment un homme aussi respectable que moi a pu se laisser berner aussi bêtement ? »

La vie de Mamadou Diallo*, 50 ans, a basculé le jour où il a accepté la demande d’ami d’une Française dénommée Catherine sur Facebook. Une très belle nymphe dont les photos publiées sur le réseau laissaient deviner des formes généreuses. Le comptable dans une entreprise de la place, très intéressé par cette liane, entre en contact avec elle. L’homme, pourtant marié et père de trois enfants, commence à discuter avec elle. A l’insu de sa femme, Mamadou entame une relation virtuelle avec sa partenaire. « Nous commencions à être très proches. On parlait sur Messenger pratiquement toute la journée. Elle m’avait même promis qu’elle allait venir me voir », se rappelle tristement l’homme. La voix traînante, il poursuit : « J’étais loin de me douter qu’elle n’était pas celle qu’elle prétendait être. » Jusqu’à ce qu’elle commette l’irréparable. Un jour, profitant de l’absence de sa femme, Mamadou contacte Catherine via WhatsApp. La dame balance l’appel vocal en vidéo. C’était le début du cauchemar. « Dès que j’ai accepté l’appel, j’ai découvert une Catherine toute nue qui se déhanchait devant l’appareil. Elle m’a demandé d’en faire autant. » Loin de se douter qu’il s’agissait d’une vidéo préenregistrée, le comptable se met en tenue d’Adam. Une fois la conversation terminée, le comptable reçoit un message dans lequel un homme lui dit qu’il détient sa vidéo nu et qu’il ne la lui remettra qu’en échange de 100 000 Fcfa, sinon la vidéo sera diffusée. « Je n’arrivais plus à fermer l’œil. J’étais complètement désemparé. Comment un homme aussi respectable que moi a pu se laisser berner aussi bêtement ? J’ai commencé à penser aux conséquences de mes actes, à mes collègues, ma famille etc. J’étais sur le point de céder à leur chantage, mais mon meilleur ami m’en a dissuadé », explique-t-il. Deux jours après le fameux appel, Mamadou dépose une plainte contre X. « Ce sont les gendarmes qui m’ont dit qu’en réalité, c’est un homme qui était derrière le compte. Et qu’il s’agissait d’un étranger vivant au Bénin. Ils m’ont sommé de rompre tout contact avec eux et de fermer tous mes comptes ». Chose que le comptable fera. Sans se poser de questions. Le chantage a cessé à cet instant, mais Mamadou vit encore aujourd’hui, avec la peur au ventre. Khadija* ne sera pas aussi chanceuse. A 18 ans, la jeune élève en classe de Terminale dans un lycée de la place entretenait une relation amoureuse avec une personne plus âgée qu’elle. Une matinée, alors que le vieux était venu lui rendre visite, leur intimité sera violée par le zoom intrusif d’une caméra. Elle raconte : « Nous étions seuls au salon, dans une position assez compromettante. J’avais oublié de fermer les fenêtres qui donnaient sur la rue. Nous étions loin de nous douter que nous étions espionnés. » Khadija pensant à une blague de mauvais goût n’en fera pas grand cas. Jusqu’au jour où, alors qu’elle était en pleine révision, elle reçoit un message de la part d’un numéro inconnu. La jeune fille tombe des nues, lorsqu’elle réalise qu’en fait de message, il s’agissait de sa propre vidéo en toute intimité avec son amant. « Mes mains sont devenues subitement moites et je tremblais comme une feuille. » Khadija n’était pas au bout de ses surprises. Quand l’expéditeur a décliné son identité, elle a manqué de s’évanouir. « Il s’agissait de mon voisin. Et, comme si cela ne suffisait pas, il m’a exigé de coucher avec lui, sans quoi il allait diffuser mes images obscènes. » Le chantage se poursuivra pendant 4 jours. « Il ne cessait de m’envoyer des photos et vidéos. C’était à la limite du harcèlement. Plus le temps passait, plus je me disais que je serai perdue si les vidéos tombaient entre les mains de ma famille. » Totalement paniquée, elle se résout à en parler à son amant. Ce dernier la convainc de s’en ouvrir à la brigade de gendarmerie de Colobane. Mis au parfum, les pandores parviendront, au bout d’un traquenard bien huilé, à mettre la main sur le quidam. Au grand bonheur de la lycéenne.

« Mon aventure virtuelle avec un inconnu a failli me coûter mon mariage »

Aminata* ne pourra pas en dire autant. Mariée à un émigré, elle s’est éprise d’un autre par un pur hasard. La voix cassée, elle raconte. « Mon mari avait voyagé et j’ai reçu un message d’un numéro inconnu. L’homme en question a commencé à me draguer en m’envoyant des vidéos pornographiques, des messages coquins. Je lui ai demandé de décliner son identité, mais il a refusé. » Déconcertée au début, la mariée prend goût au jeu de la drague. « J’ai commis l’erreur de ne pas avoir bloqué son numéro dès ce jour. Au lieu d’être ferme, j’ai joué le jeu. » L’idylle dure deux semaines avant de dégénérer. « Un jour, alors que mon époux était présent à la maison, l’homme m’a appelé et puis a commencé à me bombarder de messages salaces. Je lui ai dit que mon mari était là. Il s’en est moqué, menaçant de tout révéler à mon époux. J’étais dans la chambre et à ma grande surprise, mon mari a déboulé de la salle de bain pour s’emparer de mon téléphone. Il a menacé de me répudier », explique-t-elle. Suffisant pour que dès le lendemain, Amy bloque le numéro sur tous les réseaux. Malgré cela, l’inconnu persistait dans ses appels. « Il utilisait d’autres numéros pour m’appeler. C’étaient des messages et des appels à chaque minute. Mon aventure virtuelle avec cet inconnu a failli me coûter mon mariage. » Lassée, sur le point de perdre son époux, Amy décide de porter plainte à la brigade de Gendarmerie. Les pandores retracent les appels et finissent par arrêter l’homme. Et le mariage d’Aminata a pu être sauvé. In extremis.

Capitaien Massène Dièye, Chef du Centre des systèmes d’information de la Gendarmerie : « Au courant de l’année 2020, la brigade de cybercriminalité a enregistré 163 plaintes pour sextorsion »

« Le cyberharcèlement n’est pas prévu par le code pénal du Sénégal. Par contre, la cybercriminalité est l’ensemble des infractions qui sont commises à travers internet. Soit internet est le moteur ou c’est le moyen. Ces infractions sont pour la plupart, liées à la détention des données à caractère personnel, la diffusion des données à caractère personnel ou la diffusion de données contraires aux bonnes mœurs. Et pour chaque infraction, des peines sont prévues. Quand le dossier est bien ficelé, les arnaqueurs seront déférés et condamnés. C’est devenu un fait assez courant. Nous recevons beaucoup de plaintes dans ce sens. Rien que pour 2020, la brigade de cybercriminalité a enregistré 163 plaintes pour sextorsion, dont 121 chantages et menaces de publication et 42 montages et diffusion d’images ou vidéos. Pour l’arnaque à la Webcam, elle est souvent le fait d’étrangers. Les victimes sont des hommes. En général, la plupart des arnaqueurs demandent aux victimes de leur envoyer de l’argent. Si la victime cède, cela devient une spirale infernale. Par contre, si la victime se présente chez nous dès le début, il y a de fortes chances que cela cesse. Il arrive des cas où le maître chanteur s’en rend compte et essaie de copier vos contacts sur Facebook afin de leur envoyer vos vidéos compromettantes. Et c’est ce qui fait justement peur à plusieurs personnes. Il est difficile de mettre la main sur des maîtres-chanteurs établis à l’étranger car, il n’y a pas une coopération directe entre les pays de la sous-région (…).

Du côté des femmes, le plus souvent, ce sont des Sénégalais qui sont à l’origine de ces chantages. Ils le font pour une valeur sexuelle. Et dans ces cas, on tend un guet-apens au maître-chanteur, en complicité avec la victime, pour l’alpaguer. Le plus souvent, le maître-chanteur nie les faits, mais nous avons, à notre disposition, des logiciels qui nous permettent de retrouver la vidéo compromettante sur son téléphone, de retracer les échanges, même si elles ont été supprimées et de constituer un dossier. Par contre, quand les victimes viennent nous voir tardivement, elles courent le risque de voir leurs vidéos divulguées. Il y a aussi des victimes qui ne se signalent pas. Par pudeur. C’est pour cette raison que la gendarmerie compte mettre en place une plateforme de signalement en ligne afin de leur permettre de déposer plainte en ligne. »

Aïcha Goudiaby

(Source : L’Observateur, 11 janvier 201)

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