Corruption : Le forum civil exige l’adoption d’un projet de loi pour l’accès du citoyen à l’information sur la gestion des ressources
mercredi 27 octobre 2010
Le Forum civil a publié, mardi, les résultats de l’indice de perception de la corruption. Sans trop grande surprise, notre pays est en train de s’enfoncer dans le plus horrible des précipices. Trois ans successifs, le Sénégal fait partie des 74 pays les plus corrompus de la planète.
Le Sénégal s’enfonce d’avantage dans les pratiques corruptives. En effet, notre pays occupe, cette année, la 105ème place au niveau mondial parmi 178 pays avec une note de 2.9 à égalité avec le Kazakhstan, l’Algérie entre autres. Notre pays a la même note qu’en 2001 et, en plus, il connait une forte régression régulièrement depuis 2008.
Pour cette année-ci, on constate un important recul du score et du rang du Sénégal : la note de 2010 est égale à celle de 2001. Ces variations dans la zone rouge confirment que la corruption gangrène dangereusement notre pays.
D’ailleurs, les récentes modifications du code des marchés publics ne contribuent pas à une gestion transparente de la passation de la commande publique et elles montrent le manque de volonté politique réelle dans la lutte contre la corruption parce que l’Etat encourage la passation sans contrôle et ouverte au gré-a-gré.
En plus, même les cas de mal gouvernance révélés par les rapports d’audit de l’ARMP ou par la presse ne connaissent souvent aucune suite judiciaire sérieuse. C’est l’impunité totale qui sanctionne souvent les mal gouvernants et parfois ils sont même promus sur le plan politique.
« Nous soutenons les efforts afin d’éclairer l’opinion sur le processus d’attribution de la troisième licence de téléphonie à Sudatel entrepris par le journaliste Abdou Latif Coulibaly et par le mouvement Yemale de Bara Tall », laisse entendre M. Paul Dominique Corréa du Forum civil -section sénégalaise.
Le Forum civil, section sénégalaise, dénonce aussi « fortement les modifications apportées au code des marchés publics, d’autant plus que c’est la constitution qui stipule que c’est le Président qui définit la politique de la nation. Par conséquent, il ne devrait pas y avoir des structures logées à la Présidence encore moins qui puissent se soustraire au contrôle de l’ARMP ».
Le Forum civil estime, par ailleurs, que les organes de contrôle comme la CENTIF, l’IGE, la Cour des comptes et la Commission Nationale de la Lutte contre la Corruption et la Concussion représentent une énorme possibilité dans la lutte contre la corruption s’ils jouent pleinement leurs rôles.
Car les membres du Forum civil section sénégalaise se disent convaincus que « sans les possibilités d’auto-saisine par exemple, ou la publication sans modification des rapports, et le déclenchement automatiquement d’enquêtes judiciaires indépendantes, ces organes resteront impuissants et inefficaces ».
Estimant que le Sénégal se trouve à la croisée des chemins dans la consolidation de sa démocratie comme le montre les enjeux des élections en 2012 font déjà les pages de la presse sur les thèmes de l’audit du fichier électoral, de la qualité de décisions potentielles du conseil constitutionnel et de la gestion transparente du processus électoral, parmi d’autres, le Forum civil souligne que la transparence et la bonne gouvernance sont indispensables pour garantir non seulement le choix des citoyens aux urnes, mais aussi la stabilité du pays.
C’est pourquoi le Forum Civil invite le gouvernement à adopter un projet de loi pour améliorer l’accès à l’information du citoyen sur la gestion des ressources et politiques publiques. En ce sens que la corruption a un impact sur chaque citoyen a travers le gaspillage des ressources publiques.
Pour le Forum Civil, il convient de rappeler avec force que la lutte contre la corruption est, par conséquent, la responsabilité de tout citoyen. « Nous avons le droit et la responsabilité de demander à l’Etat de nous rendre compte » indique Paul Dominique Corréa.
C’est ainsi qu’il invite tous les secteurs de la vie nationale, par une large coalition citoyenne, à s’impliquer activement dans la lutte pour la promotion des valeurs d’intégrité et de responsabilité afin que, par l’éducation et la sensibilisation, nos pratiques de gestion publique soient ancrées dans les valeurs fondatrices de notre société telles que, « le diom, le ngor », car soutient le Forum civil, il s’agit, avant tout, d’un enjeu de développement et de justice sociale.
(Source : Ferloo, 26 octobre 2010)