Congo-Kinshasa : Le gouvernement supprime la taxe RAM sur les téléphones mobiles
dimanche 20 février 2022
Le gouvernement cède enfin à la pression du parlement et de la société civile. Fini les prélèvements de la redevance sur les téléphones mobiles au titre du registre des appareils mobiles (RAM). La décision a été prise ce week-end et elle prendra effet dès le mois de mars.
Ce service était très critiqué depuis son lancement en 2020. Les utilisateurs se plaignaient notamment de son coût, entre 1 et 14 dollars voire plus. Les organisations de consommateurs appellent à rembourser les sommes indûment prélevées aux utilisateurs ces deux dernières années.
La suppression de cette redevance est une réponse au cri de détresse de la population selon les autorités. Mais pour Joël Lamika, du mouvement dit des consommateurs lésés, c’est la résultante d’une lutte citoyenne. Même après cette décision, des questions perdurent. « Nous ne savons pas exactement combien exactement a été récolté, où est-ce que cela est logé, à quoi est-ce que cela va servir. Nous avons besoin d’être remboursés et dédommagés. »
Fin septembre, le ministre des télécommunications assurait que seuls 25 millions USD ont été collectés grâce à cette redevance, c’est 10 fois moins que ce qu’avance l’ODEP, une ONG spécialisée dans les finances publiques. Valérie Madianga, son porte-parole.
« Nous sommes face à des gens qui ont planifié l’escroquerie à grande échelle, en percevant d’après nos enquêtes, plus de 260 millions de dollars en 2021 et ils ne figurent pas ni dans le budget général, ni dans les comptes spéciaux, moins encore dans le budget annexe. »
Le député André-Claudel Lubaya, se veut intransigeant. « Il faut des poursuites pour que des sommes qui ont été collectées pendant autant de temps, leur utilisation, leur affectation, soit clarifiée, soit tracée et qu’elles soient restituées aux victimes. Lever la mesure sans poursuites judiciaires ne résout aucun problème ».
Officiellement, les recettes du RAM étaient réparties en raison de 5 % pour les télécoms, 65% pour l’Etat et les 30 % restants à un opérateur privé dont les prestations restent troubles.
Pascal Mulegwa
(Source : RFI, 20 février 2022)