Comment l’UIT propose de parvenir à une connectivité « universelle et significative » pour l’Afrique
vendredi 23 septembre 2022
Au cours des trente dernières années, l’accès aux services télécoms a progressé dans le monde. En Afrique en particulier, de grands changements ont été observés à divers niveaux. Mais des faiblesses demeurent et mettent à mal la croissance du continent à l’heure de la transformation numérique.
Pendant longtemps, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a prôné un accès universel à Internet en Afrique, qui permettra à l’ensemble de la population du continent de bénéficier des dividendes numériques. Mais à l’heure de la transformation numérique, l’agence des Nations Unies estime que ça ne suffit plus. Elle appelle désormais à une connectivité universelle et significative. Elle préconise une approche à trois volets pour y parvenir.
Dans son Global Connectivity Report 2022, l’UIT indique que combler le déficit de couverture est le premier problème à résoudre. L’institution spécialisée explique que connectivité universelle « signifie la connectivité pour tous, mesurée à travers quatre catégories : les personnes, les ménages, les communautés et les entreprises ».
En Afrique, 82% de la population est déjà à portée d’un réseau mobile à large bande (3G ou plus). Cependant, le manque d’infrastructures et de services dans les régions les plus pauvres signifie que des angles morts subsistent. Sur le continent, seul 25% de la population vit à moins de 10km d’un réseau de fibre optique. Seul 7% des ménages peuvent potentiellement s’abonner à un réseau fixe.
Second point que soulève l’UIT pour parvenir à une connectivité universelle et significative c’est de combler le déficit d’usage. En Afrique, seul 33% de la population utilise Internet. Pour une expérience en ligne satisfaisante, enrichissante et productive, l’agence onusienne recommande, au-delà d’une couverture universelle, des prix d’accès abordables, des téléphones moins coûteux, le développement des compétences numériques de base des populations.
En Afrique, comme dans plusieurs régions du monde, la Commission du haut débit a qualifié d’abordable le forfait data mensuel de 2 Giga à un coût représentant 2% du revenu national brut par habitant. C’est d’ailleurs l’objectif à atteindre d’ici 2025. Beaucoup d’efforts sont encore à fournir pour y parvenir sur le continent.
Pour ce qui est des smartphones, ils sont encore assez chers en Afrique. Sur un continent où 85% de la population vit avec moins de 5,50 $ par jour selon la Banque mondiale, l’UIT estime que le coût d’un appareil avoisine encore 33% du revenu national brut par habitant.
Enfin, une connectivité universelle et significative pour l’UIT c’est aussi un accès en ligne sûr. Prendre les mesures qui s’imposent pour préserver la vie privée, combattre la propagation des fausses nouvelles, préserver les enfants en ligne sont autant de batailles à remporter impérativement en Afrique où seuls 29 pays avaient une législation sur la protection des données ; 23 une stratégie nationale de cybersécurité ; 19 un centre d’alerte et de réponse aux cyberattaques (CERT). Dans son Global Cybersecurity Index 2020, l’UIT révélait également que seuls 17 avaient une législation sur le harcèlement en ligne.
Muriel Edjo
(Source : Agence Ecofin, 23 septembre 2002)