Internet, nous entendons souvent en parler et savons vaguement à quoi renvoie le concept. Nous pêchons surtout quand nous sommes confrontés à
des questions pratiques et à certains autres aspects fonctionnels de l’outil. Babacar est un journaliste dans un organe de presse de la place. Il entend
toujours parler de « Internet », « réseau des réseaux », « se connecter », « surfer », etc. sans jamais savoir de quoi il s’agit vraiment. Il a toujours voulu découvrir, être initié mais le langage est tellement hermétique et ses rares collègues initiés au maniement de ce nouvel outil dans son entourage tellement mystificateurs qu’il s’été résolu à mettre une croix sur cela et à ne s’occuper de ce qu’il sait faire le mieux : collecter de l’information et écrire des articles avec son vieux ordinateur. Il en est ainsi jusqu’au jour où une de ses sources l’appelle au téléphone et lui demande de lui communiquer son adresse électronique pour qu’il lui envoie directement dans son ordinateur un scoop. Babacar n’en avait pas. Il avait aussi entendu parlé de adresse électronique mais n’en avait qu’une vague idée. C’est ce jour-là qu’il s’est décidé à percer le mystère internet. Il prend alors l’attache d’un de ses collègues initié. Au bout d’une trentaine de minutes passées devant l’ordinateur, Babacar disposait d’un « e-mail » dans une messagerie gratuite grâce à laquelle il pouvait désormais envoyer et recevoir des messages partout dans le monde. Il a appris en si peu de temps à se connecter, surfer avec un navigateur, de pages web en pages web. Le reste, lui avait dit son collègue, c’est une question de curiosité et d’habitude. C’est à la fois surpris par la relative facilité
d’utilisation de l’outil et content d’avoir enfin percer le mystère que Babacar lance : « c’est ça seulement ». Ils sont légions les Sénégalais qui, comme Babacar, ont longtemps entendu parler de Internet mais sans savoir comment ça marche.
Les spécialistes situent le développement d’Internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui, au début des années soixante-dix. Il a été conçu par le
ministère américain de la défense. Le réseau était alors construit pour permettre à l’armée américaine de poursuivre son travail en cas d’attaque armée, même si une partie du réseau venait à être détruite. L’Agence des programmes de recherche avancée (Arpa) du ministère américain de la Défense avait décidé que la meilleur façon pour un système de communication de se prémunir contre toute attaque était d’être totalement décentralisé. Ainsi, le réseau qui prend le nom de Arpanet fit-il relier chaque ordinateur à un certain nombre d’entre autres, par des câbles à transmission de données ultrarapide. « Lorsqu’un ordinateur A désire envoyer un message à un ordinateur B, il le divise en »paquets« . Chaque paquet est envoyé à l’ordinateur voisin C avec une note de l’adresse de B. L’ordinateur C cherche le meilleur routage en direction de B et transmet le message. Si l’ordinateur C disparaît, A contact ses autres voisins ». Cette méthode permet de contourner les obstacles et de réorienter les messages. C’est sur ce schémas particulier que repose Internet et c’est lui qui permet au réseau d’être le média libre qu’il est aujourd’hui. Il n’appartient à aucun État ou lobby et ne peut être aisément contrôlé par eux.
La référence à Arpanet amène souvent à penser que Internet est sa suite. Faux, rétorque Jean-Claude Guédon, professeur au département de littérature
comparée de l’université de Montréal et membre de l’Internet society. Selon lui, « à la différence d’Arpanet, l’Internet vise à interconnecter tous les réseaux, y compris ceux qui ne sont pas encore inventés »(voir le numéro spécial de « La Recherche » de février 2000). Internet est souvent appelé le « réseau des réseaux ». Il se compose de milliers d’ordinateurs en ligne 24 heures sur 24, prêtes à envoyer, recevoir et transmettre des messages d’ordinateurs connectés partout dans le monde. Le réseau Internet permet de transmettre, sous forme numérique, du texte, de l’image, du son et de la vidéo entre des
personnes, partout à travers le monde.