Pour le non-respect du pluralisme dans le traitement de l’information, le Haut conseil de l’audiovisuel (Hca) vient encore de condamner la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts). L’avis du Hca, qui couvre le deuxième semestre de l’année 2004, reproche à la Rts de ne pas respecter la loi de 1998 qui fait obligation à la télévision nationale d’organiser toutes les semaines « une émission réservée aux partis politiques pour leur permettre d’évoquer les questions d’actualité nationale et internationale, sous forme de débat contradictoire ». Le constat fait par l’organe de régulation des médias est que la Rts ne le fait plus de manière régulière. Ce qui est une violation flagrante de la loi, note-t-il. Cette émission qui devrait réunir des représentants des partis politiques, des syndicats et des personnalités de la société civile, aussi des journalistes de la presse privée, permettrait de refléter le pluralisme des opinions dans le pays et l’accès équitable de ces derniers aux médias publics. Mais, la Rts fait fi de ces dispositions légales, poursuit le Hca dans son bulletin semestriel. Et, l’émission intitulée « Débat » organisée par Radio Sénégal ne correspond pas à celle prévue par la loi.
Autres manquements de la Rts : « L’absence de réaction systématique des courants d’expression de l’opposition sur les grandes questions » à la télévision. Mais aussi le black-out sur les images de personnalités politiques présidant des cérémonies diffusées. C’est le cas, note-on, du leader de la Ld/Mpt, Abdoulaye Bathily, lors des journées hivernales de son parti. Au moment où les manifestations d’expressions favorables au Parti démocratique sénégalais (Pds-au pouvoir), à la coalition CAP 21 et à l’Urd sont bien montrées.
Pour le Hca, « l’exercice du pluralisme de l’information exige le respect des règles déontologiques applicables à la profession du journalisme. » Mais, l’application de ces principes fait défaut dans les éditions en wolof de la Rts.
Sur ce, le Hca considère que le Rts « n’a pas exécuté convenablement le service public qui lui est confié dans le respect des exigences du pluralisme » de l’information.
Les déséquilibres et manquements constatés par le Hca ne concernent pas seulement la Rts. Il y en a aussi pour les radios privées. Les maux s’appellent, « diffusion de fausses nouvelles, divulgations d’identité de personnes impliquées dans des instances judiciaires » et le comble, « propos sarcastiques visant à discréditer l’Etat ou son chef ». A cela, poursuit le Hca, l’atteinte à la vie privée et à la considération des citoyens. Ces dérapages, déplore le Hca, sont souvent notés dans les émissions interactives.
Le traitement de l’information relevant de la justice, dans les radios, est aussi épinglé. Le Hca appelle les professionnels à la vigilance et regrette le fait que des avocats s’y mettent « en versant des éléments pendants en justice dans les stations radios ».
L’organe de régulation des médias regrette, enfin, la persistance des messages publicitaires des tradipraticiens dans les stations radios.
Cheikh Fadel BARRO
(Source : Le Quotidien, 29 janvier 2005)