Bénéfice faramineux de 146 milliards en 2006 : Avec son réseau défectueux, la Sonatel vit sur le dos de ses abonnés
jeudi 26 avril 2007
Autant elle s’enlise dans sa vaine tentative de servir à sa nombreuse clientèle un service mobile de qualité, soulevant ainsi la colère noire de l’Agence de régulation des télécommunications et postes (ARTP), autant la Sonatel respire une étincelante santé financière capable de faire des jaloux dans le monde des affaires. En effet, pour son bilan de l’exercice de l’année 2006, l’entreprise a amassé un bénéfice net de 146,9 milliards de nos francs. Un bien joli pactole pour les actionnaires constitués de France Télécom, de l’Etat du Sénégal, et des privés, au moment où les consommateurs broient du noir du fait d’un réseau abonné au chichi.
Affirmer que la Sonatel respire une étincelante santé financière relève d’une véritable lapalissade. Et les chiffres du bilan de l’exercice de l’année 2006 de la société, publiés par nos confrères de « Jeune Afrique » dans leur dernière livraison, l’attestent amplement. Rien que pour l’année 2006, la Sonatel, parée aux couleurs de Orange, la multinationale de téléphonie française, a réalisé un bénéfice net de 146,9 milliards de francs cfa. Un record faisant d’elle, l’une des entreprises les plus performantes du Sénégal. Position flatteuse, qu’elle occupe, d’ailleurs depuis ces dernières années marquées par l’écroulement simultané des entreprises (comme les Industries chimiques du la Société africaine de raffinage) qui faisaient naguère la fierté de l’économie nationale. Face à une telle prospérité, les actionnaires constituées de France Télécom (détenant 42% du capital), de l’Etat (avec 27%), des privés et des salariés du groupe affichent le sourire. Eux qui vont se partager les dividendes de la faramineuse somme de 146 milliards.
Derrière cette belle performance qu’affiche le premier opérateur de télécommunications au Sénégal, se cachent des incongruités qui font sortir de leurs gonds les nombreux abonnés qui étouffent de rage par rapport au service défectueux qui leur est souvent fourni. En fait, le réseau mobile connaît de façon récurrente des perturbations. Le seuil du tolérable a été atteint dans la journée du 18 avril dernier au cours de laquelle les communications furent impossibles dans les zones du Plateau et de la Médina. Il en était de même à Guédiawaye et Pikine. Cette situation a amené l’Artp a tapé sur la table, infligeant une sanction pécuniaire de 6 milliards de francs Cfa. Ce, après une première amende de 3 milliards que la société dirigée par Cheikh Tidiane Mbaye devait payer.
En outre c’est à Gandon et dans le Gandiol, localités situées à quelques kilomètres de Saint-Louis que se posent les plus sérieux problèmes de réseau. Y émettre ou y recevoir des appels relève d’une véritable gageure. Aussi, lors des incidents qui ont émaillé le dernier scrutin présidentiel à Saint-Louis et dans lesquels étaient impliqués le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, le préfet de Saint-Louis, dont l’autorité était sollicitée, est resté injoignable faute de réseau. C’est parce que tout simplement il se trouvait à Gandon. Conséquence, le couperet n’a pas tardé à s’abattre sur sa tête. D’autant que Me Ousmane Ngom et Cheikh Tidiane Sy ont réclamé et obtenu sa tête. Ainsi lors du Conseil des ministres du 11 avril dernier, M. Souleymane Cissé a été relevé de ses fonctions. Les populations du Fouta et celles de Kédougou sont également victimes de perturbations répétées sur le réseau de téléphonie mobile. Il faut dire que le problème touche une bonne partie de la population nationale puisque deux Sénégalais sur cinq sont abonnés à Orange. Une situation que ne peut pas juguler le téléphone fixe dont le nombre d’abonnés fait un peu plus de 280.000 personnes.
Par ailleurs c’est un véritable « malheur » que la Sonatel fait vivre aux petites et moyennes entreprises (Pme) qui travaillent exclusivement pour elle. Car celles-ci doivent attendre 100 jours pour être payées. Mais ces Pme doivent s’estimer heureuses puisque des entreprises de presse comme « L’As » sont obligés de poireauter pendant 180 jours pour le règlement d’une pauvre facture de 2,5 millions de francs Cfa. Ce retard n’est rien par rapport au chantage qu’elle fait subir aux journaux « rebelles » qui osent la critiquer. Le vert est-il dans l’Orange ?
Hawa Bousso
(Source : L’As, 25 avril 20007)