BCEAO - Système de paiement bancaire par carte : Les déposants préoccupés
vendredi 23 novembre 2007
La Banque centrale des Etats de l’Afrique l’ouest (Bceao) a initié une campagne de sensibilisation, de formation et de communication sur les nouveaux systèmes de paiement de l’Uemoa. Hier, c’était le tour des représentants d’organisations patronales, sociétés civiles, entreprises, d’être imprégnés de cet instrument. Des questions relatives au coût des agios et de la cherté des tenues de compte, ainsi que des chèques impayés et des cartes bancaires ont été soulevées par les participants.
Tout a mis en place pour faciliter la mise en place de nouveaux systèmes de paiement dans la zone de l’Uemoa. Il ne reste que les acteurs dans le dispositif et pour les faire adhérer, la banque a entrepris de les sensibiliser. Elle voudrait aussi passer du faible taux de 5% à une moyenne de 20% de bancarisation. Mais pour y arriver, il faut « rendre les banques attractives, sécuriser les usagers et accroître l’accès », a fait savoir Mme Fatimatou Zahra Diop, directrice des systèmes de paiement de la Bceao. Ce qui n’est pas évident avec une forte paupérisation et la présence des mutuelles et des systèmes financiers décentralisés. Mme Diop rassure quand même : « Nous avons beaucoup participé à la mise en place du système de microfinance. Nous avons participé à son développement. » Elle a précisé que « toutes les dispositions prudentielles ont été mises en place ».
Les participants à cette rencontre d’hier, comme M. Insa Mané de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) ont soutenu que « les agios et les frais de tenue de compte de même que les taux d’intérêt, freinent les gens à aller vers les banques ». D’autres, comme Mme Madeleine Diagne de la Sénégalaise des eaux (Sde), ont exprimé leurs préoccupations en termes de « récurrence des chèques impayés, et les banques ne réagissent pas normalement. Les cartes bancaires ne sont pas sécurisées à 100% et les banques devraient informer leur clientèle que n’importe qui peut prendre la carte bancaire d’autrui et l’utiliser ».
Mme Taylor, trésorière des stations-services Elton, a soutenu que leur « société fait partie des rares qui ont accepté les cartes bancaires et les chèques. Mais (ils sont) confrontés à un grand nombre de chèques impayés qui font l’objet de beaucoup de rejets. Pour la carte bancaire, la difficulté est le coût élevé de répercussion qui revient cher à Elton ».
Même si un système interbancaire de la monétique sera mis en place par la Bceao, Mme Fatimatou Zahra Diop a expliqué : « Nous avons une responsabilité de service public et de protection des déposants. Le respect des dispositions réglementaires est une préoccupation. Pour ce qui est de la structure des prix, l’importance dans le marché, c’est la disponibilité et la transparence. La Banque centrale dispose d’une palette de sanctions, on peut même fermer une banque. C’est pour cela que nous voulons publier les tarifs, et pour celui qui veut ouvrir un compte, pouvoir discuter de ces tarifs. »
Mme Diop assure : « Nous voulons limiter les frais de tenue de compte. On a un régime sur les libertés de prix. L’épargne est rémunérée à 3,5%, pour les virements, c’est le même taux dans la sous-région. Il suffit juste de le rendre un peu proportionnel. » Pour ce qui est des impayés, elle explique aussi que « lorsqu’il y a un impayé, la banque doit faire la police de sa clientèle. C’est-à-dire, avertir sa clientèle et la déclarer, parce que c’est elle qui la connaît et possède des informations sur celle-ci. Mais à l’exercice, on a vu que les banques protègent pour des raisons ou pour une autre, leur clientèle ». Dans la même lancée, elle soutient que les dépôts collectés par les banques privées « leur permettent d’avoir largement de liquidité pour ne pas recourir au financement de la Bceao ».
Safiètou Kane
(Source : Le Quotidien, 23 novembre 2007)