La Radiodiffusion télévision sénégalaise, dans le traitement équilibré de l’information, pêche par ignorance de la loi. C’est ainsi que le Haut conseil de l’audiovisuel (Hca) explique, dans un rapport exclusivement consacré à la télévision, les agissements de l’audiovisuelle publique.
Violation du principe de l’équilibre dans le traitement d’un événement de nature contradictoire, violation du droit à l’information des citoyens, non-respect du pluralisme dans le domaine religieux, publicité déguisée dans l’émission « Grand Place ». C’est le Haut conseil de l’audiovisuel (Hca) qui épingle ainsi, dans un rapport exclusif sur l’audiovisuelle sénégalaise, la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts). Il ne manque pas de fustiger la couverture médiatique des évènements des partis politique de l’opposition, syndicats et organisations société civile, mais aussi à l’égard du Hca. En fait, « la première moitié de l’année 2003 a été marquée par de nombreux griefs énoncés à l’encontre de la Rts. En effet, ce média public fait l’objet de plusieurs plaintes émanant des acteurs sociaux qui lui reprochent de ne pas diffuser leurs manifestations », lit-on dans le rapport.
En plus, quand il s’est agi pour l’organe de régulation, de rappeler à l’ordre la Rts, le Hca indique, pour le dénoncer, que « si, dans certains cas, la Rts a répondu à (leur) correspondance, la plupart du temps, elle a observé un mutisme total ».
De toutes les plaintes déposées, seuls le Cadre permanent de concertation de l’opposition (Cpc) et la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal ont reçu des réponses. Celles du Psd/Jant-bi, de l’Intersyndicale de l’enseignement et de l’Organisation nationale de coordination des activités de vacances (Oncav) sont restées sans suites.
Pour ce qui est du Cpc, la Rts, selon le Hca, « s’est illustrée en s’abstenant de couvrir le séminaire du Cpc du 13 mars 2003 au Savana, alors que parallèlement, la Cap 21 bénéficiait d’une couverture et d’une diffusion dans les journaux du samedi et du dimanche ».
Que nenni, rétorque la Rts pour qui, « l’équipe de télévision s’est rendue sur les lieux de la manifestation et que les organisateurs lui auraient demandé de revenir dans l’après-midi, parce qu’ils étaient déjà à huit-clos », demande que la Rts ne pouvait satisfaire en raison, dit-elle, du « nombre important de manifestations prévues à la méme heure et pour lesquelles la télévision avait déjà pris des dispositions pour en assurer la couverture ».
Quand la Cnts en rapport avec le Hca fustigent la « non-diffusion, voire la mauvaise exploitation des éléments filmés en diverses occasions », le directeur général de la Rts, dans une correspondance adressée à la directrice du Hca, répond que si « la Cnts est libre de penser qu’elle a été mal traitée, les journalistes aussi ont la liberté de traiter les sujets qui leur sont confiés sans aucune ingérence, ni de leur hiérarchie, ni des organisateurs des manifestations couvertes, l’essentiel étant le respect des règles professionnelles établies, en conformité avec l’éthique et la déontologie du journalisme ».
S’agissant de la décision de rediffusion d’un élément d’actualité, d’un reportage ou d’une émission, le directeur général souligne « qu’elle relevait exclusivement de la compétence des départements de l’information de la Radio et de la Télévision qui jugent de la nécessité de la reprise d’un reportage en fonction de l’importance et de l’intérêt qu’il revêt pour le public ».
Pour rétablir les déséquilibres dans le traitement de l’information, deux rencontres ont été organisées par le Hca avec les différents acteurs sociaux et politiques. Et le Hca de fustiger l’attitude du directeur génal de la Rts qui n’a daigné participer à une seule de ces rencontres. Abdou Khoudoss Niang s’est « contenté de se faire représenter par son conseiller, M. Mamadou Diop, et par Mme Seynabou Kor, directrice de la Radio », maugrée l’organe de régulation.
Tout compte fait, le rapport du Hca note que la Rts ne respecte pas toujours les dispositions légales, en ce qui concerne les clauses d’une émission politique qui doit être supervisée par le Hca. (Voire par ailleurs).
Fatou FAYE
(Source : Le Quotidien 30 septembre 2003)