Audiovisuel : De l’analogique au numérique, la stratégie de transition sera validée avant la fin de l’année
jeudi 30 juin 2011
Répondre aux défis qui se présentent face aux mutations technologiques et particulièrement à la transition de l’analogique vers le numérique, c’est le sujet qui a réuni hier en atelier, les acteurs de l’audiovisuel pour un partage d’expériences . La date butoir retenue pour l’harmonisation mondiale dans le mode numérique est fixée par l’Union Internationale des télécommunications (UIT) au 17 juin 2015.
Les réglages à faire pour mettre en place un plan stratégique de transition vers le numérique prennent jusqu’à trois . Le Sénégal a pris une bonne option à ce sujet, depuis le 26 août 2010 et la publication d’un un arrêté instituant la création et l’organisation d’un Comité national pour le passage au numérique.
En ce moment, les études du Comité national de passage au numérique sont presque achevées et des dates retenues. La validation de la stratégie de transition au numérique est d’ailleurs prévue pour le milieu de l’année en cours, sous l’autorité de l’Etat.
La mobilisation des ressources et les études complémentaires auront lieu à la fin de l’année 2011, alors que la mise en œuvre et le déploiement du plan stratégique sont projetés entre 2012 et 2014. Ce passage au numérique est global et concerne tous les opérateurs qui feront le saut en même temps.
L’atelier multipartite organisé hier en partenariat avec l’Association pour le Progrès des Communications (APC) représentée par le consultant Coura Fall et l’organisme Balancing Act représenté par Isabelle Gross arrive ainsi à un moment opportun. Son objectif étant de « faire avancer le processus de mutation technologique, en sensibilisant les acteurs institutionnels autant que privés ».
Ouvrant cette rencontre à l’hôtel Radisson, Malick Ndiaye, Coordonnateur du Comité national pour le passage de l’audiovisuel de l’analogique au numérique (CNN), a salué l’organisation de cette réunion qui s’inscrit dans l’agenda du comité national.
S’adressant à l’assistance au nom du ministre de la Communication président du CNN, Malick Ndiaye a souligné l’importance que le gouvernement attache à cette mutation technique et salué l’engagement des parties prenantes du secteur de l’audiovisuel, des télécommunication et du secteur des technologies de l’information.
Convergence des secteurs des télécommunications
Certains pays développés sont déjà bien avancés pour le processus de mutation vers le numérique, c’est le cas de la France, la Nouvelle Zélande, la Suède et les Etats Unis. La phase préparatoire est déjà achevée au Royaume Unie où les foyers reçoivent déjà un bouquet numérique, alors qu’en Ile Maurice le dispositif du numérique sera opérationnel dés cette année.
Isabelle Gross indique que des phases pilotes sont lancées en Afrique de l’ouest au Ghana et en Guinée, alors que d’autres pays comme le Bénin, le Burkina, le Cap vert, le Mali, le Niger et le Sénégal ont démarré leur processus d’études stratégiques de mise en œuvre.
En réalité, il y a beaucoup d’incidences pour la mise en place de ce plan de mutation dans le numérique, Coura Fall attire l’attention sur le fait que cette mutation sera une étape de « convergence des secteurs des télécommunications ». L’harmonisation va ainsi toucher autant les outils technologiques de transfert au numérique que les politiques qui devront être prêtes à accueillir les nouvelles normes.
La rareté des fréquences ainsi que les nouveaux besoins en matière d’audiovisuel ont justifié la décision de faire passer les flux d’informations et de contenus du mode analogique vers le numérique. beaucoup plus performant, explique Malick Ndiaye, lors de son résumé sur les travaux du CNN.
Les enjeux de cette transition au numérique sont ainsi à la fois culturels et sociaux avance M. Ndiaye en insistant sur l’élaboration d’une bonne stratégie de lancement. Une infrastructure commune pour le secteur audiovisuel et une mutualisation des ressources de cet espace numérique sont requis.
Les aspects techniques seront séparés de la gestion des contenus qui relèveront des télévisions elles-mêmes. Au plan juridique, de nouvelles dispositions devront permettre de réguler le secteur qui est aujourd’hui sans réglementation.
D’ores et déjà les statuts seront distingués : l’édition, les opérateurs de réseaux, les distributeurs et les producteurs.
Un mode de financement efficace sera nécessaire pour les télévisions. La manne de la pulicité étant insuffisante,elles sont de l’ordre de cinq milliards de francs CFA par an (dont prés de 3 milliards captés par la RTS). Il s’agit aujourd’hui d’aller vers la création d’un fond d’appui qui pourrait être alimenté par un dispositif conventionnel au niveau des distributeurs.
Le Coordonnateur du CNN a mis en garde contre « le danger de la privatisation de l’espace audiovisuel des télécommunications au plan national, car celui-ci relève de la souveraineté nationale. Malick Ndiaye avance que les dividendes numériques engrangés par le passage au numérique sont un bien commun, une ressource importante pour laquelle il faudra être vigilant sur la destination et l’utilisation.
Jean Pires
(Source : Le Soleil, 30 juin 2011)