Appels internationaux entrants Les opérateurs étrangers dénoncent la surtaxe appliquée au Sénégal
mercredi 10 novembre 2010
La surtaxe sur les télécommunications peut rapporter gros à l’Etat à court terme. Mais, elle constitue une menace pour ses revenus à long terme. C’est la conviction de la Responsable des affaires extérieures de Gsma, Isabelle Mauro. Cette dernière s’exprimait hier à Dakar lors du forum mondial des Chefs d’entreprise du secteur des Tic.
La surtaxe que l’Etat du Sénégal a imposée depuis quelques mois sur les communications internationales entrant dans le pays n’est pas du goût des opérateurs internationaux de téléphonie. Isabelle Mauro, Responsable des affaires extérieures de Gsma -une association qui représente 800 opérateurs mobiles dans le monde et plus de 200 fabricants de produits télécoms - a estimé hier lors du forum mondial des Chefs d’entreprise du secteur des Tic, qui se tient à Dakar en prélude forum mondial des régulateur de télécoms, que la surtaxe sur les télécommunications imposées par les pays africains, notamment le Sénégal ne causent que des désagréments au développement du secteur dans le continent. En effet, pour elle, cette mesure aura une incidence directe très négative sur le consommateur. ‘Cette surtaxe sur les communications entrant comme un produit de luxe, a été faite comme dans la plupart des pays dans but de générer des ressources additionnelles pour l’Etat. Mais ce sont des visons qui sont de très court terme. Parce que, dans le long terme, l’incidence d’une telle taxe, c’est que les opérateurs destinataires de ce trafic vont eux aussi augmenter le prix des communications rentrant chez eux’, a indiqué Mme Mauro. Qui pense donc que cette pratique aura une incidence sur les consommateurs sénégalais pour qui les appels internationaux vont être plus chers. ‘L’incidence sera plus grave sur les millions de Sénégalais qui vivent à l’étranger pour qui faire un appel au Sénégal devient très cher. Car le temps qu’ils auront sur leurs prépayés devient plus court’, ajoute Mauro.
Cette dernière qui s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture a en outre fait remarquer que l’augmentation d’une taxe sur les communications entrant au Sénégal peut aussi avoir un effet inverse sur le long terme en provoquant une diminution du trafic. Car, à son avis, une telle taxe entraîne la hausse des prix, due à la réciprocité appliquée par les pays destinataires. ‘Le but recherché par l’Etat, qui était de faire plus d’argent en prélevant de l’argent sur les revenus des opérateurs, est complètement erroné puisque les revenus des opérateurs sur le trafic entrant vont baisser. On l’a vu au Congo où ils ont baissé de 30 %. Ce qui fait que l’Etat va donc lever moins d’argent sur les recettes parce que les opérateurs auront fait moins de recettes à la fin de l’année. Donc, en fait, c’est un cercle vicieux où l’Etat va y perdre sur le long terme’, a signé la Responsable de Gsma.
Des arguments battus en brèche par le directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Ndongo Diaw. Ce dernier soutient mordicus que pour le cas du Sénégal, cette situation n’est pas encore observée pour le moment. ‘Nous avons des statistiques entre le mois d’août et celui de septembre qui montrent que le trafic a augmenté de 2,62 %. C’est une réalité et c’est en même temps une surprise parce que le mois d’août étant de 31 jours et septembre de 30 jours, normalement on devrait s’attendre à une baisse du trafic. Mais, paradoxalement, le trafic a augmenté et a généré des ressources substantielles pour l’Etat du Sénégal’, a-t-il défendu. Avant de poursuivre : ‘Nous n’avons pas observé cela. Le marché des télécommunications se porte très bien. Il ne s’agit pas taxe, il y a un problème de sémantique. Il s’agit de la régulation tarifaire des appels à destination du Sénégal. Le Sénégal est souverain. On ne peut commenter la décision du pays de réguler les tarifs à destination de son Etat. Et cela n’a pas perturbé le marché’.
Seyni Diop
(Source : Wal Fadjri, 10 novembre 2010)
Gestion des appels entrants et lutte contre la fraude : Un expert de la Gsma propose 10 fois moins que Global voice
‘L’Artp a contacté plusieurs sociétés mais ce dont ils avaient besoin, il n’y a que Gvg (Global voice group, Ndlr) qui pouvait le leur faire. (...) Gvg consentira des investissements qu’aucune société n’a voulu consentir et les logiciels qui vont actuellement faire marcher ce système qui sont notre propriété intellectuelle’. C’est en ces termes que Serigne Ben Niang, vice-président de Global Voice group expliquait, dans un entretien qu’il nous avait accordé, le choix de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) pour justifier le marché de gré à gré que cette autorité régalienne venait de signer avec son entreprise. Des arguments démentis par Isabelle Mauro, Responsable des affaires extérieures de Gsma, une association qui représente 800 opérateurs mobiles dans le monde et plus de 200 fabricants de produits télécoms. Interpellée sur la question, lors du Forum mondial des Chefs d’entreprise du secteur des Tic qui s’est tenu ce mardi à Dakar en prélude à celui des régulateurs, cette dernière estime que l’entreprise de droit haïtien n’est pas la seule à pouvoir proposer les services recherchés qui peuvent même être vendus à un prix très bas. ‘Je ne veux pas pointer du doigt dans quelque direction que ce soit, mais je pense qu’il y a un malentendu avec Global voice Group où, sur des questions de sécurité de réseau, de détection de fraude, Gvg a peut-être vendu un produit qui peut être vendu par beaucoup de compagnies’, a-t-elle soutenu. Avant d’ajouter : ‘Ils ne font rien de spécifique et le vendent à un prix très cher au gouvernement sénégalais. Parce que nous avons des données qui prouvent en fait que d’autres acteurs peuvent offrir ce même service à un prix probablement 10 fois moins cher à l’Artp’, indique-t-elle.