Affaire ATOS : Conflit d’intérêt sur fond de perte de souveraineté numérique
jeudi 30 juin 2016
L’Etat du Sénégal, à travers l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE), a déjà réussi, la mise en place d’une infrastructure nationale de fibre optique de large bande, propriété de l’Etat, sur 1500 km. Le 26 septembre 2015, l’ADIE avait décroché un partenaire, Huawei, pour construire 3000 km de fibres optiques. Ces 3.000 km de fibres optiques devraient venir s’ajouter aux 1500 km de fibres optiques déjà opérationnelles.
Mais voilà, depuis septembre 2015, ce dit projet de maillage du territoire national en fibres optiques de large bande par ADIE, a connu beaucoup de retard dans son exécution.
Finalement, c’est la société ATOS, société française et capitaux étrangers, qui va construire et gérer, en lieu d’ADIE, agence sénégalaise et capitaux publics, l’écosystème de nos plateformes numériques.
Plus inquiétant, le PDG d’ATOS, Thierry Breton, ancien ministre français de l’Economie, des Finances et de l’Industrie (2005-2007), se trouve être aussi, le Président du Conseil d’Administration…. d’Orange qui est l’opérateur leader au Sénégal.
Alors, une question subsiste : Du côté du Gouvernement du Sénégal, aurait-on retardé le processus de mise en place du maillage total du territoire en fibres optiques par une agence nationale (ADIE) et qui sera à termes, propriété de l’Etat du Sénégal, pour permettre à ATOS de s’aligner et de remporter finalement ce marché ô combien crucial des plateformes de gestion numérique ? Si oui, à quelle fin ?
Notre gouvernement vient de couper l’herbe sous le pied d’ADIE, en le privant de monter en gamme et en puissance. L’ADIE sera désormais cantonné à la seule mutualisation des infrastructures de télécommunications et des systèmes d’information de l’Etat (l’Intranet administratif) dont celles du Ministère de l’Intérieur, de l’Armée, de la Douane, de la Direction du Traitement Automatique de l’Information (DTAI), de la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor (DGCPT), de la Direction Générale des Finances (DGF), de la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID), de la Poste, de la Radiodiffusion et Télévision du Sénégal (RTS) et de la SENELEC.
Dans un contexte où la nouvelle économie et l’économie de demain, est l’Economie du Savoir dont les trépieds sont l’économie Numérique (infrastructures réseaux et plateformes) et l’économique des Services (applications et usages), le Sénégal vient de renoncer à sa souveraineté numérique en sous-traitant sa sécurité globale et son économie nationale.
Siré Sy, Président du Think Tank
Africa WorldWide Group
(source : Sénégo, 30 juin 2016)