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Vente des actions de la Sonatel : un nationalisme économique bien sélectif

mardi 14 avril 2009

Dans l’affaire de cession par l’Etat de quelque 10% de ses actions à France Télécoms au sein du capital de Sonatel, il est de bon ton de ruer rageusement dans les brancards. Mais au milieu du vacarme ambiant, il est utile de ne pas « hurler avec les loups » même au risque de ramer à contre-courant de l’opinion généralement répandue. Regard lucide donc. Notre propos ne consiste pas à nous attarder sur un quelconque débat juridico-financier pour condamner ou blanchir l’Etat mais il tente de lire froidement la réalité. Sans gant !

Tout de même, il n’est pas futile d’écouter la parole pleine de sagesse de cet administrateur indépendant et actionnaire à la Sonatel, Victor Ndiaye, qu’on ne peut soupçonner de parti pris dans ce conflit. Il a confié au journal le Quotidien (édition du mardi 14 avril 2009) ceci : « les deux parties (Etat et France Télécoms) sont totalement justifiées dans leur choix d’acheter ou de vendre. Mais, il y a la démarche. Dès lors qu’il s’agit d’une part, d’une entreprise cotée en bourse et d’autre part de prendre le contrôle du fleuron de l’économie sénégalaise, cette opération ne peut se faire en catimini entre deux ou trois acteurs ». C’est clair ce qui le dérange, c’est la manière et non le principe de la vente. L’Etat et France Télécoms ont assurément manqué de tact dans cette « OPA amicale ». Encore, aurait-il fallu en informer qui de droit afin que nul n’en ignore ! On est bien à l’ère de la société de l’information. Voilà pour le décor.

Entrons maintenant dans le vif du sujet pour démêler économiquement et politiquement cet écheveau. A la fin de l’année 2008, la France, par le biais de l’Agence française de développement, allouait à titre de prêt à l’Etat du Sénégal environ 82 milliards aux fins d’apurer sa lancinante dette intérieure et pour recapitaliser SENELEC. A l’époque, on avait attendu aucune de ces personnes au patriotisme écorché dénoncer cette « recolonisation », ce « crime économique ». Bien au contraire, tout le monde ou la majorité avait semblé approuvé ce « soutien » soulageant. Il fallait être d’une naïveté déconcertante pour croire, un seul instant, que la France le faisait par simple magnanimité. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, disait fort opportunément le Président Abdoulaye Wade à Taïwan quand le Sénégal renouait ses relations diplomatiques avec la Chine. Rien n’a changé !

Ce geste de Paris, qui se saignait à blanc, pour sauver le navire Sénégal de la perdition économique vaut bien aujourd’hui de la part des autorités de Dakar un renvoi d’ascenseur bien lucratif. Imaginez 200 milliards frais à la clé, en ces temps de crise économique mondiale. Ils ne sont pas nombreux ceux qui crachent sur une telle manne financière.

Le tardif communiqué conjoint ne s’y trompe pas. Lisons la déclaration de réjouissance du Ministre des Finances Abdoulaye Diop. « Nous sommes heureux du renforcement du partenariat stratégique entre France Télécom et Sonatel qui lui permettra de devenir le fer de lance de son développement dans les pays voisins du Sénégal. Cette transaction engendrera en 2009 une recette exceptionnelle pour l’État, qui représenterait avec le dividende ordinaire proposé au vote de l’assemblée générale du 8 avril, un montant de 200 milliards francs CFA (305 millions d’Euros) sans réduire pour l’avenir les recettes budgétaires récurrentes de l’État liées à Sonatel », déclare le grand argentier sénégalais. Le même bonheur est partagé du côté de la métropole par Marc Rennard, Directeur Exécutif International AMEA de France Télécom et Président de Sonatel : « France Télécom est heureux d’accompagner le succès de Sonatel au Sénégal et dans la sous-région depuis 1997. La qualité des équipes de Sonatel conjuguée à l’expérience de France Télécom a permis de faire de Sonatel l’un des tous premiers opérateurs d’Afrique de l’Ouest, notamment dans le domaine de l’innovation et de la qualité de services au bénéfice des populations. Cette nouvelle étape dans le partenariat ne pourra que renforcer cette dynamique d’entreprise performante qui caractérise le Groupe Sonatel ».

Que l’on ne se méprenne pas, la volonté de France Télécoms, deuxième opérateur mondial est de contrôler toute la sous-région avec son label Orange. Le combat perdu, il y a deux ans par les mêmes syndicalistes aurait dû alerter sur cette ambition expansionniste. C’est de bonne guerre. Peut-on reprocher à une entreprise de vouloir s’étendre ? Elle a réussi par sa technologie et son chéquier à s’imposer faisant de Sonatel, la première entreprise sénégalaise et grande contribuable au budget national. C’est un constat malgré les récrimination au demeurant acceptables.

Pendant ce temps et par parallélisme des formes, intéressons-nous à Senelec qu’on a nationalisée en chassant le consortium HydoQuebec-Hélio. Elle est devenue un lourd boulet ou un canard boiteux pour les finances publiques sénégalaises. Le remède du retour dans le giron public a aggravé le mal dont elle souffrait auparavant. Les Sénégalais ne diraient certainement pas non à une privatisation rapide de Senelec, pourvu qu’ils aient une fourniture d’énergie correcte et à moindre coût. La SONEES transformée en SDE et SONES, vit tant bien que mal. En matière économique et stratégique, les considérations idéologiques ou chauvinistes ne sont pas toujours efficaces. La qualité du service prime sur la nationalité de l’opérateur.

Alitalia l’a su à ses dépens. Après deux années de refus catégorique de sa « privatisation » par Air France, la compagnie aérienne italienne a vu son état se dégrader avant de revenir à la raison pour accepter l’entrée dans son capital d’un opérateur plus costaud pour sortir du trou d’air dans lequel elle végète. Rien n’est définitif. Elle peut bien, un jour, revenir sur cette décision quand les choses iront mieux.

On aurait mieux compris la sortie courroucée des syndicalistes si on les entendait régulièrement déplorer les tarifs encore chers de SONATEL pour les usagers et organiser des sit-in dans ce sens. Certes, l’Etat ne doit pas totalement se désengager, mais le secteur marchand n’est pas toujours son fort. Les exemples d’entreprises publiques comme la Bnds, l’Oncad, ou la Sotrac réputées pour leur gestion opaque et gabegique, sont encore frais dans les mémoires. Son rôle doit davantage être axé sur la régulation et le respect des normes pour ne pas être juge et partie.

Bien entendu, s’il y a des privés nationaux qui peuvent valablement apporter des fonds pour la pérennisation de Sonatel et des autres sociétés privées, l’Etat doit leur accorder une relative préférence nationale sans chauvinisme aucun. Mais qu’il ne s’agisse pas de simples déclarations d’intentions sans lendemain de candidats dont le seul mérite est de fouetter un orgueil national surdimensionné.

Cette piqûre de rappel vise simplement à tempérer les ardeurs des partisans de la souveraineté à géométrie variable ou de l’indignation sélective et à peu de frais. Nous ne faisons aucunement l’apologie d’un bradage des ressources nationale mais qu’on aille jusqu’au bout de la logique. On ne peut vouloir une chose et son contraire.

Dernière chose, que font encore les forces françaises du Cap-Vert stationnées au Sénégal ? Ne sommes-nous pas indépendants depuis le 4 avril 1960 ?! Question à 200 milliards pour les nationalistes à fleur de peau.

Abdoulaye Sylla

(Source : Pressafrik, 14 avril 2009)

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