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Start-up africaines : cette si épineuse question du financement

mercredi 11 juillet 2018

Si le démarrage demeure la phase la plus délicate pour les start-up, leur accompagnement n’est pas de tout repos. Explications.

Les start-up font rêver. De plus en plus de jeunes diplômés se disent prêts à enfiler le costume d’entrepreneur. En Afrique, les jeunes ont les mêmes rêves. Et des opportunités à saisir. L’outil numérique permet de répondre à des besoins spécifiques sur le continent et de trouver des solutions adaptées. « Cela offre la possibilité à de jeunes entrepreneurs et entrepreneuses d’avoir un projet professionnel et ne peut que servir l’emploi pour le continent », se réjouit Valérie-Noëlle Kodjo Diop, responsable innovation à la Société générale, lors du rendez-vous Inspir’Talks sur la fintech africaine qui s’est tenu au siège du Patronat français fin 21 juin.

« Si les start-up évoluant dans le domaine du e-commerce ou des fintechs voient massivement le jour en Afrique et sont donc les premières à bénéficier des investissements en capital-risque, d’autres trouvent également leur place et intéressent de plus en plus les investisseurs (le raccordement à l’énergie solaire des populations les plus reculées, la e-santé, la e-éducation, etc.) », affirme Grégory Clemente, directeur général de Proparco, dans son éditorial présentant le numéro de la revue Secteur privé et développement de Proparco consacré au financement des start-up en Afrique.

Financements

Les chiffres sont grisants. En 2017, 124 start-up africaines dans le secteur des nouvelles technologies ont levé 560 millions de dollars en capital, détaille Tidjane Deme associé du fonds de capital-risque Partech Africa. Soit, une hausse de 53 % par rapport à 2016, et un montant multiplié par 14 depuis 2012. Le nombre d’entreprises bénéficiaires est passé de 74 à 124 sur la même période. Ces chiffres encourageants cachent une réalité plus contrastée, selon une étude publiée par Partech Ventures. Les financements restent concentrés sur quelques pays : Afrique du Sud, Kenya, Nigeria en tête suivi par le Rwanda. Trois secteurs – l’énergie hors-réseau, la fintech et le e-commerce, mobilisent aussi près de 61 % des investissements. Certes, la situation évolue vite.

L’étude de Partech Ventures souligne aussi la diversification rapide de ces investissements, notamment dans les services en lignes ou via les applications mobiles, + 74 % pour le e-commerce, et là on ne peut s’empêcher de penser à Jumia, déjà surnommé l’Amazon africain, mais aussi + 120 % pour les technologies de l’ éducation et + 125 % pour les technologies liées à la santé. La diversification se joue aussi au niveau géographique. Le Rwanda, le Maroc, le Sénégal hébergent de plus en plus de start-up. Reste que si l’on compare par rapport aux levées de fonds des start-up en Europe (15 milliards d’euros), les écarts sont abyssaux.

Le moment critique

Le plus difficile reste le démarrage. Pour qu’une start-up puisse éclore, il faut bien passer de l’étape de l’idée à celui de la concrétisation et de la validation par le marché. « Là où l’argent manque dans le marché, c’est entre zéro et 350 000 euros », reconnaît Valérie-Noëlle Kodjo Diop. Ce cap est difficile à passer. Après avoir demandé de l’argent à son entourage, quelles sont les solutions ? « Les options de financement alternatives telles que le crowdfunding, les business angels et les fonds de capital-risque et de capital-amorçage restent encore limitées et ne concernent que très peu de projets », avance Christine Ha chef de projet à l’AFD, dans la revue de Proparco. De fait , l’accès aux financements reste une difficulté majeure : 87 % des porteurs de projets en Afrique jugent cet accès très difficile. « L’offre de capital-investissement en Afrique se positionne en effet principalement sur le capital-développement, ciblant majoritairement des PME établies », poursuit-elle.

« Il est important d’identifier le bon véhicule de financement, notamment par rapport au stade de développement. Clairement, frapper à la porte d’une banque n’est pas une solution. Elle ne dispose pas d’outils adaptés. Au démarrage, la demande auprès d’un fonds d’investissement est souvent peu fructueuse. Ces derniers financent peu de projets uniquement “sur papier”. Ils interviennent souvent lorsque le projet est déjà lancé, que l’entreprise existe », détaille Omar Cissé, PDG d’Intouch. Mais Valérie-Noëlle Kodjo Diop reste confiante : « Un projet qui a du sens trouvera toujours de l’argent. »

Des pièges à éviter

Omar Cissé souligne un écueil à éviter. « Les difficultés viennent aussi souvent du fait que les entreprises n’ont pas bien travaillé sur leur gouvernance. En Afrique, souvent, elles ont tendance à développer au minimum leur structure et jouent à cache-cache avec les impôts, la pression fiscale étant souvent très lourde. Du coup, cela amène à de la non-transparence, des historiques financiers biaisés et très compliqués à lire pour une personne extérieure... notamment un investisseur potentiel », explique-t-il. Évidemment, pour lever des fonds, les entrepreneurs doivent mettre cartes sur table, donner leurs chiffres, leurs prévisions, en deux mots leur business plan. La bonne gouvernance de l’entreprise et ses outils doivent être intégrés et apprivoisés au sein de la start-up. « Les incubateurs sont une bonne solution. Il favorise la structuration lorsque l’entreprise en est à ses débuts », poursuit-il.

Le manque d’accompagnement

Bien souvent, le manque de structures notamment d’incubateurs, voire d’accélérateurs et de dispositifs d’accompagnement ressortent comme un handicap au développement des start-up africaines. « Ces structures d’accompagnement, à l’instar des espaces de coworking, émergent progressivement sur le continent africain », écrit Christine Ha, mais elle pointe aussi le manque de « soutien des pouvoirs publics et du secteur privé ».

De leur côté, les grands groupes se penchent de plus en plus sur ces jeunes pousses, au cœur de l’innovation. « Nous partons du principe que l’innovation est la clef de la survie de la banque en Afrique », déclare humblement Valérie Noëlle. « En arrivant en poste, il y a un an, j’ai commencé à travailler sur la création d’un écosystème pour l’accompagnement de start-up – internes et externes », explique-t-elle. Sur le continent, la banque s’appuie sur le Lab innovation à Dakar, intégré dans les locaux de Jokkolabs et une Digital Factory au Maroc (une usine 4.0) en cours de constitution dont l’objectif sera d’expérimenter de nouveaux produits et services dans des délais très réduits. D’autres grands groupes, notamment de télécoms, s’impliquent dans la formation et l’appui aux start-up. Le groupe Orange a lancé, en 2017, son fonds Orange Digital Ventures Africa, doté de 50 millions d’euros pour financer les start up innovantes. Valérie-Noëlle Kodjo Diop rêve aussi d’un fonds similaire : « J’aimerais… mais c’est un vœu pieux », laisse-t-elle échapper.

Sylvie Rantrua

(Source : Le Point Afrique, 11 juillet 2018)

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