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Digitaliser ou Renoncer : Le temps des demi-mesures est révolu !

mercredi 21 août 2024

Je me souviens de l’excitation qui entourait le lancement de la Stratégie Sénégal Numérique 2025 (SN2025) en 2016. On parlait d’une transformation radicale, d’un Sénégal pleinement intégré dans l’économie numérique mondiale, d’une croissance boostée par les technologies. Le plan était ambitieux : connecter les populations les plus reculées, rendre l’administration accessible d’un simple clic, et bâtir une industrie numérique créatrice d’emplois. Mais aujourd’hui, près de huit ans plus tard, force est de constater que le bilan est bien en deçà des espérances.

Certes, des avancées ont été réalisées. Le déploiement de plus de 15.000 km de fibre optique à travers le pays a indéniablement amélioré la connectivité. Des datacenters modernes ont vu le jour, renforçant la capacité de stockage et de traitement des données. Pourtant, alors que le Sénégal se targue de ces progrès, l’impact sur la vie quotidienne des citoyens reste limité. L’accès à Internet demeure inégal, surtout en milieu rural, où la fracture numérique persiste, freinant l’essor d’une véritable inclusion digitale.

Prenons l’exemple de l’administration numérique, pilier central de la SN2025. On nous avait promis une administration digitalisée, plus rapide, plus efficace. En réalité, sur les 970 procédures administratives recensées, seules 34 ont été partiellement digitalisées, et pas une seule n’a été complètement dématérialisée pour les usagers. Cette lenteur dans l’exécution des projets trahit un manque de sérieux dans la mise en œuvre des réformes. Ce qui s’est produit relève plus d’un patchwork qu’une transformation globale. L’Estonie, ce petit pays balte qui s’est érigé en modèle mondial de l’administration numérique, a tout digitalisé en quelques années seulement. Pourquoi pas nous ?

Le développement de l’industrie numérique au Sénégal souffre également de ce même mal. On nous avait promis un écosystème dynamique de startups, soutenu par des infrastructures modernes comme le Parc Technologique Numérique. Là encore, la réalité est bien différente. En 2020, seulement 19 % des projets numériques avaient été exécutés. Où est l’élan entrepreneurial promis ? Comment expliquer que des pays comme le Rwanda et le Kenya aient réussi à devenir des leaders continentaux de l’innovation numérique alors que le Sénégal peine à faire décoller son écosystème ? Ces nations ont su créer un environnement favorable à l’innovation, attirer des investissements étrangers massifs et intégrer le numérique dans tous les secteurs de l’économie.

Je veux croire que nous avons les capacités, mais nous ne faisons pas ce qu’il faut pour y arriver. Ce n’est pas une question de manque d’idées ou de stratégies – nous en avons à foison –, mais plutôt de mise en œuvre. Là où l’Estonie ou Singapour, pays références, avancent à marche forcée avec des résultats tangibles, nous sommes encore englués dans des projets pilotes et des initiatives qui ne décollent jamais véritablement. La comparaison est cruelle, mais nécessaire. Singapour, par exemple, ne s’est pas contenté de poser de la fibre optique. Ils ont créé une administration sans papier, entièrement intégrée et accessible à tous, des investissements colossaux dans l’intelligence artificielle et une interconnexion totale des services.

Et que dire de notre cadre juridique ? En dépit de l’adoption du Code des Communications Électroniques en 2018, nous n’avons toujours pas réussi à réguler efficacement les nouvelles technologies. En matière de cybersécurité, nous sommes vulnérables, alors que les cyberattaques augmentent chaque année. Là encore, Singapour, avec son Cyber Security Agency, nous montre qu’il est possible de bâtir un environnement numérique sécurisé et propice aux échanges.

Mais il ne s’agit plus seulement de planifier ou de rêver. Nous ne pouvons pas nous permettre de recommencer éternellement. Il est impératif de tirer les leçons de la stratégie actuelle pour avancer sur la suivante, prendre ce qui a fonctionné, le consolider, et rectifier le tir là où nous avons échoué. On digitalise ou on ne digitalise pas. Cette demi-mesure que nous observons depuis plusieurs années est une impasse. Pour réussir, il faut inculquer la culture numérique à tous les niveaux – administration, usagers, secteur privé. Sans cela, nous ne réussirons pas. Nous avons besoin d’un leadership fort, capable de forcer la marche des choses et de ne plus tolérer des digitalisations partielles qui s’arrêtent en chemin.

Le moment est venu pour l’État de prendre des mesures fortes, de s’engager résolument vers une transformation numérique complète. Il est inacceptable de continuer à digitaliser à moitié. Nous devons soit aller jusqu’au bout, soit repenser nos ambitions.

(Source : Le Techobservateur, août 2024)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
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  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

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- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

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Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

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- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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