Le secteur de la Fintech a été révolutionné au Sénégal par l’arrivée de Wave. Son irruption sur le marché a permis de changer les habitudes des Sénégalais dans leur perception du Mobile Money. Aujourd’hui, grâce à son modèle économique basé sur zero frais de retrait et des transferts à 1%, la firme américaine a fini par devancer ses concurrents obligés de revoir leurs stratégies. Dans cet entretien exclusif avec Socialnetlink, Manou Guilé Mbodj, General Manager de Wave Sénégal, revient sur le modèle économique de la Fintech, stratégiquement copié un peu partout dans la sous-région actuellement
Wave a renversé les tendances du marché du transfert d’argent et de paiement mobile au Sénégal avec l’application de tarifs très bas (1%). Comment comptez-vous tenir le coup ?
Depuis le lancement de Wave, nous avons toujours cru en des prix bas (donc extrêmement abordables) pour renforcer l’accès aux services financiers pour tous et, par conséquent, une meilleure inclusion financière. Cela nous a permis d’être dans le quotidien des Sénégalais et d’être la première Fintech au Sénégal et – nous l’espérons – bientôt en Afrique. Notre modèle économique, que nous avons défendu depuis notre création, est aujourd’hui plébiscité un peu partout, notamment avec une baisse générale des tarifs chez les différents concurrents sur les marchés où nous opérons (même en dehors du Sénégal). Donc, oui, nous allons tenir avec ce modèle, car nous sommes convaincus, aujourd’hui plus que jamais, que nous pouvons offrir des services de qualité, accessibles à tous et à des coûts très abordables et ainsi pérenniser le business model sur le long terme, tout en ayant un impact positif sur notre secteur d’activité.
Comment Wave arrive-t-elle à supporter ses dépenses avec ces faibles tarifs ? Car dès votre arrivée, tout le monde disait que vous n’alliez pas tenir longtemps, que ce n’était pas du tout viable.
Comme je le disais plus tôt, notre modèle a beaucoup fait parler à ses débuts et effectivement tout le monde disait que ce n’était pas ou peu viable et que ce serait éphémère. Aujourd’hui, le temps nous a donné raison, le modèle Wave tant décrié est copié au Sénégal et dans plusieurs autres pays de l’espace Uemoa et ailleurs en Afrique. Un modèle non viable ne serait pas autant copié.
Notre modèle est plus que viable et permet de générer assez de revenus pour supporter les charges, mais également aux différents maillons de la chaîne de valeurs d’y trouver leur compte, de nos agents partenaires à nos clients.
L’objectif a toujours été de créer un certain équilibre pour tout le monde.
Pourquoi Wave n’arrive pas à satisfaire sa clientèle en termes d’ouverture de points de vente ?
Nous avons plus de la moitié de la population adulte du Sénégal comme clients et 14 000 points de vente à ce jour. Wave est présent partout au Sénégal dans les 14 régions et dans toutes les communes. Ceci démontre que nous satisfaisons bel et bien le besoin aussi bien en nombre de points qu’en termes de couverture sur l’ensemble du territoire. Ceci étant dit, nous croyons fermement qu’il n’est pas nécessaire de saturer le marché avec trop de points de vente lorsque notre réseau d’agents nous permet de satisfaire notre clientèle. Nous sommes toutefois une entreprise très orientée clients et nous ne cesserons d’être toujours proche et accessible pour ces derniers.
Justement, qu’en est-il des membres du réseau des prestataires de transfert d’argent qui avaient décidé de taxer directement les clients parce que n’ayant pas les bénéfices escomptés dans les transactions ?
Nous avons toujours été clairs sur le fait que toute surfacturation était illégale et que Wave ne cautionnait en aucun cas ces pratiques de certains prestataires de service (l’année dernière). Depuis le début et en tout temps, nous nous exhortons à créer un équilibre entre les acteurs de l’écosystème tout en préservant l’intérêt des différentes parties.
La genèse même de cette grogne résultait des changements de frais et de commission d’un autre opérateur et non de Wave. Dans les faits, nous avons toujours été constants dans notre démarche et nous travaillons en toute transparence avec nos partenaires prestataires de service, qui trouvent leur compte dans notre collaboration.
On accuse souvent Wave de ne pas communiquer. Refus ou simple stratégie ?
Nous sommes très accessibles comme entreprise et nous communiquons beaucoup avec nos partenaires, nos clients et les institutions de réglementation et de régulation. Après, il est clair qu’en matière de communication, notre vision est de donner la priorité aux actions, d’avoir un réel impact avec des faits tangibles d’abord.
C’est très important pour nous de rester concentrés sur les choses les plus essentielles, de prendre le temps de bien faire les choses, cela rend les histoires à raconter et les choses à dire beaucoup plus pertinentes. Les canaux et plateformes de communication de Wave sont toujours ouverts. Nos conseillers clientèle sont joignables gratuitement sur le « 200600 », 7 jours sur 7 pour régler les soucis des clients en temps réel.
Nous communiquons pourtant mais, encore une fois, c’est important de bien faire les choses et quelle meilleure communication qu’un service qui marche vraiment comme il faut, qui a un réel impact sur le quotidien des populations ?
Beaucoup de vos utilisateurs demandent à quand une puce Wave. Alors, peut-on s’attendre à ce que Wave devienne un MVNO, voire un opérateur téléphonique ?
Comme on le dit souvent, il ne faut jamais dire jamais, mais pour le moment, nous nous concentrons sur ce que nous savons faire le mieux, c’est-à-dire simplifier l’accès aux services financiers et participer activement à l’inclusion financière. Tout cela pour dire que ce n’est pas dans nos plans d’être un MVNO pour le moment. Nous sommes conscients de la demande populaire, mais il y a encore beaucoup à faire pour rendre le Sénégal et l’Afrique « cashless » et c’est ce sur cela que nous nous concentrons.
Pourquoi les utilisateurs ne peuvent plus effectuer des achats de crédit téléphonique Orange sur votre application ?
Nous avons répondu sur ce point dans un communiqué officiel l’année dernière, en juin 2021. Effectivement, il a été possible de janvier 2020 à mars 2021 d’acheter du crédit téléphonique Orange sur Wave. Puis, cela a été rendu impossible par la Sonatel, nous obligeant à recourir au régulateur.
Nous faisons tout ce qu’il faut pour ramener ce service sur notre plateforme et à ce jour, nous prenons toutes les dispositions pour un retour à la normale, avec le support du régulateur, en espérant une collaboration effective de l’opérateur qui va permettre à nos millions d’utilisateurs d’acheter du crédit téléphonique Orange via Wave.
Cependant, je rappelle que l’achat de crédit téléphonique Free et Expresso est toujours possible via notre application.
Quelles sont les prochaines innovations, vos projets futurs sur le marché du continent africain plus précisément au Sénégal ?
Nous sommes une Fintech très orientée sur l’innovation. Nous essayons chaque jour de penser à comment améliorer notre proposition de valeur et innover pour enrichir l’expérience de nos utilisateurs.
Aujourd’hui, au-delà d’être un portemonnaie électronique pour nos utilisateurs, nous voulons surtout rendre la vie de nos millions de clients plus simple en permettant à tout un chacun, au-delà de recevoir, de déposer et transférer de l’argent, de pouvoir payer un maximum de services, tous les jours, auprès de millions de marchands, en sécurité et en toute simplicité.
Nous sommes déjà dans 5 pays et nous allons continuer à offrir des services financiers à des prix bas partout où nous pourrons apporter notre aide en Afrique.
Wave a pu réussir son entrée au Sénégal dans le domaine du transfert d’argent, cependant, il se trouve que ce secteur a vite évolué et on parle maintenant de banque, de crédit, d’épargne, assurance etc. Que prévoit Wave dans le cadre de son déploiement ?
Nous sommes une entreprise digitale et nous croyons fortement à l’innovation en tant que vecteur d’amélioration du quotidien des populations. Nous avons pu apporter un certain souffle sur le secteur du Mobile Money et les clients de par leur engouement envers notre marque. Ils sont parfois assez directifs sur leurs besoins- et les prochaines étapes d’évolution de l’offre de Wave- ne cessent de nous motiver dans notre manière de participer à un meilleur accès à des services financiers pour les populations.
Nous essayons chaque jour d’évoluer, mais il faut comprendre que nous sommes à cheval entre deux secteurs fortement régulés et qu’au-delà de nos capacités techniques et les grandes compétences que nous avons en interne, il faut se résoudre à avancer étape par étape. Ceci étant dit, Wave, aujourd’hui, ce n’est plus que du transfert d’argent, c’est une solution de paiement. En plus de l’achat de crédit téléphonique Free et Expresso, des factures d’eau et d’électricité, il est aussi possible de payer l’achat de biens et de services auprès de marchands avec « Payez avec Wave ».
Nous sommes également dans la collecte des paiements de masse, pour des entreprises. Ce qui est non négligeable. Tout ceci, pour vous dire que nous réfléchissons continuellement et que pour nous rendre beaucoup plus utile tout en simplifiant le quotidien de nos utilisateurs, le travail ne s’arrête jamais et des perspectives, il y en a de très grandes.
(Source : Social Net Link, 10 mars 2022)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000