L’État du Sénégal, actionnaire à hauteur de 28% dans le capital de la Sonatel, veut céder ses parts. Un retrait qui entraînerait la « mort » de plus de 900 Pme/Pmi. Mais aussi une perte annuelle de près de 30 milliards de nos francs représentant les dividendes versés par l’entreprise dans le trésor public.
Le retrait éventuel de l’État du capital de la Sonatel ne se fera pas sans dégâts. Des pertes incalculables sur l’économie du pays. Plus de 900 Pme/Pmi et associés sont menacés de mettre la clé sous le paillasson. La Sonatel, au titre de l’année 2007, a apporté un chiffre d’affaires de plus de 60 milliards Fcfa à 966 Pme/Pmi sénégalaises. Ces petites et moyennes entreprises se verraient le robinet coupé si l’État venait à vendre ses parts à des spéculateurs étrangers. La menace est d’autant plus réelle que la préoccupation première d’une entreprise étrangère se résume, pour la plupart des cas, à la recherche du profit. La cession des parts de l’État à des spéculateurs financiers étrangers entraînerait aussi des pertes de recettes fiscales de 30 milliards de Fcfa par an. L’entreprise dirigée par Abdoul Mbaye ne pourrait plus recouvrer à 100%. Puisque, explique Gaïdy Ndaw - président de l’Amicale des femmes de la Sonatel - des marchés naguère sous traités à des Pme/Pmi sénégalaises pourraient tomber entre les mains d’entreprises étrangères. Avec comme conséquence la baisse des recettes fiscales. Et pour cause, poursuit-il, « le manque du chiffre d’affaires. Mais aussi, la Tva sera désormais remplacée par le Bénéfice net comptable (Bnc) associé à l’importation ». À cela s’ajoute une raison liée au taux de la Tva. Pour la plupart des Pme/Pmi, la Sonatel collecte à l’avance pour le compte de l’État un taux de recouvrement et d’intégrité de quasiment 100%. Or, en donnant la prestation à une entreprise étrangère, le système Bnc intervient immédiatement avec des risques de non recouvrement, prévient le président de l’Amicale des femmes de la Sonatel. L’autre conséquence fâcheuse qui pourrait découler du retrait de l’État du capital de l’entreprise, c’est la perte de centaines d’emplois des travailleurs. On rappelle qu’en Allemagne, chez Deutch telekom, l’introduction des fonds de pensions, même minoritaires, a eu comme effet immédiat le licenciement de milliers d’emplois pour des raisons qui seraient spéculatives. Qu’est-ce qui pourrait empêcher la reproduction d’un tel scénario dans le cas de la Sonatel ?
Jean-Pierre Mané
(Source : L’Observateur, 27 mai 2008
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