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Victor Ndiaye, Pdg Groupe Performances Management Consulting, actionnaire de la Sonatel

mardi 14 avril 2009

Au milieu des remous soulevés par la volonté exprimée, par les deux actionnaires majoritaires de la Sonatel, de céder l’un au profit de l’autre leurs actions, M. Victor Ndiaye, actionnaire minoritaire, membre du Conseil d’administration, se prête à une analyse dénuée de passion des enjeux en question, pour le Sénégal, et son positionnement dans la sous-région.

A quel titre siégez-vous au Conseil d’administration de la Sonatel ?

Je suis administrateur indépendant, ce qui signifie que je ne représente l’intérêt d’aucun actionnaire en particulier. J’essaie de veiller à l’intérêt de l’entreprise, donc de l’ensemble des actionnaires. Je préside également le Comité d’audit du Conseil.

’Le Conseil d’administration a-t-il jamais discuté de la cession des parts de l’Etat au sein de l’entreprise ? Si ce n’est pas le cas, qu’est-ce qui peut l’expliquer ?

Non, et je le regrette. Le Conseil d’administration n’a jamais discuté de cette cession de parts et a été informé de l’opération à peu près en même temps que le grand public.

Sachant que France Télécom dispose d’un droit de préemption sur les titres de l’Etat dans la Sonatel, les deux partenaires ne sont-ils pas justifiés de décider de la manière dont ils veulent opérer ?

Les deux parties sont totalement justifiées dans leur choix d’acheter ou de vendre. Mais, il y a la démarche. Dès lors qu’il s’agit d’une part, d’une entreprise cotée en bourse et d’autre part de prendre le contrôle du fleuron de l’économie sénégalaise, cette opération ne peut se faire en catimini entre deux ou trois acteurs. D’abord, il y a des procédures techniques à respecter, et c’est ce qu’est venu rappeler le « gendarme » de la bourse, le Crepmf. Mais ensuite et de façon plus fondamentale, une telle opération ne peut réussir contre l’avis, aussi bien du personnel de l’entreprise que d’une majorité de l’opinion publique nationale. Jouer la transparence, expliquer le bien-fondé de l’opération et susciter l’adhésion des principales parties prenantes aurait été, il me semble, une meilleure approche. Surtout concernant une entreprise qui, à tous égards, reste une référence en matière de bonne gouvernance.

Quelle appréciation faites-vous de la décision du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf), le « gendarme » de la bourse régionale, de bloquer la transaction entre les deux partenaires ?

Franchement, je ne pense pas qu’il y ait eu une quelconque volonté, ni de l’Etat sénégalais ni de France Télécom, de ne pas respecter les procédures. Ce type d’opérations est rare dans notre zone et les procédures ne sont pas toujours maîtrisées. Maintenant, c’est tout à fait le rôle du Crepmf de les rappeler à l’ordre et de veiller à leur strict respect.

En tant qu’administrateur, comment estimez-vous les conséquences, pour l’orientation de la société, d’une majorité absolue de France Télécom dans la Sonatel ?

Je lis dans les craintes exprimées, aussi bien par le personnel de la Sonatel que par l’opinion publique sénégalaise, que le partenaire France Télécom n’a pas encore su totalement convaincre que son intérêt propre convergeait avec celui de la partie sénégalaise, à savoir maintenir la Sonatel comme un sujet de fierté nationale, en améliorant localement sa qualité de service et en l’accompagnant dans son ambition de devenir un grand opérateur régional. Cette ambition était clairement affichée dans le plan stratégique 1995-2000 de la Sonatel, et accompagner sa mise en œuvre était la principale raison de son ouverture à un partenaire stratégique en 1997. Et France Télécom constituait un partenaire idéal. C’est le 2ème opérateur de télécommunications au monde. Sa maîtrise technologique et sa capacité d’innovation, alliées au creuset de compétences et à la capacité financière de la Sonatel, offraient une synergie extraordinaire pour bâtir, sous la bannière Orange, un opérateur régional intégré particulièrement performant sur toute l’Afrique de l’Ouest. La formidable réussite au Mali de cet attelage Sonatel/France Télécom en est un exemple.

Par contre, d’autres arguments, à caractère « nationaliste », estiment que livrer la Sonatel pieds et poings liés à France Télécom permettrait à cette dernière de contrôler et maîtriser l’expansion d’une filiale devenue quasiment une concurrente dans la sous-région. Cette théorie est-elle crédible à vos yeux ?

Sans doute pas, mais elle illustre bien le malaise qu’au lieu d’être perçu comme le partenaire qui va accompagner l’ambition régionale de la Sonatel, France Télécom est perçu comme celui qui la freine. C’est un problème de perception qu’il doit résoudre. Il est vrai qu’habituellement, les opérateurs mondiaux rachètent des opérateurs nationaux qui sont cantonnés sur leurs marchés locaux et qui sont pilotés à partir de la maison mère. France Télécom a ainsi une quinzaine de filiales en Afrique qui sont pilotées depuis Paris. La Sonatel ne peut pas rentrer dans ce schéma. Elle a vocation à être un opérateur régional fort, porte drapeau d’un opérateur mondial. Et ma conviction est que cette approche est la meilleure dans un secteur des télécommunications où une concurrence féroce se joue entre quelques grands acteurs à l’échelon mondial, et où il faut aller vite, prendre des positions sur la carte du monde sur les différents continents et savoir bien les gérer. Cette vision et cette ambition régionale pour la Sonatel sont-elles partagées par tous les partenaires ? Si la réponse était oui, l’opération actuelle ne devrait poser aucun problème. Vu le malaise, il reste clairement du travail à faire, pour construire une vision partagée entre les différentes parties prenantes, et la décliner en une stratégie de développement cohérente

On entend dire que, ce que l’Etat perdrait en termes de dividendes, en aliénant ses actions, pourrait facilement être compensé par la hausse des recettes fiscales que lui verserait la Sonatel totalement privatisée. Partagez-vous cet argument ?

Ecoutez, lorsqu’on parle de l’Etat, je pense qu’il est important de sortir d’une simple logique comptable et d’inscrire les décisions dans une perspective stratégique. Lorsque la Sonatel a été privatisée en 1997 et contrairement aux privatisations habituelles, il ne s’agissait pas juste de suivre les injonctions de la Banque Mondiale et de renflouer les caisses de l’Etat. Il s’agissait de donner à un opérateur national performant les leviers stratégiques, d’une part pour se préparer à un environnement national de plus en plus concurrentiel, et d’autre part d’entamer son expansion régionale. Dès le début des années 90, cette vision était claire au sein de l’entreprise. Elle ne l’était peut-être pas suffisamment au sein de l’Etat, de telle sorte que les enjeux de développement stratégique ressortaient peu dans le cahier des charges de l’opérateur privatisé. Aujourd’hui, en 2009, la grappe des télécommunications et des technologies de l’information est au cœur de la stratégie de croissance accélérée de notre pays et doit permettre au Sénégal, dans ce premier quart du 21e siècle, de devenir un grand pays de services. Une telle stratégie ne peut pas réussir si elle n’est pas portée par une entreprise leader, un champion national, et ce champion c’est clairement la Sonatel, tout comme France Télécom est le porte-drapeau de la stratégie mondiale de la France dans les télécommunications, Air France dans le transport aérien ou Areva dans le nucléaire. Cela n’empêche pas, bien entendu, de renforcer la concurrence au Sénégal en faisant venir d’autres opérateurs et d’autres marques, comme Tigo et Expresso, cela est même indispensable. Mais réduire le rôle de l’Etat à celui de l’Agence de régulation, c’est-à-dire un simple arbitre qui doit rester à équidistance des différents opérateurs, constitue une erreur stratégique. A l’instar des autres, le Sénégal ne sera un pays émergent que si l’Etat développe une complicité et une vision stratégique partagée avec les champions du secteur privé pour accompagner leur expansion internationale. Regardez comment les Etats de Singapour, de Corée du Sud, de Taiwan, de la Malaisie, de la Tunisie, du Maroc ou de l’Afrique du Sud travaillent main dans la main avec leurs entreprises championnes, vous comprendrez le secret de leur émergence. Regardez comment la France traite ses entreprises championnes, vous comprendrez les raisons de la préservation de sa puissance. La question ce n’est pas combien de dividendes ou d’impôts l’Etat va engranger cette année. La question, c’est : combien de dividendes l’Etat et les actionnaires sénégalais vont-ils engranger durant les dix prochaines années ? Combien d’emplois et de salaires vont être générés avec une Sonatel deux fois plus grosse et possédant plusieurs filiales dans toute l’Afrique de l’Ouest ? De combien sera renforcée la compétitivité d’un Sénégal devenu pôle régional d’excellence de la stratégie mondiale de France Télécom ? Comment l’Etat peut, par une meilleure « complicité » avec ses champions dynamiser la mise en œuvre de la stratégie de croissance accélérée ?

Ce sont les réponses à ces questions qui doivent permettre de juger de la pertinence pour l’Etat sénégalais de revoir la géographie de l’actionnariat de la Sonatel, et de donner ou pas le contrôle de la Sonatel à France Télécom. Et il est important que ces réponses fassent l’objet d’un minimum de consensus.

Pour les petits actionnaires, dont vous faites partie, l’omnipotence d’un actionnaire aurait-elle des implications dans le sens de menacer vos intérêts, ou au contraire, rendrait-elle les choses plus aisées ?

En tant qu’administrateur, j’essaie d’être le garant de l’intérêt de tous les actionnaires, et pas seulement de celui des actionnaires minoritaires dont je fais effectivement partie.

Quels sentiments suscite en vous cette affaire de vente des actions de la Sonatel ?

Je pense que nous devons regarder cette période de crise en réalité comme une grande période d’opportunités. Les crises sont les périodes où les positions se redessinent, et où les faibles peuvent devenir plus forts et les forts se retrouver dans les pelotons arrière. Dans ce contexte, les plus menacés sont ceux qui se contentent de gesticuler pour survivre et qui prennent des expédients qui en réalité les affaiblissent sur le long terme. J’ose croire que la vente par l’Etat des actions de la Sonatel ne rentre pas dans cette catégorie, avec un Etat qui aurait juste besoin, en toute urgence, d’un peu de trésorerie. Les gagnants en période de crise, sont ceux qui disposent d’une stratégie claire et profitent de la crise pour avancer rapidement des pions qu’ils auraient du mal à faire avancer en temps normal. Je suis persuadé que la Sonatel, et à travers elle, l’ensemble du Sénégal, a les moyens d’être l’un des gagnants de cette crise, à travers quelques acquisitions stratégiques d’ici 2010, qui renforceraient sa position sur la carte régionale de façon considérable. Les retombées pour toutes les parties prenantes, à commencer par l’Etat sont, sans commune mesure, avec les montants dont il est question dans l’opération en cours. J’espère que ce sont de telles perspectives qui sont à la base de l’opération en cours et dans ce cas, l’Etat et France Télécom doivent l’expliquer aux différentes parties prenantes afin de susciter leur nécessaire adhésion. Dans le cas contraire, il faudrait sans doute se remettre à table pour asseoir cette opération sur des bases plus solides.

Propos recueillis par Mouhamed Guèye

(Source : Le Quotidien, 14 avril 2009)

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