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Tchad : l’addition salée des 235 jours de restriction d’accès à internet

mercredi 7 décembre 2016

Après 235 jours, le gouvernement tchadien a levé la restriction de l’accès à internet dans le pays. Selon Internet Sans Frontière, cette censure aurait coûté plus de 18 millions d’euros à l’économie tchadienne. Un manque à gagner qui aurait pu être investi dans des secteurs prioritaires en ces temps où les caisses de l’Etat traversent une conjoncture des plus difficiles.

235 jours de censure d’internet et une facture de 18 millions d’euros soit 13 milliards de FCFA, c’est le bilan que vient de dresser, dans un communiqué, l’organisation Internet Sans Frontières relativement à la restriction de l’accès aux réseaux sociaux et à certains services de messagerie au Tchad. Depuis le 2 décembre dernier, les internautes tchadiens peuvent en effet se connecter sans restriction sur internet après plus de 10 mois de censure. Tout en se réjouissant de la décision des autorités tchadiennes, l’organisation internationale qui milite contre la censure de l’accès à internet dans le monde a fait part de son regret par rapport au temps qu’il a fallut au gouvernement « pour entendre l’appel lancé par les citoyens tchadiens, la société civile tchadienne et internationale, dont notre association, qui demandait dans une lettre ouverte au gouvernement de rétablir cet accès, et de mettre fin à une violation injustifiée des libertés d’expression et de communication des citoyens tchadiens ». Pour Internet Sans Frontières, ce regret est d’autant plus amer que d’après les estimations, fondées sur une méthode de calcul mise au point par le Brookings Institute, le manque à gagner pour l’économie nationale aurait pu servir à d’autres fins utiles pour le pays.

« Ces 235 jours sans réseaux sociaux au Tchad ont coûté 18 millions d’euros à l’économie tchadienne, près de 13 milliards de francs CFA, une somme qui aurait pu être investie utilement, dans un pays durement touché par la crise pétrolière, et en proie à des mouvements sociaux du fait du retard dans le paiement des salaires de fonctionnaires, entre autres revendications économiques ».

Rappel à l’ordre de l’ONU

Citant le site d’information tchadien Yadari, l’organisation relève que le rétablissement de l’accès aux réseaux sociaux est intervenu après une demande d’explication du rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression, et du rapporteur spécial pour la liberté d’association, adressée aux autorités tchadiennes le 7 novembre 2016, sur les justifications légales du maintien du blocage des réseaux sociaux et applications de messagerie. « Ceux-ci avaient été coupés à plusieurs reprises, comme le rappellent dans leur courrier les rapporteurs spéciaux de l’ONU : d’abord en février 2016, lors des manifestations en soutien à la jeune Zouhoura, puis à partir en avril 2016, jour de l’élection présidentiel au sortir de laquelle le président Idriss Déby a été réélu dans un scrutin contesté, jusqu’au rétablissement le 2 décembre 2016 ». Selon le média tchadien, « la levée de la restriction n’est pas un cadeau du régime d’Idriss Deby mais plutôt une exigence, voire un ordre venu droit du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU ». Dans la correspondance adressée au Président de la République Idriss Deby et son gouvernement en date du 7 novembre 2016, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unis a donné un délai de 60 jours au gouvernement tchadien afin de s’expliquer et donner des raisons et preuves justifiants les coupures et restriction d’Internet depuis le 27 février, rappelle la même source qui a publié, documents à l’appui, les conclusions des rapporteurs de la commission.

« Depuis le 9 mai 2016, l’accès aux réseaux sociaux et aux applications mobiles, resterait bloqué. Aucune justification ou base juridique n’aurait été présentée pour justifier les perturbations mentionnées. Nous exprimons sérieuses préoccupation quant aux perturbations des réseaux Internet et téléphoniques, qui constituent des restrictions disproportionnées de la liberté d’expression, et semblent avoir été mis en place sans aucun fondement juridique. En particulier, nous exprimons des préoccupations sur le fait que ces perturbations semblent avoir été organisées et mises en œuvre de manière arbitraire. Nous exprimons par ailleurs des préoccupations sur le fait que ces perturbations ne semblent pas nécessaires pour protéger la sécurité nationale, l’ordre public ou un objectif légitime ».

Perte sèche de 3,5 millions d’euros en une journée

D’après Internet Sans Frontière, le jour de l’élection présidentielle, une coupure totale du réseau internet a été observée, et a coûté à elle seule 3,5 millions d’euros à l’économie tchadienne. Pour l’organisation, « le cas du Tchad rappelle l’efficacité de la pression internationale lorsque les pays violent les libertés et droits de leurs citoyens, et rappelle l’urgence de créer des mécanismes de sanctions à l’encontre des États qui coupent l’accès à Internet de leur citoyens, au mépris de leurs engagements internationaux ».

Ces derniers temps, les autorités de plusieurs pays du continent recourent régulièrement à la censure de certains sites notamment les médias sociaux ou carrément à la coupure d’internet, surtout à l’approche des élections afin de prévenir tout risque de contestation politique ou de mouvements sociaux. C’était le cas au Congo, en RDC ou au Gabon. Le dernier acte en date, c’est en Gambie à l’occasion de la dernière élection présidentielle, ce qui n’a pas pour autant empêcher la défaite du président sortant Yahya Jammeh. L’organisation s’est d’ailleurs réjouie de l’issue de ce scrutin qu’elle a qualifié de « victoire pour la démocratie et l’internet ».

Aboubacar Yacouba Barma

(Source : La Tribune Afrique, 7 décembre 2016)

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