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Sommet mondial sur la société de l’information : L’équilibre entre nord et sud pas pour demain

lundi 8 décembre 2003

La première phase du Sommet mondial sur la société de l’information s’ouvre ce mercredi à Genève (Suisse) avec beaucoup de points de désaccords liés notamment à la question du Fonds de solidarité numérique, la gouvernance sur l’Internet, les droits de l’Homme ainsi que les points relatifs à la liberté d’expression et à la liberté de la presse. Cette première mondiale, qui réunira pour la première fois sous la houlette des Nations-Unies les membres de la société civile ainsi que les traditionnels acteurs politiques (pas moins de 65 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus), devrait déboucher sur une Déclaration politique et un Plan d’action avant le sommet de Tunis prévu en 2005. Si pour le moment seul le chef d’Etat français, Jacques Chirac qui jouit d’une bonne côte de popularité sur les questions internationales et le chancelier allemand Schröder ont confirmé leur participation parmi les pays les plus riches, ce sommet sera marqué par l’affluence des principaux dirigeants des pays du sud, à l’image des présidents brésilien, cubain, égyptien, sénégalais, tunisien, etc. Et pourtant l’utilisation des technologies de l’information et de la communication qui ne connaissent pas de frontières au regard de la nature de ces techniques, est en train de rendre désuètes toutes les législations nationales mises en place depuis l’avènement des Etats, mais aussi de favoriser le développement de maux propres à ce siècle comme le terrorisme international, la pédophilie et le renforcement de l’exclusion. Malgré les discours les plus optimistes liant le développement des Tic à un accès universel à la connaissance ou encore à l’essor des droits de l’homme, de la démocratie et du développement des pays pauvres, force est de constater que les Tic n’ont cessé de contribuer à renforcer cette fracture entre les pays du Nord et du Sud enclenchée depuis la colonisation. En effet, le tableau de départ apparaît très défavorable pour les pays du Sud, principalement l’Afrique subsaharienne qui « a connu des taux de croissance du revenu déplorables. Entre 1970 et 1992, le Produit intérieur brut (Pib) moyen par habitant s’est accru de seulement 73 dollars en parité de pouvoir d’achat, alors que, dans le même temps, il a progressé de 420 dollars en Asie du Sud (soit un taux moyen de 2,3 % par an) et de 900 dollars en Asie de l’Est (soit 3,1 % par an). En 1970, le Pib moyen par habitant de ces deux régions était comparable à celui de l’Afrique », selon la Banque mondiale. Aussi, au moment où un Américain consomme environ trois fois plus d’énergie qu’un Suisse, qui lui-même consomme en moyenne autant d’énergie que douze Indiens, 54 Soudanais ou 107 Tanzaniens, le fossé numérique entre le Sud et le Nord n’est pas près de se rétrécir dans ce nouveau contexte où les dimensions économiques avec la recherche effrénée de profits sont plus mises en avant. Résolument orienté vers une vision marchande avec des opérateurs économiques tournés uniquement vers la quête du profit qui passe avant l’homme, le système économique actuel, sous-tendu par une véritable théologie avec ses différents prédicateurs et lieux de culte comme les bourses, opère de facto une scission au sein de la société, même dans les pays occidentaux où les non solvables sont de plus en plus rejetés sans aucune assistance à la périphérie. Cette nature même du fondement du système occidental se vérifie à travers le rejet, par une bonne partie des pays leaders de la triade (Etats-Unis et Canada, Japon, Union européenne), de la proposition du président sénégalais Abdoulaye Wade de mettre sur pied un Fonds de solidarité numérique chargé de payer la facture de la fracture numérique sur la base de souscriptions volontaires. L’exclusion, traduite à travers le paradigme d’« info-riches » et d’« info-pauvres », risque ainsi de se renforcer entre les pays riches et les pays pauvres où le taux de connexion en lignes téléphoniques n’est que de 10 lignes pour 100 habitants et de moins d’une personne sur 100 utilisant l’Internet. Ces données de l’Union internationale des télécommunications (Uit) sont renforcées par celles du Bureau international du travail relevant que 90 % des utilisateurs sont localisés dans les pays du Nord. Une réelle appropriation des Tic par les pays pauvres devrait remettre en cause toute la base des relations déjà tissées entre ces deux pôles (Nord et Sud) dans la mesure où la plupart des appuis et aides initiés par les pays riches pour résorber le gap numérique avec les pays pauvres cachent en toile de fond l’extension du commerce électronique et de ses produits issus tous du Nord. Ayant compris ces enjeux, la plate-forme suisse, regroupant une cinquantaine d’Ong et d’acteurs sociaux, s’est déjà démarquée des textes qui seront soumis lors du Smsi en dénonçant l’« idéologie techniciste et marchande qui sous-tend cette société de l’information définie non pas à partir des êtres humains et de leurs cultures, mais des marchés et des technologies ». L’Unesco, reléguée à un rôle moindre dans ce sommet qu’organise l’Uit, traduisant du coup la mise en avant de la dimension technique et financière des Tic, entend ainsi peser de tout son poids pour l’émergence d’une « infoéthique », afin de sauvegarder la pluralité des discours et des cultures. Le Smsi qui aurait dû apporter un correctif à tous ces dysfonctionnements semble mal parti pour rétablir un certain équilibre virtuel dans les relations entre les pays pauvres et les pays riches, avec les réticences apportées par les dirigeants du Nord et certains industriels sur les questions capitales (gouvernance, liberté d’expression, sauvegarde des cultures, la sécurité sur le réseau, la solidarité numérique) à l’avènement d’une réelle société de l’information. Un paradigme qui comme le « développement » ou la question du développement lancé le 20 janvier 1949 par le président américain Harry Truman, lors du rituel discours de l’Union, visait à corriger les déséquilibres entre pays pauvres et pays riches en leur apportant le soutien nécessaire techniquement, humainement et financièrement. Depuis, même si les pays d’Europe de l’Ouest ont eu à bénéficier du plan Marshall pour leur reconstruction, force est de constater que la fracture entre les pays pauvres et les pays riches n’a jamais été aussi nette avec des institutions comme l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale qui n’ont de cesse de déshumaniser tout le socle socioculturel des pays pauvres à travers des mesures imposées comme l’ajustement structurel, la libéralisation sauvage et le retrait de l’Etat. Correspondant

Ousmane SY

(Source : Le Quotidien 8 décembre 2003)

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