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Sénégal : la technologie sur les routes

samedi 27 janvier 2024

Le Sénégal a lancé le 18 janvier 2024 une plateforme de paiement des « amendes forfaitaires » pour les automobilistes. Une application destinée à prévenir la corruption sur les routes tout en favorisant une meilleure collecte des ressources financières au profit des collectivités locales et du trésor public. Cependant, elle laisse dubitatifs certains usagers et des syndicats de transport, en attendant de voir.

Un automobiliste immobilisé par un policier ou un gendarme affecté au contrôle de la circulation routière et devant payer une amende de trois mille FCFA, voire plus glisse discrètement à l’agent, un billet de 1.000 FCFA au moment de remettre son permis ou sa carte grise : la scène est habituelle pour beaucoup de Sénégalais. Pourtant, ces actes de corruption sont bannis et causent d’énormes pertes au trésor public.

Si d’aventure, l’automobiliste préfère payer la contravention dans les caisses de l’Etat plutôt que de soudoyer un agent de la circulation, il devra se rendre physiquement à la police ou à la gendarmerie payer et récupérer ses documents confisqués. Une procédure qui peut faire perdre du temps au citoyen.

Pour alléger ces tracasseries et pertes de temps tout en limitant les pertes pour le trésor public, l’Etat du Sénégal a lancé le 18 janvier 2024 une plateforme de paiement digital des amendes forfaitaires pour les automobilistes. L’outil est mis en place par la Direction générale de la comptabilité du trésor public (DGCTP).

La plateforme prend également en compte toute la panoplie des irrégularités rattachées aux titres de transport, indique une note de la DGCPT, une entité sous la tutelle du ministère des Finances et du Budget.

Ce nouveau mode de paiement digitalisé des amendes forfaitaires est mis en œuvre avec la police, la gendarmerie, la direction générale des transports terrestres, l’Agence nationale de la sécurité routière, en collaboration avec une entreprise privée spécialisée dans l’intégration de solutions monétiques et informatiques.

L’initiative vise à permettre aux usagers de la route de « gagner du temps », en cas de commission d’infractions contraventionnelles, explique à Ouestaf News Assane Goumbélé, responsable des aspects techniques du projet. Elle vise aussi à lutter contre « le racket », un phénomène très décrié par les automobilistes.

Avec cette nouvelle plateforme, avance M. Goumbélé, les automobilistes n’ont « plus besoin de se rendre à la police ou à la gendarmerie pour récupérer leurs papiers (permis de conduire, carte grise, assurance, etc.) », après une infraction.

La digitalisation du système permet au contrevenant de payer l’amende sur place et de recevoir immédiatement sa quittance. Son permis de conduire et sa carte grise lui sont restitués immédiatement. L’argent encaissé est versé directement dans les caisses du trésor public, selon la DGCPT.

Pour faire ce travail, les policiers et gendarmes disposent d’un Assistant numérique personnel (DPA, en anglais) avec lequel ils saisissent des informations sur le contrevenant (permis de conduire, numéro de carte grise, etc.). Le montant à payer pour la contravention s’affiche directement sur l’appareil et ne peut être modifié par l’agent, précise le chef technique du projet.

Les promoteurs du projet espèrent que cette innovation va permettre de renflouer « les caisses du trésor public du Sénégal, en éliminant tout intermédiaire dans le processus de collecte des amendes forfaitaires », explique Cheikh Tidiane Diop, directeur général de la DGCPT

Cette amélioration dans la collecte des ressources peut également bénéficier aux collectivités territoriales dans les circonscriptions desquelles a été commise l’infraction.

Le directeur général des transports terrestres, Valdiodio Ndiaye, invite les transporteurs et leurs syndicats « à s’approprier » la plateforme. Mais chez les automobilistes, le projet fait naître quelques inquiétudes.

Au quartier de Liberté 6, en périphérie du centre-ville de Dakar, l’automobiliste Matar Niang se dit inquiet de la mise en œuvre de cette technologie. Interrogé par Ouestaf News en pleine circulation, ce transporteur d’une cinquantaine d’années, craint que cette innovation ne vienne exacerber les tracasseries que les usagers de la route rencontrent avec des agents de la circulation qui arrêtent à tout bout de champ pour renflouer les caisses de l’Etat.

Même inquiétude pour El Hadji Mansour Ndir, secrétaire général du syndicat des routiers. Même s’il pense que ce procédé est de loin préférable au système actuel gangrené par des passe-droits entre agents de la circulation et automobilistes, il craint que l’outil ne favorise des « contraventions répétées ». Un automobiliste non en règle peut être arrêté plusieurs fois dans la journée.

Dans l’actuel système, certains chauffeurs abusent du système préférant circuler avec une attestation de la contravention délivrée par la police pendant des heures, voire des jours. Il présentait à chaque nouveau contrôle ce document au lieu de se mettre en règle immédiatement.

C’est l’une des pratiques que la digitalisation va éradiquer. Les contrevenants récidivistes dans la même journée paieront autant de fois qu’ils seront interpellés tant qu’ils ne se seront pas mis en règle. Ce qui fait dire au chauffeur de taxi, Ass Malick Seck qu’ « à force de payer des contraventions », le conducteur de taxi risque de voir ses recettes journalières se réduire drastiquement.

Le célèbre officier de police Mouhamadou Diouf, considéré comme un chevalier blanc dans la lutte contre la corruption sur les artères dakaroises, a bien insisté, lors d’une phase test que la contravention doit être payée à chaque fois qu’il y a infraction.

S’adressant à Ouestaf News lors du lancement de la plateforme, Mamadou Ndiaye, porte-parole des syndicats du transport terrestre, s’est offusqué « des manquements » constatés sur la plateforme de paiement. Selon lui, lors de ces phases test, un chauffeur de taxi a dû payer six mille FCFA pour une infraction qui aurait dû coûter trois mille FCFA.

Normalement, explique M. Ndiaye, « le défaut de port de ceinture de sécurité est sanctionné par le paiement de trois mille FCFA. Or dans la plateforme de paiement cette infraction est facturée à six mille FCFA ».

Ces divers manquements seraient le résultat de la « non implication » des acteurs du transport dans la mise en œuvre du projet, accuse le syndicaliste.

(Source : Ouestaf, 27 janvier 2024)

Post-Scriptum

Ce reportage est réalisé dans le cadre de la bourse de journalisme sur les Infrastructures publiques numériques (IPN) organisée par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA,anglais) et Co-Develop.

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