Des diplomates occidentaux en poste au Rwanda se sont dits préoccupés par une directive de la Commission électorale l’autorisant à contrôler les publications de campagne sur les réseaux sociaux des candidats à la présidentielle du 4 août 2017.
Une directive qui prend effet à partir du 14 juillet oblige tous les candidats à la présidentielle rwandaise à soumettre à la Commission électorale 48 heures à l’avance pour validation le contenu qu’ils souhaitent publier sur les réseaux sociaux.
La Commission assure que cette mesure vise à empêcher les discours « divisionnistes ». La directive avait déjà été critiquée par l’opposition rwandaise. Au tour des diplomates occidentaux de faire part de leurs inquiétudes.
« Nous sommes tous préoccupés par ce récent développement et je pense qu’il est important de vraiment comprendre ce qui sous-tend cette très très sérieuse limitation de la liberté d’expression », a déclaré l’ambassadrice américaine au Rwanda.
« La censure est-elle la voie à suivre ? »
Erica Barks-Ruggles a tenu ces propos le 30 mai à Kigali, la capitale, lors d’une table ronde sur les droits de l’homme au Rwanda, en présence du ministre rwandais de la Justice.
Comment « limiter les discours haineux » sur les réseaux sociaux est aussi un défi en Europe, a renchéri Peter Woeste, l’ambassadeur d’Allemagne. Cependant, « la censure est-elle la voie à suivre ? », s’est-il interrogé.
Même inquiétude pour Michael Ryan, le représentant de l’Union européenne à Kigali. « Je pense que c’est trop limitatif. La question brûlante est de savoir où les lignes sont tracées. L’important est d’avoir des élections libres et équitables dans le sens où les candidats ont le droit d’accéder au public avec leurs programmes et leurs politiques. »
La mesure avait déjà été critiquée par l’opposant rwandais Frank Habineza. Le président du Parti vert démocratique s’était dit prêt à engager des poursuites contre la Commission électorale.
Invité à réagir, Johnston Busingye, le ministre rwandais de la Justice, a estimé que la Commission électorale était dans son droit mais que sa décision pouvait être questionnée.
« Premièrement, la Commission électorale nationale a le droit de publier des lignes directrices. Deuxièmement, la société a aussi le droit de critiquer. Des formations politiques ont dit qu’elles pensaient déposer un recours devant la justice. C’est une discussion saine. Voyons comment ceci évolue », a-t-il conclu.
(Source : RFI, 31 mai 2017)
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