J’ai appris avec un grand plaisir que le groupe Atos s’est installé au Sénégal. Je ne pouvais pas ne pas revenir sur cette actualité car c’est un sujet qui m’intéresse au plus haut point. En effet, en tant que consultant technique SAP/ABAP travaillant pour un grand concurrent d’Atos, entrepreneur et faisant partie d’une génération d’évangélisateurs des nouvelles technologies en Afrique, ce sujet m’importe au plus au point.
ATOS
Pour ceux qui ne le connaissent pas, ATOS est un groupe Français de Services Informatiques qui fournit à ses clients du monde entier des services de conseil et d’intégration de systèmes, d’infogérance, de Big Data et de Sécurité, d’opérations Cloud et des services transactionnels par l’intermédiaire de Worldline… ATOS présentait en 2014 un chiffre d’affaires de 10 milliards d’Euros, pour à peu près 100.000 employés répartis dans 71 pays. Inutile donc de dire qu’Atos fait partie des poids lourds mondiaux des services informatiques.
Quel est le projet d’ATOS pour le Sénégal ?
Atos prévoit de mettre en place au Sénégal un centre de compétence technique, capable de fournir des services informatiques à des entreprises d’Afrique Subsaharien et plus globalement à tous les clients Atos qui sont répartis dans les quatre coins du monde. La vocation de ce centre de compétence est avant tout l’export d’expertise informatique auprès des pays occidentaux encore connu sous le nom d’OffShoring. Le groupe a recruté cinquante(50) ingénieurs Sénégalais en 2014, il compte en recruter deux cent cinquante (250) en 2015 et espère arriver au nombre de deux milles (2000) à l’horizon 2020, autant dire que le projet est ambitieux.
Tu m’as parlé d’OffShoring ?
Je vais oublier un peu ma casquette de jeune entrepreneur Sénégalais pour revêtir celle de consultant informatique travaillant chez le grand concurrent d’Atos en France pour vous expliquer l’OffShoring. Ce phénomène désigne la délocalisation des services informatiques d’une entreprise vers un pays à bas salaire. Concrètement les entreprises des pays occidentaux font exécuter une partie de leurs travaux liées à des sujets technologiques ou des sujets de production par des ressources qui sont dans des pays où les coûts sont moindres. En tant que consultant technique Abap et User Experience travaillant en France, je perçois un salaire plus élevé que le consultant de même niveau qui se trouve en Inde. Si on étend cela à l’échelle d’un projet ou d’une entreprise vous vous rendez compte très rapidement des économies que cela génère pour les entreprises.
Les grandes destinations offshores pour les entreprises Françaises sont l’Inde et le Maroc. Dans plusieurs projets que j’ai eu l’opportunité de faire, la plupart des interventions techniques (Une partie de mon boulot) sont délocalisées en Inde, la France ne gardant que les sujets « touchy » ou les sujets nécessitant un fort niveau d’intégration entre des intervenants résidant OnSite.
Pourquoi le Sénégal
L’offShoring en Inde comporte quelques inconvénients pour une clientèle Française. La première et la plus grande est la différence linguistique. Les Indiens parlent Anglais avec un certain accent :), les Français ne sont pas les plus Anglophones des Européens, ils parlent un Anglais avec le fameux accent french (Ne parlons pas de l’accent Sénégalais pour le moment), ceci peut mener à des incompréhensions, à des frustrations et parfois à une inefficacité dans certains projets.
Atos au Sénégal
Les avantages du Sénégal sont donc :
Comme toute chose, le tableau n’est pas que positif. Il y a forcément des choses à améliorer du coté Sénégalais pour relever ce défi avec brio. J’y reviendrais dans une autre publication.
Pourquoi tant d’enthousiasme
Je termine par cette question car elle me tient à cœur. Les raisons pour avoir une mauvaise perception de l’implantation d’Atos au Sénégal peuvent être nombreuses :
Je dois vous dire que ces quelques points nous feront très vite oublier nos craintes :
Cette première expérience attirera inexorablement les grands concurrents d’Atos comme Capgemini, Accenture, CGI… Si elle réussit. Le Sénégal peut être un terreau fertile pour l’offshoring.
C’est une porte de retour pour les nombreux jeunes Sénégalais évoluant dans les plus grandes entreprises du monde, qui souhaitent rentrer au pays mais qui ne trouvent pas forcément de travail au Sénégal.
(Source : Le Blogue de Cheikh Tidiane Cissé, 7 février 2015)
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