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Portabilité des numéros : Ce que risque Orange

mardi 9 juillet 2013

Pour pousser les opérateurs de téléphonie mobile à être plus innovants et à faire de meilleures offres de services, l’Autorité de régulation des télécommunications et postes (Artp) va mettre en œuvre la portabilité au Sénégal. Mais cette fonctionnalité qui permet aux abonnés de migrer vers un autre opérateur tout en conservant leurs numéros d’appel risque de désavantager l’opérateur historique qui détient 62 % de parts de marché.

La vie risque bien de changer pour Orange. Avec la mise en œuvre prochaine de la portabilité des numéros de téléphone au Sénégal, l’opérateur historique du pays pourrait voir sa part de marché, actuellement à 62 %, s’écrouler du jour au lendemain. La portabilité que veut faire appliquer l’Autorité de régulation des télécommunications et postes (Artp) permettrait en effet aux abonnés de pouvoir migrer vers un autre opérateur tout en conservant leurs numéros d’appel. Ce qui a jusqu’ici constitué un grand obstacle pour nombre de clients de la filiale de France Télécoms qui souhaitent la quitter pour ses concurrents, selon des associations de consommateurs.

Déjà exprimé au Ghana, au Maroc, Kenya, au Nigeria, aux Usa ainsi qu’en France et au Luxembourg, ce levier régulateur a pour objectif, selon Mor Mbaye, coordonnateur de l’Artp, de « stimuler la concurrence dans le secteur ». M. Mbaye qui s’exprimait, hier, lors d’une concertation sur les opportunités et modalités de mise en œuvre de la portabilité des numéros au Sénégal, pense que le recours à cette fonctionnalité va induire plus de concurrence dans le secteur de la téléphonie mobile et permettra à l’abonné de ne plus être un client captif d’un opérateur du fait de numéro qui est comme une carte d’identité.

347 milliards de francs Cfa générés en 2012

L’Artp avait déjà initié une réflexion sur le sujet dès l’année 2005 avec la réalisation d’une étude approfondie sur les modalités techniques et économiques de mise en œuvre de la portabilité au Sénégal. Mais l’étude avait conclu que le marché de la téléphonie mobile n’était pas encore assez mature pour la mise en œuvre de ce levier de régulation. Mais en 2013, la situation du marché a fortement évolué comparée en 2005, avec notamment une concurrence plus soutenue sur ce marché, animée par trois opérateurs, en plus de l’arrivée d’un quatrième qu’envisage l’Etat. En effet, selon Omar Diène Sakho, directeur de l’économie, des marchés et de la stratégie de l’Artp, le secteur des télécoms représente plus de 6,5 % du Pib national. Avec un chiffre d’affaires global supérieur à 347 milliards de francs Cfa générés en 2012, la téléphonie mobile représente en valeur prés de 50 % du marché global des télécommunications. Le taux de pénétration est supérieur à 95 % (plus de 11 millions d’abonnés) contre 16 % en 2005, 38,9 % en 2007 à 76,4 % en 2011. En termes de parts de marché, Orange détient 62 %, Sentel 23 % et Expresso 15 %. Les volumes de trafic sortant des réseaux mobiles sont passés de 2,3 milliards de minutes en 2007 à plus de 9,7 milliards de minutes en 2012. Et 88 % du trafic est échangé en on-net contre moins de 9 % entre opérateurs.

Cette évolution « remarquable » et les potentialités jugées importantes ont aujourd’hui poussé le régulateur à vouloir renforcer la concurrence. « L’heure est venue de s’engager dans la dynamique de mettre en œuvre les différents leviers régulatoires permettant de renforcer la concurrence dans le secteur au bénéfice des consommateurs », déclare Mor Mbaye. Qui soutient que la portabilité est une demande pressante des associations de consommateurs et de certains opérateurs, notamment le dernier entrant, Expresso, qui a saisi officiellement l’Artp pour bénéficier de cette opportunité. Une position que la filiale de Sudatel partage avec celle de Millicom International Cellular, Tigo. Lesquels sont d’avis qu’elle permettra de baisser les prix des services de télécommunication et contribuer à un maillage plus dense du territoire national en termes de couverture pour une meilleure offre de services. Car, relève El Hadj Boubacar Bâ, responsable de la réglementation à Tigo, les clients s’attendent à un environnement plus concurrentiel.

Mahfoudh Brahim, le directeur général adjoint de Expresso Sénégal estime, en effet, qu’il y a encore des goulots d’étranglement dans le renforcement de la concurrence. « Il y a des segments du marché qui ont été libéralisés mais il y a des segments qui sont encore sous monopole. La portabilité offre le choix au consommateur qui pourra bénéficier de toutes les opportunités du marché. Elle nous pousse aussi à faire d’énormes efforts pour garder nos clients », dit-il. Non sans signaler que ce n’est pas la peine de donner une nouvelle licence si chacun doit garder sa part de marché. Les organisations de consommateurs qui ont pris part à cette concertation, ont tous plaidé en faveur de son application dans les meilleurs délais. Ce, pour éviter aux clients d’être des « captifs » des opérateurs de téléphonie mobile. « Les 7 millions de clients qui sont chez Orange veulent changer d’opérateurs parce qu’ils ne sont pas contents du service et des coûts, mais ils ne le peuvent pas. Il faut qu’on leur donne la possibilité de partir. Le marché est déséquilibré. On est à 200 % pour la portabilité », dit Momar Ndao de l’Association nationale des consommateurs (Ascosen).

Sonatel, seule contre tous

Si tous ces deux opérateurs et associations de consommateurs sont en phase avec l’Artp pour la mise en œuvre de la portabilité au Sénégal, Sonatel, elle, « n’est pas convaincu de son opportunité ». Adama Sidibé, son chef du département de la réglementation pense que c’est facile à dire mais c’est difficile à mettre en œuvre. « La portabilité sera très difficile à appliquer sur le plan technique et tarifaire. Cela a un coût ; il ne faut pas nous leurrer. Il y a d’autres priorités, notamment la couverture », soutient-il. Avant d’exposer tous les inconvénients de cette fonctionnalité. Lesquels sont liés à la lisibilité tarifaire, le client qui sera porté ne pouvant pas savoir l’opérateur de son correspondant et combien il devra payer. Ils concernent aussi les coûts de mise en œuvre et la guerre des prix qu’elle va engendrer et qui va détruire la valeur. « Sonatel n’est pas convaincu de l’opportunité de la mise en œuvre de la portabilité au Sénégal. Les résultats obtenus dans différents pays ne sont pas déterminants sur l’impact de l’évolution du marché et de plus les coûts engendrés sont importants », affiche M. Sidibé. Qui plaide, avant toute mise en œuvre, la réalisation d’études de marché pour évaluer les besoins des consommateurs en matière de potentiel afin d’identifier les catégories de consommateurs susceptibles de demander le service.

Seyni Diop

(Source : Wal Fadjri, 9 juillet 2013)

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