Des médias internationaux ont dévoilé une enquête portant sur une vaste opération de cybersurveillance. Au cœur de cette révélation, l’utilisation du logiciel espion Pegasus de l’israélien NSO Group. Journalistes, opposants, chefs d’entreprises, chefs d’Etat et bien d’autres cibles ont été visés par des agences gouvernementales à travers le monde.
C’est une nouvelle affaire d’utilisation à des fins détournées qui accable la société israélienne »de sécurité informatique » NSO Group. Son logiciel espion Pegagus « destiné à lutter contre le terrorisme et autres formes de criminalités et fourni uniquement aux agences gouvernementales » -selon la société- est de plus en plus utilisé à des fins criminels commanditées par des Etats.
Pegasus permet de hacker le téléphone portable de l’utilisateur et d’en récupérer toutes les données personnelles. Le logiciel sert à activer à distance le micro et la caméra du téléphone infecté. De quoi assurer une surveillance permanente de la cible. Particulièrement efficace pour la surveillance ciblée, c’est un ‘’bijou’’ de renseignement détourné contre des voix dissidentes de par le monde.
Selon le journal ‘’Le Monde’’, membre des médias ayant mené cette enquête, « 50 000 numéros de téléphone, des cibles potentielles de Pegagus » ont fait l’objet de l’enquête, avec la collaboration de dix-sept médias. L’initiative est à l’actif du consortium de journalistes Forbidden Stories et Amnesty International.
« Parmi ces cibles, ce ne sont pas les membres de groupes terroristes ou d’organisations criminelles qui dominent, mais des avocats, des journalistes, des activistes, sans compter des chefs d’Etat, des diplomates et des hauts responsables de services de renseignement, issus de cinquante pays », écrivent nos confrères du journal ‘’Le Monde’’.
Zéro change de détection
C’est un puissant espion contre lequel il est aujourd’hui difficile de se protéger, révèlent l’enquête. Le logiciel est à même de récupérer des conversations faites via des applications cryptées comme WhatsApp ou encore Signal. D’ailleurs il existe une plainte de Facebook et WhatsApp contre l’entreprise israélienne. Les deux réseaux sociaux accusent NSO Group d’avoir exploité une faille dans leurs systèmes.
Selon le consortium Forbidden Stories, « la démocratie mondiale est victime d’une cyberattaque ». Pour le consortium, les faits sont graves et comparables à un crime mondial, une bombe atomique.
Les données exploitées par l’enquête révèlent qu’au moins 180 journalistes ont été visées. Parmi eux, Edwy Plenel, cofondateur de ‘’Mediapart’’ dont le journal a annoncé avoir déposé une plainte à Paris.
« Le laboratoire de sécurité d’Amnesty International, en partenariat avec Forbidden Stories, a pu effectuer des analyses médico-légales sur les téléphones de plus d’une douzaine de ces journalistes – et 67 téléphones au total – révélant des infections réussies grâce à une faille de sécurité dans les iPhones aussi récemment », lit-on dans l’enquête de Forbidden Stories. Une enquête que NSO Group s’est contenté de dénoncer, criant à des « théories non fondées ».
Souleyman Tobias
(Source : CIO Mag, 19 juillet 2021)
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