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PayDunya, la fintech qui ambitionne de devenir le prochain Paypal africain

mardi 25 août 2020

Alors que le m-paiement reste dominé par les acteurs anglophones, PayDunya, la fintech sénégalaise entend bien s’imposer sur le marché ouest-africain, avant de conquérir le reste du continent. Inclusivité et sécurité sont les maîtres-mots de la startup qui multiplie les solutions digitales adaptées à un écosystème local singulièrement sous-bancarisé.

« Notre plateforme PayDunya est destinée à renforcer l’écosystème numérique africain à travers l’accompagnement de la transformation digitale des entreprises, qu’elles soient formelles ou informelles, et des institutions financières » déclare Aziz Yerima, CEO et co-fondateur de PayDunya. Lancée en 2015 par Youma Fall (Sénégal), Christian Palouki (Togo) et Honoré Hounwanou (Côte d’Ivoire) et Aziz Yerima (Bénin), l’idée de créer cette fintech est née sur les bancs de l’université.

« En 2013, j’ai participé à aider un GIE de femmes à Pikine, dans le cadre d’une association estudiantine. Nous leur avons conçu un site Internet, mais nous n’étions pas en mesure de payer l’hébergement du site, car nous n’avions pas de carte bancaire (...) Nous avons ensuite cherché à intégrer Paypal sur le site pour les clients de la diaspora, mais là encore, nous avons été confrontés à un mur, car nous n’avions pas de compte bancaire dans un pays occidental. A ce moment-là, j’ai réalisé à quel point nous étions exclus des services financiers de paiement en ligne » explique rétrospectivement Aziz Yerima. « Pourtant, même ma grand-mère possède un téléphone portable donc aujourd’hui n’importe quel Africain peut accéder au e-paiement », poursuit-il.

L’aventure « PayDunya » (« Pay » comme paiement en anglais et « Dunya » comme monde en langue arabe) n’aura pas été une sinécure, tant au niveau des partenariats avec les banques, les opérateurs de mobile money et de transfert d’argent, qu’au niveau des entreprises qu’il a fallu convaincre du bien-fondé de cette migration numérique. Par ailleurs, la startup a également dû composer avec des ressources humaines encore trop rares en matière de fintech, sur le continent. Néanmoins 5 ans plus tard, les résultats sont là. « Nous avons 600 entreprises clientes actives. Pour l’année 2020, nous atteignons une moyenne de 50.000 transactions par jour avec des pics à 65.000 transactions » se félicite le jeune entrepreneur. La fintech emploie 54 collaborateurs d’une dizaine de nationalités et a enregistré un chiffre d’affaires de 2,5M€ en 2019.

Des garanties de sécurité multiples

Selon une étude réalisée par PayDunya réalisée à la veille de la crise de la COVID-19 en Côte d’Ivoire et au Sénégal, malgré les solutions alternatives aux faibles taux de bancarisation au niveau régional, près de 47% des personnes interrogées restent réticentes aux moyens de paiement digitaux. « En Afrique, lorsque l’on parle d’Internet, on pense instantanément au phénomène des brouteurs [escrocs 2.0, ndlr] et des arnaques sur mobile money. Cela suscite quelques inquiétudes » explique Aziz Yerima.

Une étude publiée en début d’année par DataProtect au Maroc, a révélé que les banques subsahariennes étaient particulièrement vulnérables aux cyberattaques, estimant le coût de la cybercriminalité à 3,5 milliards d’euros en Afrique (528 milliards d’euros dans le monde). Sur les 148 banques interrogées dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ainsi qu’en Afrique centrale (le Gabon, la Congo et la RDC), plus de 85% déclarent avoir déjà été victimes de cyberattaques dont des fraudes à la carte bancaire et de hameçonnage (dans 30% des cas environ).

Afin de convaincre le plus grand nombre d’utilisateurs, la startup a mis l’accent sur la sécurité, via son programme PayDunyaSecure pour l’ensemble des opérations. Parmi les protocoles de sécurité mis en avant par la société, Tokenisation, Time Out, OTP (One Time Password), All Or Nothing, clés API, Checksum, PayDunya PAL, sont autant de mesures prises par l’entreprise, pour rassurer les clients inquiets et convaincre les prospects. « Nous devrions obtenir la norme la plus élevée en terme de sécurisation des transactions financières, le PCI DSS (Payment Card Industry Data Security Standard) d’ici novembre prochain » souligne par ailleurs Aziz Yerima.

PayDunya : un Paypal pour l’Afrique ?

« Paypal a peut-être été créé par un Africain, mais pas pour le marché africain » (Elon Musk, né en Afrique du Sud), explique Aziz Yerima qui voit là, un créneau à prendre. « Notre ambition est panafricaine et nous devons créer notre propre modèle », explique-t-il. « A l’origine, nous nous sommes inspirés de Paypal (...) Nous avons commencé avec le mobile money avant de lancer des services de paiement par cartes bancaires. Nous avons ensuite développé des moyens de paiement physiques grâce à un réseau de boutiques partenaires. Au fur et à mesure, nous enrichissons notre gamme de solutions ».

A ce jour, nous proposons des services Webpay (réception de paiement sur le site Internet), Mobpay (réception des paiements sur application mobile), DmP (envoi de factures par email ou SMS), Collect (collecte de paiement de manière récurrente et automatisée par mails et SMS) et Push qui permet de payer des milliers de personnes en 1 clic sur leurs comptes de mobile money, leurs comptes bancaires ou en cash. Récemment, avec Social Shop, les entreprises clientes peuvent créer leur e-boutique sur les réseaux sociaux, en 5 minutes.

« Il n’y a pas de grands groupes internationaux de type Paypal en Afrique, car sur un continent où le taux de bancarisation environne 10%, le marché africain reste très limité » analyse Aziz Yerima. La situation évolue néanmoins depuis 5 ans, sans pour autant « avoir atteint cette économie d’échelle qui rendrait l’Afrique attractive pour ces grands acteurs », ajoute-t-il. Avec un taux de pénétration du e-commerce de 2% à 3% en moyenne sur le continent (15% à 18% en Asie), le secteur offre pourtant de belles perspectives.

« Nous devons créer notre propre modèle, à l’instar de ce qu’il s’est passé en Chine. Social Shop - notre solution clic and pay - fait partie des solutions africaines que nous proposons. Nous développons également le « offline to online » à travers notre réseau de boutiquiers partenaires » ajoute Aziz Yerima, précisant que « tout est gratuit chez nous. Nous nous rémunérons uniquement s’il y a une transaction succès à laquelle nous appliquons un pourcentage, un peu comme Paypal. Nous prélevons entre 1.5% à 3% ». Pour chaque client, PayDunya propose un accompagnement adapté ainsi qu’un plan de développement précis.

Parmi ses succès, la fintech compte l’accompagnement de Fabellashop, l’un des sites leaders de cosmétiques au Sénégal. Présente en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Sénégal, la startup arrivera au Mali et au Burkina Faso d’ici la fin de l’année. Enfin, en dépit du contexte sanitaire qui est venu perturber les prospectives de développement de PayDunya, la startup ambitionne d’être présente dans une vingtaine de pays à moyen terme, y compris dans les régions anglophones de l’Afrique.

Marie-France Réveillard

(Souirce : La Tribuen Afrique, 25 août 2020)

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