Introduction
A la publication d’une contribution intitulée « 4ème opérateur de téléphonie : et si c’était une occasion pour réformer le secteur des télécommunications ? [1] » en juillet 2013, je fus apostrophé de la façon suivante : « les propositions que vous formulez permettent-elles de résoudre les problèmes d’emplois que nous connaissons, dans notre pays, depuis maintenant bien longtemps ? ». Cette question toute simple m’a permis de comprendre que les débats techniques, sans doute très utiles, peuvent être éloignés des préoccupations des décideurs, voire même incompréhensibles. Ensuite, lorsque nous traitons nos problématiques techniques, nous devons toujours garder à l’esprit les urgences de l’heure, à savoir la croissance, l’emploi, et le développement.
La problématique visée est complexe. En effet, l’emploi est, depuis maintenant au moins deux décennies, une préoccupation majeure au Sénégal et toute réforme, y compris dans le secteur des télécommunications, doit avoir comme toile de fond la résolution de la question de l’emploi.
En vérité, sans le savoir, mon interlocuteur venait de me souffler le thème de ma réflexion : Quelle peut-être la contribution du secteur des télécommunications dans la résolution du problème d’emploi au Sénégal, en particulier l’emploi des jeunes ?
La réponse que nous tentons d’apporter à cette question tourne autour de deux parties : en premier lieu, nous essayons de faire le point sur les objectifs d’emplois poursuivis à travers les différentes politiques de développement du secteur des télécommunications ainsi que les résultats obtenus. Ensuite, nous tentons de décliner quelques pistes de réponse comme contribution possible du secteur en réponse à la cruciale et structurelle question de l’emploi au Sénégal.
1. Situation de l’emploi dans le secteur des télécommunications
Secteur d’activité parmi les plus dynamiques de la vie économique du pays, donc fortement contributeur à la création de richesse nationale, les attentes en matière d’emploi dans les télécommunications sont, sans doute, importantes et légitimes. Il est vrai que depuis l’ouverture du secteur à la concurrence dans le milieu des années 90, les objectifs de création d’emplois directs et indirects ont toujours figuré en bonne place dans les différents documents officiels. Près de vingt ans après les premières mesures de libéralisation du secteur des télécommunications, quel bilan peut-on tirer en matière d’emploi ?
1.1.Politique d’emploi dans les télécommunications : objectifs, bilan et enseignements
Déjà en 1996, l’ouverture du secteur à la concurrence et la libéralisation de certains segments du marché des télécommunications se sont accompagnées de la volonté de promouvoir la création d’emploi. En effet, dans la « Déclaration de politique de développement du secteur des télécommunications sénégalaises » de mars 1996, le gouvernement s’était fixé comme objectif de « porter la contribution du secteur au PIB de 2,4% à 3,5% avec la création d’emplois et de richesse grâce au développement d’initiatives privées ». Cette volonté politique sera réaffirmée, à plusieurs reprises ces dernières années, en 2001, 2005 et 2006, à travers respectivement, le Code des télécommunications, la lettre de politique sectorielle (LPS) et la stratégie de croissance accélérée (SCA).
Concernant le Code des télécommunications, dans les principes généraux, à l’article 3, il est mentionné que « la réorganisation du secteur des télécommunications se fixe comme objectifs (…) de favoriser la création d’emplois directement ou indirectement liée au secteur ».
S’agissant de la LPS, parmi les principaux objectifs de la stratégie des télécommunications du gouvernement figurent la promotion des télécommunications comme secteur essentiel pour le développement d’une économie compétitive et ouverte, …, par notamment le développement des ressources humaines par la formation et la création de nouveaux emplois. Enfin, en 2006, dans le cadre de la stratégie de croissance accélérée (SCA), « l’objectif principal retenu est de faire des activités TIC et téléservices le moteur de l’économie sénégalaise grâce à leur dynamisme et compétitivité, notamment par la formation de 10.000 spécialistes dans les TIC et téléservices, et la création d’activités devant faire passer la contribution du secteur à 15% et générer au moins 240.000 emplois d’ici 2015 ».
Récemment encore, en 2011, le nouveau Code des télécommunications fixe à l’Autorité de régulation sectorielle (ARTP) l’objectif de « favoriser la création d’emplois directement ou indirectement liés aux secteurs régulés ». Cette volonté politique clairement exprimée s’est-elle accompagnée d’actes concrets militant en faveur de la création d’emplois dans le secteur ? Quel est le bilan de ces politiques à l’entame d’une nouvelle étape dans la libéralisation du secteur des télécommunications ? Enfin, quels sont les éléments justificatifs de ce bilan ?
1.2.Etat des lieux
Pour décrire la situation en matière d’emplois dans le secteur des télécommunications, nous allons considérer, pour des raisons pratiques, deux périodes : 1996-2004 – 2004 marquant l’ouverture totale du secteur à la concurrence - puis 2004-2012. En effet, à l’ouverture totale du secteur à la libéralisation, en 2004, un diagnostic du secteur a été posé, notamment en termes de création d’emplois conformément aux objectifs déclinés dans le code des télécommunications et la Déclaration de politique de développement du secteur de 1996. C’est ainsi que dans la LPS [2], il est mentionné que : « l’évaluation du secteur permet de constater (…) la création de plus de 22.000 emplois indirects par le biais des télécentres privés, cybercafés, et distributeurs de cartes ». A ces emplois, s’ajoutent ceux directement créés par les opérateurs de réseaux et fournisseurs de services qui tournent autour de 1.800 [3] personnes. Le constat que l’on peut faire, après cette réforme est que les emplois directs sont faibles et les emplois indirects sont précaires, faiblement rémunérés et gravitent autour des activités du binôme télécentres/cybercafés.
En 2012, à la fin de la seconde période, le nombre de salariés des opérateurs s’élève à 2.600 personnes. Ce nombre a lentement et progressivement augmenté ces cinq dernières années au taux moyen annuel de 4,6%. Cependant, au cours de cette période, aucun bilan officiel en termes de création d’emplois indirects n’a été réalisé.
Toutefois, à partir de 2006, le nombre de télécentres/cybercafés a continuellement chuté, pour quasiment disparaitre aujourd’hui du paysage des télécommunications.
Il va s’en dire que la fermeture des télécentres, au-delà rendre difficile l’accessibilité de services numériques dans les localités, en particulier rurales, s’est également accompagnée de pertes d’emplois. Il est vrai que, pour résoudre le problème de la disponibilité des recharges téléphoniques, un « nouvelle forme d’activité » a vu le jour, surtout dans les rues de la capitale, consistant à la vente à la sauvette de produits de la téléphonie (puces et cartes de recharge). Activité illicite, désorganisée et gérée de manière informelle.
En résumé, force est de constater que, les ambitieux objectifs d’emplois déclinés dans les différentes politiques du secteur n’ont jusque-là pas encore été suivis d’actions concrètes visant la création d’emplois à la hauteur des attentes légitimes. Dans ces conditions, le constat unanimement établi est qu’en dépit des résultats financiers importants, le secteur des télécommunications a, jusqu’ici, créé peu d’emplois directs. En revanche, les emplois indirects, difficilement chiffrables, tournent aujourd’hui, pour l’essentiel, autour d’activités à emplois précaires, faiblement rémunérés et souvent en marge de la légalité.
1.3.Justificatifs de la situation
Comme précisé, la volonté de mener une politique d’emploi dans le secteur des télécommunications a toujours été exprimée dans les documents de politique sectorielle. Cependant, de manière opérationnelle, aucune stratégie, n’a été déployée pour traduire cette volonté en actes concrets, favorisant la création d’emplois. Les cinq éléments suivants permettent de comprendre aisément que l’ambition politique de créer des emplois massifs ne s’est pas traduite dans les faits :
1. le cahier des charges des opérateurs fait l’impasse sur la création d’emplois. En effet, aucune disposition des cahiers des charges ne contraint les opérateurs – qui créent presque exclusivement toute la richesse du secteur des télécommunications – à avoir en toile de fond l’objectif de créer des emplois dans le déploiement de leurs activités ;
2. dans la mise en oeuvre des politiques de développement du secteur, les priorités portent essentiellement sur les aspects financiers (ticket d’entrée pour les opérateurs, taxes, redevances, fonds, etc…) au détriment des autres aspects (pluralité d’acteurs, promotion de PME locales, innovation, développement des infrastructures, etc…) beaucoup plus porteurs d’emplois ;
3. des opérateurs de télécommunications sous-traitent certaines de leurs activités phares (gestion du réseau, gestion de la relation-clientèle, gestion de la distribution des produits), parfois même à des sociétés étrangères au détriment de l’expertise locale, alors que beaucoup d’emplois décents et correctement rémunérés auraient pu être créés ;
4. les déclarations d’intention ne sont suivies d’aucune stratégie soutenue de formation adaptée aux besoins réels du secteur ;
5. enfin, last but not least, aucune stratégie de promotion d’emploi corrélée aux différentes politiques de développement du secteur n’est déployée pour atteindre les objectifs visés. Ainsi, au moment d’amorcer une nouvelle étape de l’ouverture du secteur à la concurrence, la création d’emplois devrait être l’une des priorités si ce n’est la priorité pour les prochaines années. En effet, toute nouvelle politique sectorielle, toute intervention dans le secteur devrait avoir pour corollaire, entre autres objectifs, l’érection de nouvelles entreprises, la hausse de la valeur ajoutée du secteur et la création substantielle d’emplois viables et correctement rémunérés. Aussi, sans revenir sur les réformes proposées dans ma précédente contribution, je m’efforcerai, à travers ce qui suit, de présenter trois axes de réflexion qui peuvent fortement contribuer à la création d’emplois et donc, participer à la prise en charge de la lancinante question du chômage au Sénégal.
2. Politique d’emploi dans les télécommunications
D’emblée, nous tenons à lever toute équivoque qui a tendance, lorsque l’on a une lecture manichéenne des choses, à considérer la technologie comme une source de destruction d’emploi. En vérité, contrairement aux idées reçues, outre le fait de moderniser les secteurs d’activités, la technologie est aujourd’hui reconnue comme étant d’un apport inestimable dans la création d’emplois dans un monde de plus en plus globalisé.
Ainsi, dans l’optique d’assurer au secteur des télécommunications une nouvelle dynamique de développement, cette fois-ci porteuse d’emplois, les réformes proposées portent sur le cadre juridique, le haut débit et le service universel.
2.1.Réviser le cadre juridique : libérer les énergies et promouvoir une industrie locale forte
De l’ouverture du secteur des télécommunications à la concurrence à nos jours, la stratégie de développement a toujours reposé sur l’octroi de concession aux grands opérateurs de réseaux et de façon exclusive sur leurs activités pour créer des emplois. Il est vrai qu’avec cette option, beaucoup de richesse a été créée, une certaine redistribution de cette même richesse assurée. L’emploi lui, n’a pas été au rendez-vous. La promotion d’une expertise et d’une industrie, celles-ci locales, non plus. Il est vrai que les acteurs locaux ont, de tout temps, tenté de déployer des activités conformes à leurs ambitions dans le secteur. Le cadre juridique, associé à une certaine faiblesse dans l’encadrement des activités des opérateurs titulaires de réseaux les a empêchés de parvenir à leurs fins. Réviser le cadre juridique est donc un passage obligé pour promouvoir et développer une véritable industrie locale et faire de l’emploi un objectif prioritaire. Deux propositions me semblent importantes pour atteindre cette ambition :
1. la refonte des régimes juridiques pour apporter souplesse et adaptabilité et mieux prendre en compte la réalité du secteur et l’évolution technologique. L’encadrement archaïque des activités de télécommunications, en particulier le régime de la licence – en décalage total avec le contexte actuel des télécommunications - obstrue les conditions d’émergence de nouveaux acteurs, en particulier locaux et réserve exclusivement aux trois opérateurs de réseaux, et à elles seules, la possibilité d’utiliser les technologies nouvelles, de disposer des ressources spectrales et de bâtir une infrastructure même réduite à simple expression. Ouvrir ces possibilités aux autres acteurs permettrait, au-delà du renforcement de la concurrence sur divers segments notamment Internet, les services aux entreprises, les services entre opérateurs, etc…, l’entrée de nombreuses entreprises sénégalaises et leur participation dans la conduite des activités du secteur et la création de milliers d’emplois. Au-delà des importantes retombées en termes de création de richesses et d’emplois, les PME sénégalaises pourront apporter un dynamisme nouveau dans le secteur, dynamisme caractérisé par l’innovation dans les offres et les produits, le renforcement de l’expertise locale, les jalons de la mise en place d’une économie numérique au Sénégal ;
2. la création d’un nouveau statut pour accueillir de véritables fournisseurs d’accès Internet (FAI) - dont le régime juridique applicable devra être différent que celui qui leur est jusque-là appliqué, celui de la déclaration – modifier les règles de gestion des fréquences de sorte à pouvoir leur assigner directement des ressources, les autoriser à avoir directement accès aux capacités internationales et leur permettre de déployer une infrastructure propre en contrepartie d’obligations (ticket d’entrée, déploiement d’une infrastructure minimale, contribution au service universel, etc..). Cette batterie de mesure permettra l’entrée sur le marché de FAI de type nouveau et modifiera substantiellement Internet, les prix associés et boostera abonnements et utilisation de cet outil. La mise en oeuvre de ces deux mesures fera nettement baisser les barrières à l’entrée et permettra à de nombreuses PME de déployer des services innovants dans le secteur en parfaite indépendance des grands opérateurs. Il va s’en dire que les retombées en matière de création de dizaines d’entreprises, de milliers d’emplois, d’innovation, de transfert de technologie permettra par la même occasion la promotion d’une véritable industrie locale qui sera plus tard exportatrice de biens et services numériques dans l’espace communautaire ouest-africain, voire en Afrique.
2.2.Engager la bataille du haut et très haut débit : une problématique assimilable à une « politique de grands travaux » propre au secteur des télécommunications
Il est aujourd’hui admis et démontré qu’il existe un lien direct entre le haut débit (HD) et la croissance économique. Dans le rapport « Informations et communications pour le développement » [4] en 2009, la Banque Mondiale révèle qu’une hausse de 10 points du taux de pénétration du haut débit génère de 1,21 (pour les pays développés) à 1,38 points (pays en développement) de croissance du PIB par tête et par an. Aux Etats-Unis, 1 point de taux de pénétration du HD équivaut à 0,2 à 0,3 point de croissance de l’emploi [5] et l’augmentation du PIB qu’il génère représente 10 fois le coût de l’investissement dans le HD. Un nombre croissant d’études soutient cette position : le HD, comme le chemin de fer et l’électricité au XIXème siècle, constitue l’un des moteurs de la croissance et de l’emploi au XXIème siècle. A la différence de ces facteurs historiques de développement, le HD est également un véritable enjeu de société notamment via l’émergence d’un nouveau modèle de croissance durable. Ces résultats, présentés ci-dessus, sont particulièrement significatifs dans notre contexte, eu égard au caractère notoire des problèmes de croissance et d’emploi que nous connaissons. Il appartient au Sénégal d’élaborer une stratégie de développement du HD, d’assurer son financement et de l’adopter au plus haut niveau des autorités afin de garantir sa mise en oeuvre. A l’instar des nombreux pays, développés comme en développement, qui se sont engagés dans cette voie, le déploiement d’une stratégie HD engendrera beaucoup d’activités génératrices de revenus et d’emplois dans le secteur des télécommunications et par effets induits dans les autres secteurs de la vie nationale au vu de son caractère transversal. En effet, au-delà des effets directs, le HD nécessitera main d’oeuvre et sous-traitance, aménagement numérique du territoire. C’est en cela que la mise en oeuvre d’une stratégie HD est assimilable à une politique de « grands travaux ».
2.3.Mettre en oeuvre le service universel : le chemin d’une véritable économie rurale et solidaire
Dans le domaine des télécommunications, le service universel - qui peut se définir de façon simple comme la mise à disposition de tous les citoyens, quel que soit leur situation géographique, d’un service numérique – a une dimension particulière. Contrairement à d’autres secteurs d’activités économiques où le concept est également mis en oeuvre (électricité, gaz, eau, poste, etc…), dans les télécommunications, le service universel, au-delà de son aspect social, recouvre une dimension économique très importante. En effet, le concept ne se résume pas uniquement à assurer, à des conditions subventionnées, l’accès aux réseaux et services aux populations démunies. Il renferme une dimension économique qui consiste à stimuler le développement économique, par le biais d’investissements dans des projets à caractère numérique soutenus à partir du Fonds de service universel [6]. En vérité, ce Fonds est un instrument dont la mise en oeuvre, s’il est utilisé à bon escient, peut servir conjointement au renforcement de la compétitivité des PME focalisées sur les services à valeur ajoutée, au soutien à la croissance de secteurs clés par l’utilisation des télécommunications ou de l’informatique et à la création d’un ensemble d’e-services publics de référence par le canal d’une assistance à des initiatives privées, pour fournir des services à valeur ajoutée générateurs de développement économique. Compte tenu des difficultés que connait le Sénégal, le fonds peut soutenir, en priorité, sous forme de subventions, prêts ou autres prises de participation, les projets ayant un impact majeur sur l’emploi et sur les problèmes sociaux difficiles en milieu rural. La finalité des activités à caractère économique du service universel consiste à la mise en place d’une économie rurale et solidaire, créatrice d’emplois, pourvoyeuse d’activités rentables pour des populations autochtones guettées de plus en plus par un exode rural dont les fâcheuses conséquences sont bien connues.
Ousmane Ndiaye, Cadre en activité dans les télécommunications
ndiaye_ous@hotmail.com
Tél : 70 637 05 17
[1] Article paru en deux parties dans le journal « Sud Quotidien » du 17 et 18 juillet 2013.
[2] Lettre de Politique Sectorielle 2004-2008 publiée en janvier 2005 par le gouvernement du Sénégal.
[3] Ce champ couvre uniquement les opérateurs et non l’ensemble du secteur économique des télécommunications. Il exclut en particulier les distributeurs, les entreprises prestataires de services (centres d’appels, sociétés d’études, …).
[5] The effects of Broadband Deployment on output and employment. Brookings Institution, July 2007
[6] Il existe déjà un fonds destiné au développement de l’accès/service universel et au financement des charges de tout service public utile au développement des services de télécommunications, des TIC ainsi que des services publics de l’énergie et de l’audiovisuel. Sa gestion est confiée à un comité. Article 90 du Code des télécommunications.
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000