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Mossadeck Bally : « La digitalisation du secteur du tourisme est un enjeu crucial »

mercredi 19 juillet 2017

Mossadeck Bally est à n’en pas douter un pionnier dans son domaine. Le jour où il a décidé d’investir dans le secteur de l’hôtellerie en Afrique de l’Ouest, beaucoup s’étaient montrés réticents à son idée. Vingt ans plus tard, son groupe Azalaï s’est imposé comme un des leaders du secteur dans la sous-région. Mais ce Malien natif de Niamey ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Dans cet entretien exclusif accordé à « La Tribune Afrique », Mossadeck Bally revient sur les principaux enjeux et défis d’un secteur aussi exigeant que prometteur pour tout le continent.

La Tribune AFRIQUE - Comment en êtes-vous venu à vous intéresser au secteur touristique et plus précisément l’hôtellerie ?

Mossadeck Bally - En fait, c’est un pur hasard. Issu d’une famille de commerçants, j’ai rejoint l’entreprise familiale après mon baccalauréat en France et un diplôme en finance à San Francisco. Nous importions des denrées alimentaires et nous étions parmi les leaders de l’Afrique de l’Ouest. J’ai beaucoup appris durant cette période auprès de mon père qui était un très grand chef d’entreprise et un grand négociant. Il m’a transmis son savoir-faire.

Cependant au fil du temps, j’ai commencé à ressentir le besoin d’apporter une vraie valeur ajoutée. J’ai cherché à diversifier mes activités. J’ai pensé au départ à une usine de jus de mangue au Mali. Puis des amis, notamment des fournisseurs, m’ont suggéré de regarder du côté du secteur de l’hôtellerie, parce que rien n’y était encore fait. J’ai alors profité d’un appel d’offres de l’Etat malien concernant la privatisation des deux plus grands hôtels de Bamako en 1993. J’ai créé à ce moment-là ma propre société et je me suis porté candidat pour acheter le Grand Hôtel. Grâce à un prêt de la SFI (la branche de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, NDLR), nous avons pu rénover l’hôtel et acheter notre second terrain pour la construction d’un deuxième hôtel, qui a vu le jour en 2000. Il s’agit de l’actuel Hôtel Salam.

En 2004, nous avons participé à un autre appel d’offres au Burkina, où nous avons repris l’Hôtel de l’Indépendance, puis en 2007 l’Hôtel du 24 septembre en Guinée Bissau, puis en 2008 l’Hôtel de la Plage au Bénin. Aujourd’hui, nous comptons aussi à notre actif, l’Hôtel Marhaba à Nouakchott ouvert en 2016 et notre dernier né en mars 2017, Azalaï Hôtel Abidjan.

Quels sont les défis et les écueils auxquels vous avez dû faire face avant de vous imposer comme l’un des leaders du secteur de l’hôtellerie en Afrique de l’Ouest ?

Nous avons bien sûr dû faire face à plusieurs défis, notamment la levée de fonds tout au début, puis la création et la gestion rigoureuse d’une chaîne hôtelière, l’emploi de ressources humaines de qualité, la concurrence des grandes chaînes internationales, l’instabilité politique dans la sous-région, les défis technologiques, linguistiques pour les pays non francophones, et monétaires pour les pays hors de la zone de l’UEMOA.

Vous avez inauguré, il y a quelques semaines, un nouvel hôtel à Abidjan. Que représente le marché ivoirien pour votre groupe ? Et quels sont les marchés qui vous intéressent le plus et qui sont susceptibles d’accueillir vos prochaines ouvertures ?

Investir en Côte d’Ivoire, locomotive de l’espace ouest-africain, est un privilège, et toute entreprise visionnaire ne devrait pas hésiter à venir dans ce pays. C’est le plus grand établissement jamais construit par nous. Cet hôtel de 4 étoiles nous aura coûté 24,2 milliards de Fcfa, soit 36,6 millions d’euros d’investissement et a notamment bénéficié de l’appui de la BOAD, de la SFI et de trois banques commerciales ivoiriennes : la BOA, la NSIA et Banque Atlantique. L’ouvrage de 14 étages et de 200 chambres contribue à donner un contenu visible, palpable, réaliste et futuriste à l’émergence de la Côte d’Ivoire.

Abidjan est aujourd’hui l’Eldorado pour tout investisseur et il y a de la place pour tout le monde. Nous avons fait le choix de la commune de Marcory, après des études d’une structure spécialisée basée à Londres, car elle présente tous les atouts pour le type d’activité que nous initions en Côte d’Ivoire. Elle est à 10 minutes de l’aéroport, à 10 minutes du port et à 10 minutes du centre-ville, le Plateau. Et la qualité de vie s’y trouve.

Les prochaines ouvertures sont prévues à Dakar au Sénégal, à Niamey au Niger et à Conakry en Guinée. Nous sommes également en prospection à Lomé au Togo et dans l’espace anglophone à Lagos au Nigeria, à Accra au Ghana, à Monrovia au Liberia et à Freetown en Sierra Léone.

Au Mali, l’instabilité politique et le terrorisme ont dû fortement impacter votre activité. Quelle est votre stratégie pour faire face à ces fléaux ?

En 2012, les activités hôtelières ont régressé à cause de la crise qu’a connue le Mali. Nous avons été obligés de fermer deux de nos unités de Bamako pendant près de six mois. Il y a eu ensuite une courte période de reprise en 2014, puis nous avons souffert des attaques terroristes de 2015 qui continuent de marquer les esprits. Les attaques terroristes ont certes eu un impact négatif sur notre secteur d’activité, mais nous restons confiants pour l’avenir.

Suite aux différentes attaques, nous avons dû rehausser le niveau de sécurité de nos établissements aussi bien sur le Mali que pour l’ensemble de nos unités. Nous avons mis en place un comité de sécurité et de gestion de crise et des responsables sécurité sur nos unités qui déroulent le plan d’action sécuritaire du groupe, recrutent et forment les ressources humaines et mettent en place les équipements nécessaires. Nous prenons également en compte l’aspect sécuritaire dans nos projets de construction.

Le fléau terroriste menace désormais la région du Sahel dans son ensemble. Est-ce que cela influe sur vos objectifs de développement dans les pays de la sous-région ?

Nous le savons, le fléau du terrorisme est un phénomène mondial qui touche aujourd’hui la planète entière, y compris les plus grandes puissances en Occident. Nous savons aussi que les touristes deviennent de plus en plus résilients, surtout ceux qui voyagent pour les affaires. Il faudrait ainsi rester confiant et mettre en place les mesures de sécurité qui s’imposent pour satisfaire au mieux cette clientèle devenue plus exigeante dans ce domaine. Nous continuons donc à dérouler notre programme de développement.

Cette donne vous pousse-t-elle à lorgner d’autres régions du continent ? Autrement dit, l’ouverture de nouvelles structures du groupe en Afrique de l’Est est-elle envisageable par exemple ?

Nous avons l’ambition d’être présents dans tous les pays de l’UEMOA, dans un premier temps, puis de la CEDEAO. Cependant, notre équipe de projets et de développement est actuellement en pleine étude pour d’éventuelles ouvertures dans des pays de l’Afrique Centrale et de l’Est.

Quels sont à votre avis les principaux freins au développement du secteur touristique africain ? Et surtout comment devrait-on mettre à profit les atouts du continent pour en accroître l’attractivité ?

L’Afrique a la réputation d’un continent riche en ressources naturelles et socioculturelles qui, normalement, devraient lui permettre de se faire une place de choix dans le tourisme international. Cependant, le développement du secteur touristique est souvent freiné par le sous-développement économique dans bon nombre de pays, l’insuffisance des équipements et infrastructures, les difficultés liées à l’accessibilité au foncier et dans une moindre mesure, le coût du transport aérien dans la région, la rareté de l’électricité et son coût exorbitant et les tensions politiques. Sans mentionner le manque criant de ressources humaines qualifiées.

Le fait d’encourager les investisseurs dans le secteur, en levant les barrières liées à la création d’entreprises et à la taxation, de favoriser les initiatives locales et le micro-tourisme pour réduire l’exclusion, les inégalités et l’insécurité aidera certainement à booster la croissance du tourisme dans notre région.

Certains avancent que les plateformes collaboratives, comme Airbnb, peuvent aider à compenser l’insuffisance de la capacité litière sur le continent. Comment voyez-vous l’arrivée de ces nouveaux acteurs sur le marché ?

Certains hôteliers considèrent ces plateformes comme de la concurrence déloyale. Mais selon ma perception des choses, les hôteliers vont devoir améliorer de manière constante non seulement la qualité de leurs services et de leurs offres, mais aussi le niveau de sécurité pour survivre. Car en en réalité, ces plateformes ont connu un succès ces dernières années grâce aux problèmes d’insécurité entre autres, mais l’hôtellerie reste la valeur sûre.

Quelle place tiennent les nouvelles technologies au sein de votre groupe ?

L’une des clés de développement de notre groupe repose justement sur les nouvelles technologies. La digitalisation du secteur du tourisme est un enjeu crucial pour les acteurs de l’hébergement. Face aux nouveaux Big Tech et OTAs (Online Tourism Agency, NDLR), il est nécessaire de répondre aux attentes d’une clientèle toujours plus connectée et de la fidéliser, en lui apportant des services personnalisés (WiFi, IpTv,..., NDLR). Les nouvelles technologies nous permettent également d’optimiser les temps de réservation, les procédures de check-in/check-out, de réduire les formalités administratives et d’améliorer de manière générale l’expérience client. Elles permettent aussi d’optimiser la récolte de données de façon plus précise et structurée pour le suivi et la fidélisation de la clientèle.

Quels sont vos principaux projets pour les années, voire les mois à venir ?

Il s’agit des projets de développement et de construction que j’ai déjà évoqués, en plus du projet de création de nouvelles marques répondant à une demande actuelle de la clientèle, de la formation plus accrue de nos ressources humaines, grâce à la création d’écoles hôtelières d’application. Et surtout de renforcer nos actions sociales à l’endroit des communautés que nous côtoyons pour créer davantage d’emplois dans la sous-région et donc de la valeur ajoutée.

Propos recueillis par Aziz Saïdi

(Source : La Tribune Afrique, 19 juillet 2017)

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