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Monétique : « l’Afrique et l’échéance du 1er juillet 2008 »

jeudi 24 avril 2008

Durant deux jours, les 17 et 18 avril 2008, Marrakech a abrité la troisième édition de « Carte Afrique », événement organisé par le mensuel Economie & Entreprises et auquel Les Afriques était associé comme média partenaire.

Plus de 400 opérateurs du secteur venus du Maroc, de la Tunisie, de l’Afrique de l’Ouest et de la France ont débattu des horizons possibles du développement du paiement multicanal et de l’échéance du 1er juillet 2008, dernier délai pour le passage à la norme EMV. Pour expliquer les implications commerciales, techniques et juridiques du passage à ce nouveau système réputé quasiment inviolable, nous avons rencontré Papa Mbaye Dieye, Directeur Général du Centre de Traitement Monétique Interbancaire de l’UEMOA. Entretien.

Les Afriques : Comment est né le projet de convergence de la monétique dans la zone de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ?

Papa Mbaye Dieye : Nous avions au début fait un certain nombre de constats au niveau de l’UEMOA, une zone composée de 8 pays partageant une monnaie unique, une seule banque centrale, une même politique de crédit, des commissions identiques, une harmonisation des règles de droit et, en un mot, une zone intégrée. La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui a fait ces constats a proposé une réforme en trois volets pour dépasser les carences du système financier et bancaire et mettre en place les conditions du développement de la monétique. Le premier volet, qui partait du constat des difficultés rencontrées au niveau des opérations de masse (chèque) et des gros montants (transfert d’ordre systémique), préconisait la compensation automatique des chèques. Auparavant, les banques se réunissaient autour d’une table et faisaient le solde bilatéral. La compensation pouvait prendre plusieurs jours. Aujourd’hui, un nouveau système, le SICA (Système Interbancaire de Compensation Automatique) a révolutionné le chèque. La banque reçoit son solde débiteur et créditeur de manière automatique. Le deuxième volet voit le basculement des banques dans le système Star-UEMOA. Le troisième point aborde la lutte contre la circulation fiduciaire. Un volet important quand on sait que 95% des transactions enregistrées dans la région se font au moyen d’espèces. Autant donc développer un système mettant en place un instrument de paiement scriptural comme la carte. D’où la décision de la Banque centrale de lancer un outil de monétique régionale.

LA : Comment est-on parvenir à convaincre les banques qui avaient leur propre monétique à migrer vers le système unifié ?

PMD : Ce n’était pas évident au départ. Il y avait quelques banques, notamment les filiales des établissements français, qui avaient développé leur propre monétique. Mais il y avait plusieurs problèmes liés à l’utilisation de la carte. Place de l’Indépendance à Dakar, quand un porteur d’une carte de la banque CBAO retire de l’argent au guichet de la Société Générale, la transaction est traitée par Visa à partir de Londres avec des commissions de 6 euros... C’était devenu aberrant. On a constaté ensuite que de nombreux clients préféraient garder avec eux du cash à la maison plutôt que de faire confiance à la carte, en raison de nombreux désagréments. Compte tenu de tout cela, on s’est rendu compte que le frein se trouvait au niveau des mécanismes. C’est la raison pour laquelle la BCEAO a aidé le système bancaire à évoluer vers un système intégré.

LA : Côté technique, comment le système a été mis en place ?

PMD : Nous avons créé deux structures, la GIM-UEMOA, organe règlementaire et normatif. Il définit les règles, les protocoles et le mécanisme de commissionnement. Cette structure a été installée en 2003. Deux ans plus tard, en 2005, le bras technique, le CTMI-UEMOA que je dirige actuellement a vu le jour. La mission de cet organe est de développer l’interopérabilité. Avant, on avait une prédominance des systèmes privatifs.

LA : Comment conciliez-vous les niveaux de développements différents des banques de la zone ?

PMD : La difficulté vient ici du fait que toutes les institutions ne peuvent pas aller au même rythme. Il y a une meilleure réactivité avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire par rapport aux autres pays. Nous avons lancé une concertation régionale pour palier. Tous les produits seront harmonisés. Bientôt, les cartes qui seront émises arboreront le même logo.

LA : Quels sont les services que la monétique offre aux clients ?

PMD : La monétique créé une alternative aux opérations de guichet. La première fonction à développer est la fonction de retrait. A partir de là, le développement du paiement par carte va suivre, surtout si le réseau d’acceptance (commerçants) est important. Tout cela peut être accéléré avec la technologie puce qui permet à la même carte d’avoir plusieurs applications : programme fidélisation, porte-monnaie électronique, crédit revolving, assurance, etc. C’est ça l’avantage de la carte à puce. En plus de la précarité, la puce a un algorithme beaucoup plus développé. De plus elle comporte un code secret.

LA : Pensez-vous pouvoir certifier tous les GAB et les réseaux d’acceptation d’ici la date butoir du premier juillet ?

PMD : Au niveau des normes EMV, il a été déjà dit que le 1er janvier 2006 devait voir l’entrée en vigueur de la « liability Shift ». Autrement dit, en cas de fraude, c’est la partie acceptation qui supporte les conséquences. Au niveau de l’Afrique, et dans certaines parties du monde, ce délai a été prorogé au 1er juillet 2008. D’ici là, tous les équipements, les GAB et les TPE devront être aux normes des TPE. Dans la zone UEMOA, l’application de cette norme avait été freinée au départ, car certaines banques travaillaient avec d’autres cartes. Nous ne voulions pas les bousculer. Aussi, on a procédé par étapes, en basculant d’abord le parc des cartes bancaires existant dans l’interbancarité. Le basculement dans le système des cartes à puce devrait se faire progressivement lors du renouvellement des anciennes cartes... Remarquez que la migration des TPE et des autres GAB peut ne pas nécessiter le renouvellement global de l’équipement, mais un système de configuration. Le problème, là aussi, c’est que, compte tenu de certaines spécificités, cette configuration peut revenir parfois plus cher dans certains cas que l’acquisition d’un nouveau GAB ou TPE.

LA : Le réseau d’acceptation constitue l’un des maillons faibles de la monétique en Afrique de l’Ouest ; Comment comptez-vous y remédier ?

PMD : C’est vrai, le parc de GAB et de TPE n’est pas très large. Il y a certes des banques qui disposent des GAB. D’autres n’en jugent pas encore l’utilité ou n’ont pas les moyens. Je dirais qu’en moyenne on trouve un GAB actuellement tous les 10 à 20 km. Ce sont des distances énormes qui ne favorisent pas la liquidité des cartes monétiques.

LA : Qu’en est-il aujourd’hui des commissions sur les transactions en Afrique de l’Ouest ?

PMD : Au niveau régional, un mécanisme de commission domestique est adopté dans tout l’espace UEMOA. Les transactions effectuées entre ces pays sont considérées comme locales. La commission qui était de 6 euros passe à 1000 FCFA (2 euros environ). En outre, les banques, fédérées autour du système, bénéficient d’un pouvoir de négociation plus important auprès des fournisseurs, d’une centrale d’achats et d’une mutualisation des coûts. Nous arrivons à négocier à de bonnes conditions de prix. De plus, les transactions sont canalisées par un réseau VSAT sécurisé avec une bande passante suffisante. Nous n’y faisons passer que du flux monétique pour éviter d’éventuelles saturations.

LA : Comment avez-vous résolu le problème des compensations ?

PMD : Les solutions ont beaucoup évolué sur ce point. Aujourd’hui, toutes les transactions faites en FCFA doivent être compensées en FCFA le même jour. L’opérateur Visa continue quant à lui à compenser en dollar les transactions faites en FCFA. Vu le niveau actuel de la monnaie américaine, la perte liée au change est évidente.

LA : Pourquoi seule une partie des 100 banques de l’UEMOA ont adhéré à votre système ?

PMD : Sur les 74 banques qui ont adhéré à notre système, 14 sont entrées en production. L’objectif est d’arriver au nombre de 35 à la fin de l’année. Pour que la monétique se développe davantage, un coup de pouce serait nécessaire de la part des autorités qui peuvent encourager par exemple l’instauration des cartes salaires.

LA : A terme verra-t-on une fusion des systèmes monétiques entre l’UEMOA et la CEMAC ?

PMD : Ces deux régions présentent, il est vrai, de nombreuses similitudes. Nous avons la même monnaie mais les billets sont identifiés d’une autre manière, je pense que l’intégration devrait aller beaucoup plus loin et englober le Maghreb, le Kenya, le Malawi et l’Afrique du Sud. Avec un tel ensemble, l’Afrique aura sa propre carte unifiée, synonyme de moins de contraintes dans les opérations commerciales et les transactions en général. L’Europe des paiements est en train de se faire. L’Afrique ne doit pas rester à la traîne.

Propos recueillis par Adama Wade, Casablanca

(Source : Les Afriques, 24 avril 2008)

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