En ce mois de janvier 2019 où l’attention des sénégalais est principalement tournée vers les enjeux de l’élection présidentielle du 24 février, la révélation du site web français 01net comme quoi la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) avait livré des ordinateurs et des télécopieurs piégés par ses soins aux services de sécurité sénégalais est passée pratiquement inaperçue. Ceux qui s’y sont intéressés se classent globalement en deux camps, les blasés qui se sont montrés indifférents à cette nouvelle et les naïfs qui s’en sont offusqués. Pour les premiers, cette information n’en est pas une tant il est évident que notre pays fait l’objet d’une étroite surveillance de la part des services de renseignement des grandes puissances, et plus particulièrement de la France, à travers un dispositif complexe englobant la formation, le conseil, l’assistance technique, la fourniture d’équipements et l’échange de renseignements dans le cadre de la coopération sécuritaire. Les seconds, qui ont ressenti cette nouvelle comme une trahison de la pire espèce, ont oublié que la morale, au-delà des discours de circonstances, n’a pas vraiment sa place dans le champ des relations internationales. Le Général de Gaulle, paraphrasant une citation datant de 1848 de Lord Palmerston, Secrétaire d’État des Affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, l’avait clairement rappelé, pour ceux qui l’ignoraient où feignait de l’ignorer, que « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». D’une certaine manière, la posture des uns et des autres est compréhensible, mais il est surprenant, qu’en cette période où l’on devrait normalement discuter des grands enjeux nationaux et internationaux auxquels le Sénégal doit et devra faire face, personne ou presque, parmi les candidats à l’élection présidentielle comme parmi les analystes politiques, n’ait posé correctement et centralement la problématique de la souveraineté numérique. En effet, au regard de cette affaire, c’est bien la question de la souveraineté numérique, dans toute sa complexité, qui aurait dû être au centre des réflexions et des propositions d’actions même si ce n’est pas une préoccupation populaire. En la matière, comme d’en d’autres, la souveraineté doit d’abord passer par notre volonté de former les ressources humaines spécialisées dont nous avons besoin pour éviter de dépendre des formations « offertes » par les autres pays qui, à travers ce canal, sapent dès le départ les bases de celle-ci en formatant, influençant, contrôlant et finalement « les cœurs et les esprits » de ceux qui seront en charge de notre sécurité. La souveraineté, c’est également notre capacité à fabriquer, ne serait-ce qu’à assembler, les équipements sensibles dont nous avons besoin pour assurer notre sécurité plutôt que d’acheter clé en main des « boites noires » consciencieusement équipées de « backdoors » (portes dérobées) permettant aux pays « amis » qui nous les ont « gracieusement offerts » ou aux firmes qui nous les ont vendus d’accéder, à notre insu, à toutes les données générées, reçues, stockées ou transitant par ces dispositifs. La souveraineté, c’est aussi la nécessité de recourir aux logiciels libres et de sources ouvertes plutôt qu’aux logiciels propriétaires et de se doter parallèlement des capacités de produire les logiciels critiques dont nous avons besoin pour assurer notre sécurité et au-delà le fonctionnement de l’Etat. La souveraineté, c’est prendre avec le plus grand sérieux, et en toute indépendance, les questions relevant de la sécurité des systèmes d’information, plus particulièrement ceux mis en œuvre par l’Etat dans ses différentes composantes. La souveraineté, c’est apporter la plus grande attention au stockage et à la protection des données personnelles relatives aux citoyens sénégalais (carte nationale d’identité, passeport, permis de conduire, données médicales, contrôles aux frontières, etc.) comme au fonctionnement de l’Etat et de l’économie en se dotant d’un cloud souverain dans la gestion duquel la puissance publique est fortement impliquée. La souveraineté, c’est enfin de refuser que des installations critiques destinées aux ministères de souveraineté (affaires étrangères, intérieur, forces armées, économie et finances, justice) soient construites par des puissances étrangères qui se feront un plaisir de les doter de tous les dispositifs permettant d’en faire des maisons de verre pour leurs services de renseignement extérieur. De tout cela, il ressort qu’il est grand temps de s’intéresser sérieusement à la problématique de la souveraineté numérique si nous ne voulons pas être demain les victimes d’une colonisation numérique.
Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales
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